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"Locarno, c'est comme un live à Paléo ou Montreux pour nous réalisateurs"

L'interview du réalisateur Lionel Baier
L'interview du réalisateur Lionel Baier / L'actu en vidéo / 2 min. / le 3 août 2016
Alors que le 69e Festival du film de Locarno ouvre mercredi, Lionel Baier, réalisateur et directeur du département cinéma de l'Ecole cantonale d'art de Lausanne, est revenu pour la RTS sur les perspectives pour le cinéma romand.

"Etre cinéaste, c'est un métier difficile, mais pas plus que d'être agriculteur. Tous les métiers sont difficiles. Il ne faut pas dramatiser", a relevé le réalisateur romand et auteur d'une quinzaine de films, qui a précisé que les conditions offertes aux réalisateurs suisses ont évolué ces dernières années, notamment grâce à des fonds régionaux ou à l'alliance des cantons romands avec Cinéforum.

"Cela reste difficile d'être cinéaste, mais on va vers le mieux", a-t-il commenté dans le Journal du matin de la RTS mercredi.

"Locarno, c'est comme de faire un live à Paléo ou au Montreux, ça permet d'ancrer le film dans la tête des gens pour le faire exister par la suite", a poursuivi celui qui a présenté "La Vanité" l'an dernier sur la Piazza Grande.

Le fait que le cinéma suisse doive se battre et gagner du muscle, c'est le meilleur cadeau qu'on puisse nous faire

Lionel Baier, réalisateur

"Produit culturels"

Le Festival permet de faire parler du film dans les médias, d'accrocher des distributeurs pour la sortie en salle et de le faire connaître au public par le biais d'un événement.

"Vous savez, je n'ai pas trop de problème à dire que le cinéma est aussi un art commercial. Les films sont des produits culturels. On doit savoir les vendre", a argumenté le directeur du département cinéma de l'ECAL, qui a dit ne pas regretter que la Suisse n'ait pas fait du cinéma une de ses priorités culturelles, comme elle l'a fait pour la musique classique.

Citant, le réalisateur grison Daniel Schmid, le Vaudois a soutenu que le fait qu'on dise non aux réalisateurs, cela leur "donne du muscle", l'envie de se battre pour leur art.

Le défi de la diffusion

Si le nombre de films romands présentés à Locarno cette année est exceptionnellement élevé (5 longs métrages et 7 courts), le cinéaste a relevé la diversité croissante du cinéma romand.

"Avant on avait un produit cible pour un public cible. Désormais, il existe autant d'essais filmés que des fictions, des documentaires, des comédies ou des films fantastiques dans le cinéma romand."

Le grand défi du cinéma, c'est la basculement vers le non-matériel

Lionel Baier

Mais le véritable défi des cinéastes est de trouver de nouvelles façons de diffuser et de financer les films, avec notamment la venue de la VOD (video on demand) ou du visionnement sur internet.

"Le grand défi, c'est la basculement vers le non-matériel, la salle de cinéma n'est plus l'unique endroit où le film existe." Et avec un impact sur le financement des films, d'autant plus qu'en Suisse, on ne peut pas "s'asseoir sur nos "blockbusters", à l'image de "Heidi" cette année, pour produire les plus petits. Le but n'est pas forcément d'avoir plus d'argent, mais de trouver de nouvelles formes de financement."

Piazza Grande diversifiée

Commentant la programmation grand public du Festival de Locarno sur la Piazza Grande, Lionel Baier a salué le courage du directeur artistique Carlo Chatrian de projeter autant des films "qui font plaisir" ("Jason Bourne", "Moka") que des longs métrages plus pointus et exigeants.

"Je pense que le public est à la recherche de choses atypiques, et Locarno est vraiment le lieu pour le faire."

>> Le suivi du Festival de Locarno :

sbad

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