Les grottes merveilleuses d’Edurne Rubio à voir au festival far° de Nyon

Edurne Rubio a grandi à Burgos, une petite ville très conservatrice du Nord de l’Espagne. Quand elle ne travaillait pas en usine, sa famille explorait le sous-sol au sein du groupe Edelweiss, une troupe de randonneurs qui avait quitté les sentiers trop balisés des montagnes de Castille et Léon pour préférer les boyaux mystérieux des grottes et des cavernes. On leur doit la découverte de l’une des plus grandes grottes d’Europe, Ojo Guareña et ses 110 kilomètres de labyrinthe, qu’ont fréquentée naguère les hommes préhistoriques.

Mon père et mes oncles ont vécu une double vie: en surface c’était le régime de Franco. Sous la terre, c’était la liberté, l’exotisme.

La nature à l'état brut

Edurne Rubio est artiste. Elle vit désormais à Bruxelles, se passionne pour l’architecture, les liens entre les espaces et leurs utilisateurs. Ses moyens d’expression: le cinéma, la performance et les installations. Un monde de création et d’arts contemporains qui paraît très loin de l’univers brut des grottes. Jusqu’au jour où elle redescend dans la fameuse et fantastique caverne située entre Santander et Bilbao: "C’était comme de retrouver la maison de mon enfance. Ou une ville où nous aurions vécu autrefois. Il faut dire qu’on y habitait parfois: mes parents y avaient aménagé une chambre où l’on passait plusieurs jours. On connaissait chaque couloir, chaque passage. Et j’ai alors compris l’influence que cette grotte et la spéléologie ont eue sur mon travail artistique."

La grotte est l’unique espace intérieur qui ne soit pas construit par et pour l’homme. L’un des rares lieux de ce globe qui échappe encore à la civilisation, à la domestication. La nature à l’état brut et un formidable échantillon de matières et de formes pour cette jeune femme qui a étudié la sculpture à Bilbao.

L’obscurité, la caverne, c’est le monde de tous les possibles.

Une plongée dans le noir absolu

Aujourd’hui, Edurne Rubio partage ce pan minéral de son enfance avec le public du Festival far° de Nyon. Sous deux formes, confortable ou aventureuse. Un film, "Light Years Away", plonge le spectateur dans ce monde sans jour ou nuit. Plongée dans un noir absolu et sonorisée avec soin, cette projection entend transmettre les sensations d’un voyage underground.

Cette projection a lieu ce jeudi 17 à l’Usine à gaz de Nyon à 21h. "Le film titille tellement la curiosité des spectateurs que j’ai souhaité dans la mesure du possible prolonger l’expérience avec une vraie visite de grotte", sourit Edurne Rubio. Au pied du Jura, Nyon offre un terrain idéal pour une initiation à la spéléologie et une écoute des expériences et réflexions de l’artiste. Ce samedi 19 août, deux visites en compagne de l’artiste et d’un groupe de spéléologues sont prévues à la grotte de la Grande Rolaz, du côté du Marchairuz.

Thierry Sartoretti/aq

>> Le far° festival des arts vivants, 9 au 19 août, Nyon