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"Les abonnements de ski dégriffés ne vont pas tuer le forfait journalier"

Le domaine skiable valaisan de Crans Montana affichait déjà de belles conditions de neige au début du mois de décembre. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Le domaine skiable valaisan de Crans Montana affichait déjà de belles conditions de neige au début du mois de décembre. - [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Les stations fondent beaucoup d'espoirs sur les abonnements de ski dégriffés, tels que le Magic Pass. Pour le consultant en tourisme alpin Laurent Vanat, ces offres alléchantes ne vont pas tuer le modèle du forfait journalier.

Il est possible de skier dans toutes les régions de Suisse depuis début décembre, et les prévisions d'enneigement offrent la promesse de vacances d'hiver sur les pistes.

Une bonne nouvelle pour les amateurs de sports d'hiver, notamment ceux qui se sont jetés sur les différents forfaits saisonniers à prix cassés, à l'instar du Magic Pass, qui donne accès à 25 domaines pour 379 francs. Après Saas Fee et son abonnement à 233 francs la saison dernière, nombreux sont les domaines qui se lancent dans la bataille des prix cassés.

>> Lire : Les Portes du Soleil veulent offrir un abonnement à prix réduit pour les jeunes et Dans la bataille des forfaits de ski, le domaine des 4 Vallées contre-attaque

Sommes-nous entrés dans l'ère du ski "low cost"? "Non, mais on casse un peu le business model qu'on avait jusqu'à maintenant, du forfait à la saison où il fallait venir skier vingt fois pour le rentabiliser. Très peu de gens l'achetaient encore", répond Laurent Vanat, consultant en tourisme alpin invité de La Matinale de la RTS vendredi.

On casse le business model qu'on avait jusqu'à maintenant, du forfait à la saison où il fallait venir skier vingt fois pour le rentabiliser.

Laurent Vanat, consultant en tourisme alpin

Pour lui, le lancement du Magic Pass est "un peu un laboratoire. Tout le monde attend de voir les résultats". "On devait trouver un autre moyen pour que les gens s'engagent pour la saison, que les conditions soient bonnes au mauvaises", ajoute-t-il.

"Le forfait journalier ne mourra pas"

Laurent Vanat assure pourtant que les abonnements dégriffés ne vont pas tuer le forfait à la journée, car ils ne sont disponibles qu'en quantité limitée et à acheter à l'avance. "Les gens qui décident d'aller skier maintenant vont payer le plein prix".

"Les forfaits saisonniers représentent au maximum 40% des revenus, même si ça peut représenter plus en termes de journées-skieurs (la visite journalière d'une personne venant pratiquer les sports d'hiver, indépendamment du tarif payé, ndlr). Cela signifie qu'il y a encore 60% des revenus qui proviennent des ventes de tickets pour un ou deux jours", souligne-t-il.

Un enjeu d'attractivité

Les exploitants des domaines skiables mettent beaucoup d'espoir sur ces forfaits, pour faire remonter la fréquentation des pistes helvétiques. "On est un des pays qui a le plus de journées-skieurs après les tout grands marchés que sont les Etats-Unis, la France et l'Autriche. Malheureusement, on a eu un peu de régression sur ces chiffres ces dernières années", explique Laurent Vanat.

En effet, la saison d'hiver 2016/2017 a totalisé 21,2 millions de journées-skieurs contre près de 30 millions en 2008/2009, selon le rapport sur la fréquentation des stations suisses dont le consultant en tourisme alpin est l'auteur.

Et pendant ce temps, le prix moyen du forfait à la journée sur les domaines skiables suisses a régulièrement augmenté.

Rentabilité atteinte

Le nouveau modèle semble avoir trouvé son public. Sur les 100'000 abonnements visés pour le Magic Pass, 85'000 ont été écoulés et le tarif promotionnel est épuisé: un sésame pour adulte coûte désormais 1299 francs. Mais en septembre, les administrateurs du forfait dégriffé annonçaient avoir atteint le seuil de rentabilité.

"Le but est que les journées-skieurs augmentent et que le chiffre d'affaires ne diminue pas, qu'il aille même vers la hausse", explique Laurent Vanat.

Le pari est en tout cas réussi pour la station de Saas Fee, qui avait annoncé en avril une hausse de son chiffre d'affaires de 20 à 25% grâce à son abonnement à prix réduit de 80%, avant même la fermeture des pistes.

Article web: Jessica Vial

Propos recueillis par Coralie Claude

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