Publié

La Suisse et la Grèce vont discuter d'un accord fiscal

MINISTREGREC [LOUISA GOULIAMAKI]
Le ministre grec des finances Evangélos Vénizélos est bien décidé à récupérer une partie de l'argent de ses concitoyens déposé dans des banques suisses. - [LOUISA GOULIAMAKI]
La Suisse et la Grèce vont nouer des discussions en vue d'une éventuelle entrée en négociation pour la conclusion d'un accord fiscal. Des responsables des deux pays doivent se rencontrer dans une dizaine de jours en Suisse. Mais rien de concret pour l'heure.

Athènes avait déjà manifesté cet été son intérêt pour une négociation d'un accord dans le but de lutter contre l'évasion fiscale pratiquée dans le pays. L'idée des Grecs consiste à reprendre le modèle des accords fiscaux signé tout récemment entre la Suisse et l'Allemagne et entre la Suisse et le Royaume-Uni.

Il doit effectivement y avoir des discussions, mais aucune entrée en négociation concrète n'est pour l'instant prévue, a-t-on indiqué vendredi auprès du Secrétariat d'Etat aux questions financières internationales (SFI). Contacté par l'ats, son porte-parole Mario Tuor n'a pas souhaité en dire davantage à ce stade.

Optimisme grec

Côté grec, l'on semble vouloir aller plus vite en besogne. Pour le ministre des finances Evangélos Vénizélos, Athènes serait déjà en négociation avec Berne, s'apprêtant à déléguer son secrétaire d'Etat aux finances Ilias Plaskovitis en Suisse pour une rencontre avec le Département fédéral des finances.

La Grèce entend de la sorte accroître ses efforts pour lutter contre l'évasion fiscale. La fuite des capitaux constitue pour Athènes un problème endémique, une pratique élevée quasiment au rang de sport national.

Le gouvernement socialiste grec veut pouvoir récupérer une partie de l'argent de ses concitoyens déposé dans des banques suisses, a expliqué Evangélos Vénizélos. Très optimiste, ce dernier a déclaré vendredi devant le Parlement à Athènes espérer qu'un accord soit trouvé très rapidement, parlant d'un délai en jours.

"Il faut que le Parlement soit prêt à accepter un tel accord comme l'ont fait l'Allemagne et le Royaume-Uni", a souligné le ministre des finances. Le gouvernement grec s'est lancé depuis plusieurs mois dans une lutte contre l'évasion fiscale, mais sans grand résultat jusqu'ici.

ats/pima

Publié

Dizaines de milliards en jeu

 "En 2009, la fuite des capitaux s'est élevée à 5,4 milliards d'euros, dont 4,9 milliards ne concernent que 8667 Grecs, et dont 42% déclarent moins de 20'000 euros de revenus", a souligné Evangélos Vénizélos. Les 5,4 milliards d'euros équivalent à environ 6,7 milliards de francs.

Le ministre a réitéré que "l'évasion fiscale était un crime national, un fléau national" et a qualifié de "kafkaïenne" les procédures de contrôle fiscal. Il s'est engagé à publier la semaine prochaine les noms des contribuables qui ont de grandes dettes vis-à-vis de l'Etat afin de les contraindre à les payer.
"Nous avons repéré ceux qui doivent plus d'un million d'euros à l'Etat et nous avons demandé l'assistance de sociétés privées pour percevoir ces dettes en coopération avec les agents de fisc", a dit le ministre en précisant que "15'000 particuliers et sociétés doivent 37 milliards d'euros, dont 32 milliards sont dus par des sociétés".

Selon les experts, les banques grecques souffrent d'un important manque de liquidités et de fuites considérables des capitaux, chiffrées à 70 milliards d'euros depuis 2010.