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Profils des élus, budgets: quels nouveaux équilibres au National?

Nouvelles majorités, glissement vers la droite des budgets, gains de l'UDC ou profils des nouveaux membres: découvrez le nouveau visage du National grâce à nos infographies interactives.

Marc Renfer, Florian Fischbacher, Adrien Schnarrenberger, Pauline Turuban et Tybalt Félix

N.B. Certains des graphiques s'affichent mieux sur ordinateur.

Transports, formation, armée: de nouvelles majorités apparaissent

Le résultat des élections fédérales de dimanche laisse transparaître un fort glissement à droite du Conseil national. Mais comment cela se répercute-t-il dans les gros dossiers qui marqueront la prochaine législature?

Pour tenter de le savoir, RTSinfo a comparé les réponses données dans le questionnaire Smartvote par les membres du précédent Parlement avec celles des nouveaux élus de dimanche.

Alors que, en 2011, 111 élus se disaient prêts à augmenter le budget des transports publics, ils ne seront plus que 57 lors de la prochaine législature, une majorité optant désormais pour le statu quo.

Le budget de la formation se retrouve dans un cas similaire, avec désormais moins de 100 parlementaires prêts à l'augmenter.

Les partisans d'une augmentation du budget de la Défense renversent la situation après les élections de dimanche. Ils sont désormais 98 à appuyer une hausse des crédits, contre seulement 54 précédemment. Les parlementaires qui disent vouloir le réduire ne sont plus que 57 alors que 45 souhaitent un statu quo.

Note sur le questionnaire Smartvote:

Avant le scrutin, chaque candidat était interrogé sur sa volonté en matière de budget fédéral, divisé en dix domaines (défense nationale, formation, agriculture, ...). Les candidats avaient pour option de maintenir le budget à son niveau actuel, de l'augmenter ou de le réduire.

Changement global du climat budgétaire

La comparaison des profils Smartvote des élus de 2011 avec ceux de 2015 montre que donc que trois thèmes sont principalement concernés par un possible basculement de majorité.

Outre ces basculements, c'est aussi la position globale du parlement qui est affectée en ce qui concerne les budgets.

Nouvelle majorité sur la défense nationale

Si l'on se réfère à la moyenne des réponses données, on constate une forte poussée pour une augmentation du budget de la défense nationale. Autrement dit, non seulement une majorité pourrait y être favorable, mais elle trouverait une opposition beaucoup moins déterminée que lors du mandat précédent.

Outre la défense nationale, qui affiche la plus forte progression (14 points), le budget circulation routière a le vent en poupe, tout comme la sécurité publique.

A l'inverse, les nouveaux élus sont beaucoup moins enclins à mettre la main au porte-monnaie pour l'environnement, les transports publics et la formation. Une conséquence directe du glissement à droite du Parlement et de la forte baisse de la représentation écologiste.

UDC et PLR plus à droite pour la prochaine législature

Le Parlement a glissé à droite dans sa représentation, mais qu'en est-il à l'intérieur des partis? D'après leurs questionnaires Smartvote, les élus PLR et UDC sont davantage marqués à droite que leurs prédécesseurs.

Au sein de l'UDC, les élus de 2015 veulent allouer davantage d'argent à l'armée, aux infrastructures routières et à la sécurité publique que ceux de 2011. A l'inverse, ils souhaitent réduire le budget des transports publics, de l'aide au développement et des assurances sociales, sans oublier celui de la formation.

La hausse du soutien à la Défense nationale est encore plus marqué dans les rangs du PLR. La sécurité publique est le seul autre domaine dont les libéraux-radicaux disent vouloir étendre le budget. Ils voudraient économiser dans tous les autres, à commencer par les transports publics, l'environnement et la formation.

A gauche de l'échiquier, il est intéressant de constater que les nouveaux élus PS soutiennent moins l'environnement que leurs prédécesseurs, preuve que les questions environnementales n'ont pas fait recette dans cette campagne.

Les plus jeunes, les plus à droite, les nouveaux venus...

Le Conseil national 2015 comptera près de 50 nouveaux membres. On sait déjà qu'il sera plus marqué à droite. Mais qui sont ces nouveaux élus? Et quels parlementaires occupent les extrêmes de l'échiquier politique?

Découvrez les parlementaires et leurs particularités.

Les classements gauche-droite et progressistes-conservateurs sont issus de la classification de Smartvote. Douze élus (11 UDC, 1 PLR) n'ont pas rempli le formulaire et ne peuvent donc pas être classés

Avec 64 élues, la part de femmes au National est repartie à la hausse après un très léger tassement en 2011. L'évolution depuis 1999:

La droite conservatrice a progressé presque partout en Suisse

L’UDC est désormais le premier parti en termes de pourcentages de voix dans plus de 60% des districts du pays, comme le montre la carte de Swissinfo.ch.

Elections Conseil national: Parti politique dominant par district en 2015 et 2011

Le Parti socialiste a cédé sa place de premier parti dans de nombreux districts -surtout en Suisse romande- au bénéfice du PLR, l’autre vainqueur du scrutin.

Depuis les dernières élections fédérales de 2011, le PLR s'est renforcé autour du Léman mais aussi dans les régions de Zurich et de Bâle.

Variation en % de la force des partis 2011 vs 2015 par district

Malgré tout, quelques bastions du PDC ont résisté à la poussée de la droite conservatrice, notamment en Valais, dans le Jura et dans le canton de Lucerne.

Le succès de l’UDC ne va pas forcément de pair avec la situation réelle de l’immigration

L’Union démocratique du centre a gagné 11 sièges supplémentaires au National lors du scrutin de dimanche. Elle dispose désormais de 65 députés contre 54 pendant la précédente législature.

L’immigration est en tête des préoccupations des Suisses et l’UDC en a fait la dominante de sa campagne. Les données de l’Office fédéral de la statistique (OFS) montrent pourtant que, dans les cantons, l’UDC ne progresse pas forcément parallèlement à l'immigration.

Par exemple, on constate une corrélation pour Fribourg et Uri, qui ont connu entre 2010 et 2014 une augmentation de plus de 20% de leur population résidante étrangère. Dans chacun de ces cantons, l’UDC gagne un siège. En revanche, ce n’est pas le cas à Nidwald. A l’inverse, l’augmentation de la population étrangère est la plus faible dans les Grisons (6,8%) et pourtant l’UDC y a obtenu un deuxième siège.

L’UDC ne dispose pas non plus de davantage de sièges dans les cantons où les étrangers sont les plus nombreux. Les cantons qui accueillent le plus d’étrangers par rapport à leur population totale sont Genève (36,7%), Bâle-Ville (35,6%) et Vaud (33%). Ils sont aussi ceux qui comptent la part la plus faible de conseillers nationaux UDC : 2 députés UDC sur 11 pour Genève (18%), 1 sur 5 pour Bâle-Ville (20%) et 4 sur 18 pour le canton de Vaud (22%).

Où vivent les élus?

Un regard sur la distribution des logements annoncés par les élus: