"Ready Player One": la pop culture de retour dans le dernier Spielberg

Grand Format

Warner Bros / Village Roadshow F / Collection ChristopheL/ AFP

Introduction

Avec ses 40 ans de carrière, Steven Spielberg est le premier réalisateur emblématique de la pop culture qui a su penser des films légers et graves, de la science fiction à l’histoire, du fantastique au drame. En 2018, après "Pentagon Papers", il débarque avec "Ready Player One", sa sixième adaptation d'un livre de science-fiction.

Chapitre 1
Les origines

Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP

"Player One", roman de science-fiction écrit par l’Américain Ernest Cline sort en 2011. Conscient d’une certaine nostalgie accélérée depuis la création d’internet, l’écrivain puise son inspiration dans quelques références de sa jeunesse comme "Adventure", jeu d’action développé par Atari en 1979 dans lequel on trouve pour la première fois un "Easter Egg", surprise cachée dans un jeu vidéo accessible grâce à un mot-clé ou à une combinaison de touches ou de clics.

Ernest Cline se met à imaginer "Player One", l’histoire futuriste d’un milliardaire qui sème des énigmes dans son empire: un monde virtuel truffé de rappels à le culture geek des années 80. Parmi eux: "Blade Runner", "Brazil", "Matrix", "Les Goonies", Les Monty Pythons, "K2000", "Les Simpsons", "Donjons et dragons", "Street Fighter", "Pac-Man" ou encore ACDC. Le livre est un grand succès aux Etats-Unis. Traduit dans 20 langues, il remporte le prix Prometheus du meilleur roman en 2012.

Le contrat d’édition à peine finalisé, Warner Bros achète déjà les droits cinématographiques un an avant la sortie du livre. Cline est immédiatement engagé comme scénariste aux côtés de Zak Penn, à l’origine de "Last Action Hero", "X-Men 2" ou encore "Avengers".

À la réalisation de "Ready Player One", on pense d’abord à Christopher Nolan ("The Dark Knight", "Interstellar"), Robert Zemeckis ("Retour vers le futur", "Forrest Gump") ou encore Peter Jackson ("Le Seigneur des Anneaux" et "King Kong").

Finalement c'est Steven Spielberg qui est choisi. Grand fan du livre d'Ernest Cline, il pose une seule condition: retirer du film toutes les mentions à son oeuvre qui sont dans le roman.

Le réalisateur américain Steven Spielberg.
Le réalisateur américain Steven Spielberg.

La mythique maison de production de Spielberg, Amblin Entertainemnt, à l’origine de nombreux films cultes, se joint inévitablement au projet.

Si la sortie du film est annoncée pour décembre 2017, elle est finalement repoussée à 2018 pour éviter une concurrence avec le huitième épisode de "Star Wars".

L'autre raison, c'est le temps qu'il a fallu pour obtenir les droits de toutes les références utilisées dans le film. Quant à la post-production, elle a nécessité tellement d’effets numériques et de temps que Steven Spielberg a entrepris un autre projet en parallèle: "Pentagon Papers", sorti quelques mois avant "Ready Player One".

Chapitre 2
Synopis et casting

Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP

2045, le monde est en proie à de nombreux problèmes politiques, écologiques ou sociaux. Pour échapper à cette misère, la population trouve refuge dans un jeu de réalité virtuelle baptisé "L'Oasis", créé par un geek milliardaire: James Halliday.

Le milliardaire James Halliday est joué par Mark Rylance. [Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP - Warner Bros / Village Roadshow F]
Le milliardaire James Halliday est joué par Mark Rylance. [Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP - Warner Bros / Village Roadshow F]

Avant de disparaître, il décide de léguer son immense fortune à celui qui découvrira un "Easter egg" bien caché dans le jeu. Parmi les compétiteurs: un jeune orphelin qui se retrouve plongé dans ce monde parallèle semé d’embûches et bourré de références à la pop culture.

Au casting: Tye Sheridan, vu dans "The Tree of Life" et "X-Men Apocalypse", Olivia Cooke découverte dans la série "Bates Motel", Ben Mendelsohn vu dans "Rogue One" et "Les Heures sombres" ou encore Mark Rylance qui signe sa troisième collaboration avec Spielberg après "Le Bon Gros Géant" et "Le Pont des Espions"!

Chapitre 3
Scénario

Amblin Entertainment/AFP - Warner Bros / Village Roadshow

Du point de vue scénaristique, Spielberg produit un de ses films les plus fous. Grâce au monde virtuel, il a eu la liberté de réaliser tous ses fantasmes.

Ce film d’aventure est bourré de références aux années 80 et 90. On voit King Kong, le Géant de Fer, Street Fighter, Star Trek, Jurassic Park, Tomb Raider, Chucky, Akira… En plus de faire plaisir au public, ces références sont un tremplin qui servent le propos.

Hommage à la DeLorean DMC-12 de "Retour vers le futur". [Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP]
Hommage à la DeLorean DMC-12 de "Retour vers le futur". [Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP]

La façon de suivre l’intrigue rappelle "Retour vers le Futur". On pense aussi aux "Goonies", à "Minority Report" ou encore à "Intelligence Artificielle".

Pour autant, narrativement, le film n’est pas parfait. Il manque un peu d’émotion et l’histoire reste assez simple. C’est une chasse au trésor, un "Charlie et la Chocolaterie" modernisé. Et le film est un peu long (2h20).

Avec "Ready Player One", Spielberg a su créer l’équilibre parfait entre nostalgie et innovation, entre réalité et fiction, entre thèmes profonds et légers.

Le film puise dans le passé pour traiter des enjeux présents et futurs: la planète qui se déchire, la lutte pour survivre, le fossé entre les classes sociales, la technologie, les drones qui nous poursuivent, le web, seul moyen de divertissement, l’incapacité de communiquer.

"Ready Player One". [Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP]
[Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP]

Chapitre 4
Réalisation

Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP

Visuellement, le film est une vraie réussite. Les scènes du monde réel ont été tournées en 35mm, ce qui donne ce côté cru et réaliste. Pour le monde virtuel, tout a été réalisé numériquement pour rendre l’image artificielle, lumineuse et colorée. Les transitions entre les deux mondes sont parfaites.

"Ready Player One". [Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP]
[Warner Bros / Village Roadshow F /Collection ChristopheL/AFP]

On sent que Spielberg s’est fait la main sur "Tintin", mais ici c’est totalement maitrisé.

Pour aborder la réalité virtuelle, le cinéaste, comme les acteurs, ont vraiment porté un casque pour visualiser leur avatar et le décor numérique à 360°.

Spielberg a ainsi pu planifier ses prises de vue, basculer entre différentes focales à l'aide d'un simple bouton. Il a aussi précisé ne jamais mettre un film au service de la technologie, mais toujours la technologie au service du film.

Le grande partie du film se passe dans le jeu l'Oasis. [Hommage à la DeLorean DMC-12 de "Retour vers le futur".]
Le grande partie du film se passe dans le jeu l'Oasis. [Hommage à la DeLorean DMC-12 de "Retour vers le futur".]

Quant à la musique, elle a été confiée à Alan Silvestri à qui on doit, entre autres "Retour vers le Futur". Résultat: une bande originale remarquable réalisée dans la grande tradition des films des années 80.

>> A voir: L'épisode Shinema consacré au film :

Ready Player One : Steven Spielberg de retour vers la Pop Culture
Shinema - Publié le 3 avril 2018