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Benjamin Clementine, poétiques murmures blues

Benjamin Clementine a fait une tournée remarquée dans les festivals en 2014, comme ici aux Eurockéennes de Belfort mais aussi au Montreux Jazz Festival. [EPA/HUGO MARIE]
Benjamin Clementine a fait une tournée remarquée dans les festivals en 2014, comme ici aux Eurockéennes de Belfort mais aussi au Montreux Jazz Festival. - [EPA/HUGO MARIE]
Benjamin Clementine livre avec "At least for now" un 1er album intime; Asaf Avidan raconte sa mélancolie en finesse sur "Gold Shadow" et Enter Shikari dénonce le capitalisme à coup de guitares hurlantes.

Fragile et touchante, la voix de Benjamin Clementine, anglais d'origine ghanéenne qui quitte Londres à 19 ans pour chanter dans le métro parisien, prend aux tripes. Elle rappelle par moment Nina Simone ou Léo Ferré. On découvre, dans "At least for now", un artiste hors normes, qui, à 26 ans, sort un premier album à la construction très réussie.

Armé de mots, Benjamin Clementine passe du rire aux larmes au travers de ses onze titres. Racontant ses galères, ses amours, son appétit pour la vie, il étonne par son inventivité musicale et poétique.

Ses chansons blues reposent essentiellement sur le duo piano-voix.

Fragile poésie d'un bluesman émouvant

Egalement accompagné d'un violoncelle et d'une batterie à la rythmique exigeante, la voix hésitante de Benjamin Clementine se transforme parfois en un flow plus saccadé comme sur l'hallucinante coda de "Then I heard a bachelor's cry" ou tout au long du dynamique et ironique "Adios".

On partage aussi le plaisir du musicien à jouer avec la sonorité des mots comme sur le titre prophétique "Winston Churchill's boy", qui évoque son départ de l'Angleterre et son possible succès.

Dans le contexte de terreur parisien actuel, "Nemesis" et "Condolence", certainement titres phares de 2015, prennent une résonance particulière.

La mélancolie en clair obscur d'Asaf Avidan

Asaf Avidan, chanteur israélien au succès mondial après le remix en 2012 de son titre "Reckoning", raconte toujours ses peines de coeur à l'aide de sa guitare et de sa voix nasillarde. Il revient avec son troisième album solo "Gold Shadow" aux sonorités très sixties.

Les choeurs féminins offrent en effet un côté "cabaret" à son dernier opus comme sur le titre rock "The jail that sets you free" ou sur "These words you want to hear" et son accordéon.

Les ballades ont aussi la part belle: "Fair Haired Traveller" semble sortir tout droit d'un album de Bob Dylan alors que "Bang Bang" revisite le genre western.

Une orchestration fine et élégante

Certains titres sont d'une facture plus classique et subliment l'album: l'orchestre jazz, le piano, les cordes, les cuivres et les percussions de "My tunnel are long and dark these days", de "A part of this" ou sur l'introspectif "Gold shadow" sont hallucinants.

Tout imprégné de sa dernière rupture amoureuse, l'opus du musicien de 34 ans a délaissé les sons électro de son précédent album "Different pulses" pour se concentrer sur une orchestration rétro plus fine et assumée.

Le chanteur à la coupe iroquoise démontre ainsi sa capacité à se réinventer tout en élégance et sobriété.

Une conscience politique qui hurle

Mélange de post-hardcore électro et de textes politiques engagés, "The Mindsweep", quatrième album des Anglais de Enter Shikari, se veut un appel contre l'apathie politique ambiante.

Sur fond de guitares hurlantes et de roulements de batterie, le chanteur Rou Reynolds dénonce les travers de la société capitaliste: son système de santé privatisé (The Anaesthesist), les guerres (The last garrison) ou l'ignorance (Never let go of the microscope).

Le punk se marie aussi avec des refrains pop, invitant cuivres, hautbois ou cordes ("There's a price on your head", "Dear Future Historians").

Sophie Badoux

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Les sorties CD

Benjamin Clementine, At least for now (12 janvier)

Asaf Avidan, Gold Shadow (12 janvier)

Lino, Requiem (12 janvier)

Jazmine Sullivan, "Reality Show" (13 janvier)

Mark Ronson, "Uptown Special" (13 janvier)

Kate Edmonson, "Big Picture" (16 janvier)

Fall Out Boy, American Beauty/American Psycho (16 janvier)

Enter Shikari, Mindsweep (16 janvier)

Charlie Winston, " Curio City" (23 janvier)

Papa Roach, "FEAR" (23 janvier)

Nessi, "Rolling With the Punches" (23 janvier)

Rae Morris, "Unguarded" (26 janvier)

Alonzo (Psy4 De La Rime), "Règlement De Compte" (26 janvier)

Ne-Yo, "Non-Fiction" (27 janvier)

Mogwai, Music Industry 3. Fitness Industry 1.

Charles Aznavour, "Nostalgia" (30 janvier)

Lulu Gainsbourg, "Lady Luck" (2 février)

The Charlatans, "Modern Nature" (6 février)

Kodaline, "Coming Up For Air" (6 février)

Scorpions, "Return To Forever" (20 février)

Kid Rock, First Kiss (20 février)

High Flying Birds, Chasing Yesterday (27 février)

Nneka, My Fairy Tales (27 février)

Madonna, "Rebel Heart" (6 mars)

Marc Almond, "Velvet Trail" (9 mars)

Yael Naim, "Older" (16 mars)

Dominique A, "Eléor" (16 mars)

Angelique Kidjo, "Sings" (24 mars)

The Prodigy, "Day Is My Enemy" (27 mars)

Marina & The Diamonds, "Froot" (3 avril)

Lana Del Rey, "Honeymoon" (14 août)