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Avec "Souvenirs dormants", Patrick Modiano fait un travail sur la mémoire

L'écrivain Patrick Modiano.
Livre: Patrick Modiano, "Souvenirs dormants" / Vertigo / 4 min. / le 28 novembre 2017
L'écrivain français Patrick Modiano publie chez Gallimard "Souvenirs dormants", un ensemble de récits romancés. C'est le premier ouvrage qu'il fait paraître depuis qu'il a reçu le Prix Nobel de littérature en 2014.

Dans son dernier roman, Patrick Modiano partage des souvenirs qui peuvent prendre la forme d'une femme, d'une rue, d'un bistrot. Ce souvenir peut avoir 14, 20 ou 40 ans, ça n'a aucune importance, les souvenirs s'entrechoquent de toute façon.

Des silhouettes fantomatiques

"Souvenirs dormants" évoque essentiellement six femmes, rencontrées puis perdues de vue par l'auteur dans les années 60. Comme cette rencontre, un matin dans un bistro parisien, avec Geneviève Dalame, "la somnambule", celle qui semblait marcher à côté de sa vie. C'est d'ailleurs la seule que Patrick Modiano retrouvera, six ans plus tard, au détour d'une rue, accompagnée d'un enfant.

Mais de Geneviève Dalame, Madeleine Péraud, ou Madame Hubersen, le lecteur ne retient que des silhouettes fantomatiques. C'est à peine si elles ont existé. Modiano crée ce rêve dont il reste des impressions, des rues, des rencontres, mais rien de construit.

Une impression universelle

Patrick Modiano évoque aussi Paris et ses tableaux de correspondances dans le métro. Ce moment où le voyageur appuie sur la station d'arrivée, et que le trajet à accomplir s’illumine, comme une guirlande.

Mais ce n’est pas le métro parisien qui est important. L'écrivain décrit ce processus de souvenirs qui surgissent et refluent, une impression qui, elle, est universelle. Un travail sur la mémoire, que certains appellent "l'art de la mémoire".

Je tente de mettre de l'ordre dans mes souvenirs. Chacun d'eux est une pièce de puzzle, mais il en manque beaucoup, de sorte que la plupart restent isolées.

Patrick Modiano, écrivain. Tiré du livre "Souvenirs dormants"

Comme englué dans un rêve

On aurait pu craindre que le Prix Nobel endorme l'auteur, le ramollisse, ou pire, le paralyse. Et bien non, Modiano continue à faire du Modiano.

Et la littérature française peut se remettre à respirer. Quand on referme un roman de Modiano, on ressort avec l'impression d'avoir été englué dans un rêve, mais pas le nôtre, celui d'un autre. Un effet que seul l'écrivain français réussit à créer.

cg/aq

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