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Les Gripen et le salaire minimum en mauvaise posture

Les sondés ont répondu "non" au Gripen à 52%.
Les sondés ont répondu "non" au Gripen à 52%.
Le financement des avions Gripen, fermement rejeté par les femmes et la gauche, paraît compromis, tout comme l'initiative sur les salaires minimums, selon le premier sondage SSR. Un oui se profile pour l'initiative de la Marche blanche.

L'initiative sur les salaires minimums mal partie

Lancée par l'Union syndicale suisse et Unia, l'initiative "Pour un salaire minimum à 4000 francs" peine à convaincre, indique vendredi le premier sondage de l'institut gfs.bern pour la SSR. Elle récolte pour l'instant 52% d'avis négatifs, alors que seuls 40% des sondés se sont déclarés en faveur d'un salaire horaire minimum de 22 francs de l'heure pour chaque employé du pays (8% d'indécis).

Gauche et droite sont divisées sur la question: l'adhésion atteint 67% auprès des sympathisants des Verts et du Parti socialiste, une proportion directement inversée du côté de l'UDC et du PLR. Dans le camp PDC, on penche plutôt vers un non (54%).

L'idée d'un salaire minimum connaît également un clivage linguistique, avec un accueil plus chaleureux que la moyenne en Suisse latine, en particulier en Suisse romande où le texte susciterait 50% d'adhésion, alors qu'il serait rejeté à 57% en Suisse alémanique.

L'initiative, qui doit remporter la double majorité du peuple et des cantons, paraît d'autant plus compromise qu'elle ne jouit pas du soutien de la classe salariale directement touchée par l'initiative: les électeurs gagnant entre 3000 et 5000 francs diraient non à 50%.

Large opposition au financement des avions Gripen

Faut-il financer l'achat des vingt-deux avions de combat Gripen? Les sondés ont répondu non à 52%. Avec seulement 42% de soutien, le mécanisme de financement des appareils - combattu par un référendum du Groupe pour une Suisse sans armée, de la gauche et d'une alliance bourgeoise - semble compromis. L'institut gfs.bern note de plus que, pour cet objet, la formation des opinions est déjà avancée (6% d'indécis), rendant peu probable un retournement de situation.

Le plus fort soutien aux Gripen provient des rangs de l'UDC (65%) et son rejet le plus farouche des sympathisants des Verts (81%) et du PS (75%). Plus au centre, on est partagé, entre l'indécision du PLR (49% de oui, 48% de non)  et le "plutôt oui" du PDC (47% contre 44% de non).

A noter un clivage marqué entre les sexes: les femmes rejettent à 59% un objet que les hommes soutiennent à 52%. L'âge semble jouer un rôle également, avec un non clair de la part des moins de 40 ans (64%) et une approbation plus marquée que la moyenne de la part des retraités (49%).

Les Tessinois ont offert l'accueil le plus frileux à la proposition (66% de non), derrière les Romands (57% de non). En Suisse alémanique, le non atteint tout juste 49%.

Initiative de la Marche blanche plébiscitée

L'initiative de la Marche blanche démarre dans les sondages avec un important capital-sympathie: 74% des votants diraient oui, dont 52% de manière définitive, à l'interdiction à vie pour les pédophiles condamnés de travailler avec des enfants.

La formation des opinions est déjà avancée pour cet objet: seuls 7% des sondés n'avaient aucun avis sur le sujet. Les chances de l'acceptation de ce texte sont grandes, note gfs.bern, même s'il faut s'attendre à une augmentation du camp du non en cours de campagne.

Les sympathisants de tous les partis confondus ont donné leur appui à l'initiative lancée par l'association Marche blanche, et cela nonobstant les consignes de vote des différentes formations. Le soutien le plus marqué provient de proches de l'UDC (87%), suivi de ceux du PLR (79%), du PDC (65%), des Verts (63%) et du PS (60%).

Le scepticisme face à la proposition est par ailleurs plus marqué parmi les sondés les plus instruits (26% de non).

Vers un oui à l'arrêté fédéral sur les soins médicaux de base

Enfin, contrairement aux trois autres objets, l'arrêté fédéral concernant les soins médicaux de base ne galvanise guère l'intérêt des électeurs, comme le montrent les 24% de personnes sans opinion relevés par gfs.bern.

Les sondés se sont toutefois prononcés à 66% en faveur du contre-projet direct à l'initiative populaire "Oui à la médecine de famille",  et à 10% contre.

Katharina Kubicek

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Marge d'erreur de 2,9%

Le sondage de l'institut gfs.bern a été effectué par téléphone auprès de 1209 habitants ayant le droit de vote répartis dans toute la Suisse, entre le 29 mars et le 4 avril.

La marge d'erreur est de 2,9%.