Des singes et des hommes au cinéma

Grand Format

RTS/NBC

Introduction

La récente sortie de "Kong : Skull Island", énième résurrection du gorille géant depuis sa première apparition en 1933, pose une nouvelle fois la question du sauvage et du civilisé et confronte l'homme à sa nature profonde.

Mise en scène précoce des relations singe et homme

Très tôt, le cinéma a mis en scène les relations plus ou moins conflictuelles entre le singe et l’homme, bousculant bien souvent la frontière séparant les deux espèces.

"Tarzan, l'homme singe" (1932). Un film de W.S. Van Dyke avec Johnny Weissmuller. [Collection Christophel - MGM/COLLECTION CHRISTOPHEL]
"Tarzan, l'homme singe" (1932). Un film de W.S. Van Dyke avec Johnny Weissmuller. [Collection Christophel - MGM/COLLECTION CHRISTOPHEL]

Parfois sur un mode monstrueux comme avec King Kong, qui renvoie l’humanité moderne à sa petitesse. Parfois de manière plus mimétique, lorsque le fidèle compagnon de l’homme singe les comportements de ses maîtres, comme avec la tribu de primates swingueurs dans le dessin animé "Le livre de la jungle" (1967), l’orang-outan très proche de Clint Eastwood dans "Ça va cogner" (1980), ou la célèbre Cheeta, guenon de Tarzan apparue pour la première fois dans "Tarzan, l’homme singe" (1932).

Quand l’homme se rapproche du singe

Dans certains films simiesques, la distance supposée entre l’homme et l’animal se réduit largement en regard des capacités cognitives impressionnantes du singe. Le primate étudie, écrit, peint, apprend à lire et même à parler comme dans l’extraordinaire documentaire de Barbet Schroeder, "Koko, le gorille qui parle" (1978).

Dans "Gorilles dans la brume" (1988), l’histoire vraie de l’éthologue Dian Fossey, incarnée à l’écran par Sigourney Weaver, une femme défendra la cause des gorilles au Rwanda au point de nouer avec eux une relation de proximité troublante.

"La planète des singes"

La saga, qui compte pour l’instant huit films et remakes, débute en 1968 avec un premier volet interprété par Charlton Heston. Une œuvre majeure de science-fiction où l’on découvre une planète peuplée de singes ultra-évolués qui dominent des hommes réduits à un état primitif. On apprendra, lors d’un final tétanisant, qu’il ne s’agit pas d’une planète étrangère, mais bien de la Terre du futur.

Les suites révéleront comment l’arrogance des hommes, leur cruauté à l’égard des singes, traités comme des esclaves, ont précipité leur chute et l’avènement d’une évolution nouvelle. Une saga sous forte emprise darwiniste.

"La planète des singes" de Franklin J. Schaffner (1968) est l’une des adaptations du roman de Pierre Boulle. Dans ce classique du cinéma, le héros découvre la planète Terre du futur où, suite à une guerre nucléaire, les humains se retrouvent dominés par les singes. [The Picture Desk – Kobal]
"La planète des singes" de Franklin J. Schaffner (1968) est l’une des adaptations du roman de Pierre Boulle. Dans ce classique du cinéma, le héros découvre la planète Terre du futur où, suite à une guerre nucléaire, les humains se retrouvent dominés par les singes. [The Picture Desk – Kobal]

Des amours de singe

Charlotte Rampling dans "Max mon amour". [Collection Christophel - Jean Pierre Fizet / Collection ChristopheL]
Charlotte Rampling dans "Max mon amour". [Collection Christophel - Jean Pierre Fizet / Collection ChristopheL]

La belle Jessica Lange s’abandonne à son extase dans le creux de la main du King Kong, version 1976. Incapable d’enfanter, Gérard Depardieu adopte un chimpanzé dont il s’occupe comme de son propre fils dans "Rêve de singe" (1977) de Marco Ferrerri. Catherine Deneuve trompe son mari avec un gorille dans "Le tout nouveau testament" (2014) de Jaco Von Dormael. Denis Lavant vit le plus normalement du monde avec une guenon et son petit à la fin de "Holy Motors" (2012) de Leos Carax. Et Charlotte Rampling (photo du haut) expérimente une aventure secrète avec un chimpanzé dans "Max mon amour" (1985) de Nagisa Oshima.

Des amours zoophiles qui dynamitent chacun à leur manière le cadre classique du couple, de la famille et des conventions sociales.

Jessica Lange dans la main de King Kong (1967). [Photononstop - SCREEN PROD / Photononstop]
Jessica Lange dans la main de King Kong (1967). [Photononstop - SCREEN PROD / Photononstop]

Les singes assassins

Il arrive que nos amis quadrumanes se révèlent comme nos pires ennemis. A force de les réduire à des bêtes de laboratoire, il fallait s’attendre à quelques actes de rébellions assassins.

Dans l’excellent "Link" (1985) de Richard Franklin, une étudiante en zoologie rejoint un anthropologue isolé qui vit avec un orang-outan éduqué comme un homme. Un orang-outan qui a développé un comportement humain si poussé qu’il en devient meurtrier.

Dans le génial "Incidents de parcours" (1988) de George A. Romero, une relation ambigüe, télépathique, et amoureuse se tisse entre un tétraplégique et un singe capucin femelle chargée de lui venir en aide. Une infirmière poilue qui se connecte aux pulsions meurtrières refoulées de son patient et va développer une jalousie extrême à l’égard de son entourage.

Textes: Rafaël Wolf

Réalisation web: Olivier Horner

>> A écouter: Le sujet de "Vertigo": "Les singes au cinéma confrontent l’homme à sa nature profonde" :

Cheetah est apparu dans les films "Tarzan, l'homme singe" en 1932 puis "Tarzan et sa compagne" en 1934. [The Kobal Collection]The Kobal Collection
Vertigo - Publié le 16 mars 2017