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Hausse significative du PIB en Suisse en 2010

Les prévisions pour l'économie suisse sont pessimistes. L'institut vaudois Crea s'attend à une légère récession l'an prochain, de 0,4%. L'institut zurichois KOF se montre plus mesuré: il prévoit un net ralentissement mais pas de récession. [Gaëtan Bally]
L’industrie des machines et biens d’équipements a été soutenue par la forte hausse des investissements en Suisse. - [Gaëtan Bally]
L'économie suisse a profité d'un très solide rebond l'an passé. Le produit intérieur brut (PIB) réel a progressé de 2,7% par rapport à 2009, exercice encore marqué par la récession ayant suivi la crise financière et qui s'était achevé par une contraction de 1,9%.

Sur fond de reprise économique mondiale, l'économie suisse a profité du dynamisme retrouvé de ses exportations, notamment pour l'industrie, et de ses investissements, a relevé l'Office fédéral de la statistique (OFS) en publiant vendredi ses premières estimations des comptes nationaux annuels 2010.

La progression d'ensemble apparaît un tout petit peu plus forte qu'estimée plus tôt (+2,6% encore à fin mai par le Secrétariat d'Etat à l'économie). En 2008, le PIB réel avait augmenté de 2,1%, loin du taux de 3,6% inscrit aussi bien en 2007 qu'en 2006.

Compte tenu d'une légère hausse du niveau général des prix, le PIB exprimé à prix courants (non corrigés de l'inflation) s'est accru de 2,8% en 2010. En valeur absolue, il a représenté presque 550,6 milliards de francs.

Vigueur du commerce extérieur

Le commerce extérieur de biens et services a joué son rôle de puissant soutien à la dynamique. Les exportations ont bondi de 8,4%, à près de 295 milliards de francs à prix courants, et les importations de 7,3%. Le phénomène reflète le retour en santé des grands partenaires de la Suisse, à commencer par l'Allemagne.

Seules les importations de services ont diminué (-1,9%), recul attribuable aux activités financières. Celles-ci, mesurées à leurs exportations, ont cependant renoué avec la croissance en 2010, portées par l'essor de leurs opérations de dépôts et de crédits ainsi que par la normalisation des marchés. Mais, au final, en raison de la vigueur des deux composantes de la balance commerciale, le solde positif de celle-ci n'a contribué que pour 1,3 point de pourcentage à la croissance du PIB l'an passé.

Soutien des ménages

L'industrie, avec une valeur ajoutée brute de près de 112 milliards de francs (à prix courants), a tiré son épingle du jeu, notamment l'horlogerie. Machines et biens d'équipement ont, eux, tiré profit de la croissance des investissements. La force du franc causait alors évidemment moins de soucis que depuis quelques mois.

La construction n'a pour sa part rien perdu de sa dynamique, dopée depuis des années par le niveau historiquement bas des taux d'intérêt qui ne cesse de susciter la convoitise. Elle a apporté une valeur ajoutée brute de 29,5 milliards de francs (à prix courants), contre 28,3 milliards en 2009.

La demande intérieure finale, avec une hausse globale de 2,9% en 2010 contre seulement 0,1% en 2009, reste le principal moteur de la croissance en raison de son poids. Ce résultat est en particulier dû aux dépenses des ménages et des institutions liées, qui constituent 65% du PIB et ont augmenté de 1,7% sur un an.

Les administrations publiques ont augmenté leurs dépenses de 0,8%. Les investissements en biens d'équipements se sont, eux, accrus de 10,9%, après une chute de 10,8% en 2009 (respectivement +3,5% et +3% pour la construction). Les deux catégories confondues, ils affichent une progression de 7,5% (-4,9% en 2009).

Revenu national

Le PIB constitue un indicateur qui donne une idée de la performance économique d'un pays. Il mesure la valeur des biens et des services qui y sont produits. De son côté, le revenu national brut (RNB), qui inclut les revenus perçus par les résidents, a augmenté de 6,9% à prix courants l'an passé, après +9,1% en 2009.

La performance reflète l'effet combiné de la baisse des revenus de la fortune versés à l'étranger (6,3%) et la forte hausse des revenus encaissés de l'étranger (+19,2%). Ce dernier taux s'explique par l'amélioration de la situation des filiales étrangères des entreprises suisses. Le phénomène a permis d'accroître notablement les revenus issus des investissements directs.

En valeur absolue, le RNB a atteint un peu plus de 593 milliards de francs. Le solde de la balance des revenus des facteurs (travail et capital) a en conséquence augmenté de 23 milliards pour s'établir à 42,5 milliards de francs. Cet excédent dépasse pour la première fois celui inscrit avant la crise financière (+37 milliards en 2006).

ats/hof

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