Deep Purple, 50 ans de hard rock au top

Grand Format

John Minihan/Hulton Archive/Getty Images

Introduction

A l'occasion de la journée spéciale dédiée au groupe anglais sur Option Musique ce vendredi et de leur concert samedi à l'Arena de Genève, retour sur la carrière d'un monument hard rock dont la légende s'est notamment façonnée à Montreux.

Un nom inspiré d'une vieille chanson

Groupe anglais formé en 1968 par le guitariste Ritchie Blackmore et l'organiste John Lord, Deep Purple signifie "Pourpre Profond". Un nom idéal pour une formation qui se lançait dans un univers musical très populaire à l'époque, le rock psychédélique.

Les Doors, Pink Floyd, les Byrds et bien d'autres avaient ouvert la voie quelques années plus tôt, il n'y avait plus qu'à s'y engouffrer.

Ce nom de Deep Purple, Ritchie Blackmore l'avait dans la tête depuis sa plus tendre enfance car il entendait souvent sa grand-mère fredonner une chanson américaine, écrite dans les années 1930, chantée par Bea Wain, et qui était justement intitulée "Deep Purple".

A l'origine du hard rock

Avec le temps, Deep Purple s'est imposé comme l'un des plus grands groupes de l'histoire du rock.

Les albums "In Rock" en 1970, et surtout "Machine Head", enregistré à Montreux en 1971, ont permis rapidement à ce groupe anglais de conquérir la planète en perfectionnant un style musical dont la source vient des années 1960, avec certaines chansons des Kinks, des Who, de Jimmy Hendrix ou même des Beatles, un style qui deviendra extrêmement populaire dans les années 1970, le hard rock.


Depuis cette époque, Deep Purple a toujours été considéré par les spécialistes ainsi que par les amateurs de musique rock et pop comme un groupe fondateur, historique. Ce que ne dément pas leurs cinquante ans de carrière.

"Hush", tube fondateur

En 1968, les jeunes musiciens de Deep Purple sont bien loin d'imaginer qu'ils auront bientôt un tel rôle dans l'histoire du rock. Ils cherchent juste à devenir un peu populaire en Angleterre en donnant le plus de concerts possible, et en reprenant les succès des autres.


C'est ainsi que Ritchie Blackmore propose aux autres musiciens d'enregistrer une chanson rendue célèbre par l'américain Billy Joe Royal l'année précédente, intitulée "Hush", c'est à dire "Chut !" en français.


Ce sera une excellente idée car la version de Deep Purple deviendra un succès aux Etats-Unis en se classant à la 4e place des charts, là où Billy Joe Royal n'avait pu se hisser qu'à la 32e place avec le même titre.

"Hush" sera le point de départ de la carrière de Deep Purple, permettant même au groupe de se lancer dans sa première tournée américaine, en première partie du groupe d'Eric Clapton, Cream.

Des riffs marquants et de l'énergie

Les bonnes raisons d’écouter Deep Purple se nichent d'abord dans l'incontestable talent de compositeur et de guitariste de Ritchie Blackmore. Les meilleurs riffs du groupe viennent de son imagination, de "Woman from Tokyo" à "Smoke on the Water" via "Black Night", "Pictures of Home" ou "Space Trucking".

L'autre bonne raison d’écouter Deep Purple tient à ses performances scéniques. Le groupe de Ian Gillan comptant parmi les meilleurs groupes en concert. C’est en donnant des concerts qu’ils se sont forgés une armée de fans fidèle dès 1968, avant même l’enregistrement de leur premier disque et donc de leur premier succès en radio.

Cette réputation a de toute évidence été forgée par le succès commercial de leur album live enregistré en 1972 à Osaka et à Tokyo, baptisé "Made in Japan". Ce double album, qui a été certifié disque d’or ou de platine, selon les pays, est encore considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs enregistrement live de l’histoire du rock.


Les membres du groupe révèlent entre autres, sur cet album où aucune chanson ne dure moins de six minutes, une grande complicité entre eux. Ce qui ne sera pas toujours le cas par la suite.

Enfin, le son de Deep Purple se reconnaît souvent grâce à la puissance des guitares successives de Ritchie Blackmore et de Steve Morse, mais aussi et peut-être surtout grâce au son caractéristique de l’orgue, joué par John Lord, de la création du groupe en 1968 jusqu’en 2002, date à laquelle il a choisi de se retirer, et par l’organiste actuel, Don Airey.

Roger Glover et Ian Paice lors d'un récent concert, le 17 mai 2017, à Vienne en Autriche. [KEYSTONE - APA/HANS KLAUS TECHT]
Le bassiste Roger Glover et le chanteur Ian Paice (sur l'écran) lors d'un récent concert de Deep Purple, le 17 mai 2017, à Vienne en Autriche. [KEYSTONE - APA/HANS KLAUS TECHT]

Ténacité et longévité

Deep Purple mérite sans doute le respect également à cause de la ténacité des membres actuels du groupe. Ian Paice, Roger Glover, Ian Gillan sont là depuis la fin des années 1960, Don Airey, qui a joué dans différentes formations depuis les années 1970, a repris les claviers au départ de John Lord en 2002, et Steve Morse, guitariste du groupe depuis vingt-deux ans, a réussi l’immense pari de remplacer brillamment et surtout durablement le guitariste fondateur et icône du groupe, Ritchie Blackmore.

Dans le documentaire "Deep Purple: From Here to Infinite", vendu avec le nouvel album de Deep Purple, Steve Morse raconte notamment qu'il a été "soufflé de voir a quel point la musicalité était élevée" lorsqu'il a
intégré le groupe en 1995.

"InFinite", 20e album studio

Le dernier album de Deep Purple, "InFinite", constitue un événement millésimé puisqu'il s'agit du 20e enregistrement studio du groupe.

Le 20e et peut-être bien le dernier. Deep Purple a annoncé presque officiellement la fin de sa carrière en nommant la tournée actuelle "The Long Goodbye Tour", "la longue tournée d’adieu".

Information à prendre au pied de la lettre ou simple annonce de marketing pour faire venir tous les fans de rock dans les salles pour voir ces légendes une dernière fois? A vérifier.

La pochette de "InFinite", 20e et dernier album de Deep Purple. [earMusic/Edel]
La pochette de "InFinite", 20e et dernier album de Deep Purple. [earMusic/Edel]

Ritchie Blackmore, un moteur

Ritchie Blackmore (à g.) et Jon Lord de Deep Purple posent avec leurs compagnes à l'occasion de leurs fiançailles, le 3 janvier 1969 à Londres. [Getty Images - John Minihan/Evening Standard/Getty Images]
Ritchie Blackmore (à g.) et Jon Lord de Deep Purple posent avec leurs compagnes à l'occasion de leurs fiançailles, le 3 janvier 1969 à Londres. [Getty Images - John Minihan/Evening Standard/Getty Images]

Fondateur du groupe, avec John Lord, en 1968, compositeur de génie, fabuleux guitariste, Ritchie Blackmore a été un élément essentiel du succès, comme un moteur entraînant l’imposante machine Deep Purple.

Malheureusement, ses relations avec les autres membres du groupe n’ont pas toujours été au beau fixe. C’est la personnalité et le caractère de Blackmore qui sont en cause. L’homme est indécis, colérique, imprévisible, et surtout très égocentrique.

Mais c'est Blackmore qui est à l’initiative du son hard rock que l’on peut entendre dans l’album "In Rock" en 1970. Ce disque est souvent considéré comme le tout premier album de hard rock de l’histoire.

Ce succès conforte la place de leader et de décideur au sein du groupe. Ce qui crée rapidement une tension avec le chanteur Ian Gillan. Dès 1975 Blackmore sera l’homme des allers et retours. Après pas mal de péripéties, il quitte Deep Purple pour monter son propre groupe nommé Rainbow.


Neuf ans après il revient dans Deep Purple, qu’il quittera à nouveau dix années plus tard pour remonter…Rainbow, et pour finalement créer un groupe de musique médiévale qui n’aura plus rien à voir avec son passé, Blackmore’s Night, avec sa femme Candice Night. Et ses allers retours ne sont pas terminés, puisque Ritchie Blackmore vient de remonter Rainbow pour la troisième fois !

Reste qu'il ne devrait pas réintégrer Deep Purple pour célébrer les 50 ans du groupe en 2018.

Textes: Philippe Robin

Réalisation web: Olivier Horner

>> A voir: Deep Purple en concert à l'Arena, Genève, 20 mai 2017.

RTSCulture, Mai 2017