Modifié

Quel bilan un an après l'introduction du taux plancher du franc face à l'euro?

Il y a un an, la BNS décidait de mettre en place un taux plancher de 1,20 CHF pour 1 EUR
Il y a un an, la BNS décidait de mettre en place un taux plancher de 1,20 CHF pour 1 EUR / 12h45 / 1 min. / le 6 septembre 2012
La Banque nationale suisse avait introduit un taux plancher de 1,20 franc pour un euro le 6 septembre 2011 dans le but de protéger l'économie suisse des risques d'une monnaie trop forte. Retour sur les effets de la mesure un an après.

Il y a un an, la Banque nationale suisse (BNS) prenait la décision d'introduire un taux plancher de 1,20 franc pour un euro. L'objectif était de soulager l'industrie d'exportation et le secteur du tourisme alors que le cours de l'euro ne cessait de s'effriter face à un franc suisse vigoureux. Une année plus tard, le bilan demeure mitigé.

INDUSTRIE DU TOURISME EN DIFFICULTE

Si l'industrie et le tourisme souffrent toujours malgré cette mesure contre la cherté du franc, Hans Hess, le président de Swissmem, faîtière de l'industrie suisse des machines, a toutefois reconnu le 22 août dans une interview de la RTS que "le taux plancher avait soulagé la branche".

Hans Hess s'inquiètait néanmoins de l'avenir avec des carnets de commandes dont les entrées ne cessent de diminuer. "Au premier semestre, le recul était de 11% par rapport à 2011, et la situation devient d'autant plus critique qu'aucune reprise ne se profile en Europe", estimait-il alors.

Récemment, l'industrie du tourisme a aussi annoncé des bilans annuels préoccupants. Le nombre de nuitées a ainsi baissé de près de 8% sur un an (La saison estivale a mal commencé pour les hôtels suisses). Ce même secteur a aussi annoncé que de nombreux emplois pourraient passer à la trappe en 2012 (L'hôtellerie suisse pourrait perdre 10'000 emplois cette année).

BAISSE DES PRIX

Parmi les effets positifs du taux plancher, la baisse du prix de certains produits n'aura pas manqué de satisfaire les consommateurs suisses. Le 19:30 de la RTS a par exemple révélé le 2 septembre que le prix des voitures était désormais moins élevé en Suisse qu'en France.

Il serait néanmoins exagéré d'évoquer une réelle baisse des prix, la plupart des tarifs pratiqués demeurant nettement surévalués sur le territoire helvétique. Le surveillant des prix à la Confédération signalait en effet le 31 août que "les distributeurs n'ont pas tous répercutés le cours". On apprenait aussi il y a peu que les consommateurs suisses ne profitaient pas vraiment de la situation.

RESERVES DE LA BNS

Pour parvenir à maintenir un taux de change plancher, l'institut d'émission a dû intervenir massivement. Témoins des interventions de la BNS, ses réserves en devises se chiffraient à fin juillet à 406,5 milliards de francs, soit le double par rapport à la même période de l'an passé.

Cette somme équivaut désormais à 70% du produit intérieur brut (PIB) de la Suisse et elle pourrait à terme atteindre le niveau de l'ensemble de la production helvétique, si la banque centrale poursuivait ses achats de monnaies étrangères.

A eux seuls, les placements en euros, pour la plupart des obligations d'Etats de la zone euro bénéficiant d'une solide notation, comme l'Allemagne, ont atteint plus de 200 milliards de francs.

Charles Wyplosz, économiste et professeur à l'Institut de hautes études internationales et de développement à Genève, soupesait dans une interview si la BNS sortirait "sans dommage" de la stratégie du taux plancher.

ACHAT ILLIMITE DE DEVISES

Après l'introduction du taux plancher le 6 septembre 2011, les réserves de la BNS ont moins augmenté en raison d'achats de devises que par l'appréciation de l'euro.

La formule selon laquelle la BNS se déclarait prête à acheter des devises de manière illimitée afin de préserver le taux plancher semble avoir été heureuse (voir l'interview de Bruno Jacquier, de la banque privée Edmond de Rothschild).

Un discours de fermeté qu'a constamment rappelé le nouveau président de la banque centrale, Thomas Jordan. Rien qu'en juin, la BNS a dû dépenser près de 60 milliards de francs pour maintenir le cour, rappelait l'émission Forum en juillet.

Juliette Galeazzi avec ats

Publié Modifié

Une mesure qui pourrait durer

Comme la BNS peut en principe acheter des devises de manière illimitée, le taux plancher ne semble pas près d'être levé, la BNS pouvant en principe acheter des devises de manière illimitée, constate Nannette Hechler Fayd'herb, économiste au Crédit Suisse.

Selon l'experte, la banque centrale dispose d'une marge de manoeuvre. Dans certains pays comme Singapour, Hong Kong ou Taïwan, les réserves monétaires représentent 80, voire 120% du PIB. Disposant du contrôle de la planche à billets, la banque nationale ne peut être à court d'argent.

De possible, cette mesure est qualifiée de nécessaire par le conseiller national UDC Jean-François Rime.

Toutefois, sa mission principale, à savoir assurer la stabilité des prix, impose à la BNS quelques limites. Si le niveau des prix devait par trop augmenter, la BNS devrait retirer des francs du circuit monétaire, ce qui renforcerait la monnaie helvétique.