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Les ministres romands ouverts à l'idée de caisses maladie cantonales

Les ministres de la santé romands auront des discussions prochainement sur l'idée de caisses cantonales ou de caisse romande. [Jean-Christophe Bott]
Des cantons romands tentés par un projet de caisse régionale / Audio de l'info / 2 min. / le 29 septembre 2014
"Il faut continuer le combat": à l'image du Genevois Mauro Poggia, l'idée de caisse maladie cantonale ou romande fait son chemin chez les ministres de la Santé après le refus de la caisse publique.

Plusieurs politiciens romands ont ouvert la porte, depuis dimanche, à la possible création d'une caisse maladie unique cantonale ou même romande, alors que Genève, Vaud, Neuchâtel et le Jura ont soutenu la caisse publique rejetée en votation par le peuple suisse.

Même si le chemin est long et difficile (voir encadré), les ministres des quatre cantons concernés ne baissent pas les bras.


Mauro Poggia (Genève): "Il faut partir groupés"

Le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia. [Jean-Christophe Bot]
Le conseiller d'Etat genevois Mauro Poggia. [Jean-Christophe Bot]

Le ministre genevois de la Santé Mauro Poggia (MCG) veut croire à la possibilité d'un projet romand, mais il estime "qu'il faut partir groupés".

"Lorsqu'on pense que le système actuel peut être clairement amélioré avec une caisse en mains des véritables bénéficiaires du système, je pense qu'il faut continuer le combat", dit-il.

"Avec Vaud, Neuchâtel, le Jura et peut-être même Fribourg, nous pouvons essayer de faire mettre dans la LAMal une disposition qui laisserait aux cantons qui le souhaitent - soit seuls soit ensemble - de créer un système alternatif."

Mauro Poggia ajoute qu'une réunion est déjà planifiée avec les autres cantons pour évoquer les problématiques de la santé. Le sujet y sera évoqué.


Pierre-Yves Maillard (Vaud): "Tout à fait légitime"

Le président du Conseil d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard. [Maxime Schmid]
Le président du Conseil d'Etat vaudois Pierre-Yves Maillard. [Maxime Schmid]

Le ministre vaudois de la Santé Pierre-Yves Maillard (PS) estime que l'idée d'une caisse romande n'est en aucun cas enterrée.

"Si vous avez 56-57% de Vaudois, de Genevois, encore plus de Jurassiens et de Neuchâtelois, qui votent pour une caisse nationale avec des agences cantonales, je pense que si on leur demande ce qu'ils penseraient d'un projet plus cantonal, avec une plus grande proximité, le oui serait encore plus fort", note-t-il.

Pour Pierre-Yves Maillard", le vote de dimanche "rend cette idée tout à fait légitime".


Michel Thentz (Jura): "Se faire entendre à Berne"

Le conseiller d'Etat jurassien Michel Thentz espère que la démission de Carlo Conti n’entachera pas la coopération entre Bâle et le Jura en matière de santé publique. [RTS - Gaël Klein]
Le conseiller d'Etat jurassien Michel Thentz espère que la démission de Carlo Conti n’entachera pas la coopération entre Bâle et le Jura en matière de santé publique. [RTS - Gaël Klein]

En charge de la Santé dans le Jura, Michel Thentz (PS) juge qu'il s'agit d'abord d'utiliser "le levier de ce résultat positif dans quatre cantons romands pour faire entendre du côté de Berne les voix de ceux qui soutiennent des changements".

Selon lui, il s'agit aussi de réfléchir à la volonté ou non d'aller plus loin et de réfléchir à une caisse publique cantonale, et ce malgré les réticences des Chambres fédérales.


Jean-Nat Karakash (Neuchâtel):

Jean-Nat Karakash, conseiller d'Etat neuchâtelois en charge de l'Economie et de l'Action sociale. [Jean-Christophe Bott - Keystone]
Jean-Nat Karakash, conseiller d'Etat neuchâtelois en charge de l'Economie et de l'Action sociale. [Jean-Christophe Bott - Keystone]

"Ce n'est pas une question simple, une question qui pourra se résoudre très rapidement", conclut le conseiller d'Etat neuchâtelois Jean-Nat Karakash.

Le ministre relève toutefois que la netteté de l'écart entre la Suisse alémanique et la Suisse romande a le mérite de poser la question, sans que cela mette en danger le fédéralisme.

oang/boi

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La caisse cantonale, un long processus

Si la volonté d'une caisse cantonale ou romande se concrétisait, une modification législative serait nécessaire et difficile à obtenir au niveau fédéral.

Il faudrait en effet changer la loi sur l'assurance maladie (LAMal) pour permettre la création de caisses cantonales - et donc convaincre une majorité du Parlement fédéral, en majorité hostile à la caisse publique, qu'on peut relancer un projet à l'échelle latine sans remettre en question le résultat démocratique de dimanche.

Cette mission semble difficile, d'autant plus que plusieurs améliorations du système de santé entrent en vigueur prochainement comme la loi sur la surveillance des caisses, le remboursement partiel des primes payées en trop et l'amélioration de la compensation des risques.

Certains pensent en outre qu'il vaudrait mieux laisser le temps à ces réformes de montrer leur efficacité ou pas, quitte à relancer une quatrième fois la question d'une caisse publique, en offrant cette fois-ci la possibilité aux cantons de faire le choix d'une étatisation de la gestion de l'assurance maladie.