Robert Plant, explorateur des confins du métissage

C'est fait! La voix de Led Zeppelin a trouvé un ovni suffisamment tarabiscoté pour le véhiculer vers une nouvelle escale sur Terre. Robert Plant est de retour avec "Lullaby & the Ceaseless Roar", quatre ans après son dernier album solo, "Band of Joy".

Le géant blond, que les décennies n'ont fait renier ni ses boucles en cascade ni ses santiags, s'est entouré pour ce nouvel opus de ses comparses The Sensational Shape Shifters.

Tribu hétéroclite, la bande comprend notamment deux musiciens de Portishead, un ancien du groupe de britpop Cast, et un collaborateur de Brian Eno.

Pan-culturel parfois jusqu'à l'excès

Album collaboratif, "Lullaby" doit beaucoup aux apports des musiciens et de leurs backgrounds respectifs. Métissé jusqu'à l'excès, l'album multiplie les styles, parfaite démonstration de pan-culturalisme à l'ère 2.0.

Ainsi, la reprise du classique bluegrass "Little Maggie" superpose au chant haut-perché de Plant des accords de blues touareg, une bielle gambienne et le mordant d'un banjo. Ce syncrétisme atteint son apogée dans l'épique "Embrace Another Fall".

"A Stolen Kiss" et "House of Love" rappellent également que "Lullaby" est pour Robert Plant un album post-rupture.

Tricky, alias "Adrian Thaws", poursuit son errance solitaire

Mais qui est Tricky? Quelqu'un le sait-il seulement? Depuis le succès "Maxinquaye" en 1995, l'écorché vif de Bristol a refait surface à dix reprises déjà, pour des albums souvent déroutants.

Adrian Nicholas Matthews Thaws, de son vrai nom, remet le couvert avec "Adrian Thaws", un opus...  pour le moins surprenant. L'usage de son nom dans le titre de l'album est-il promesse de révélations de l'artiste sur lui-même, gage d'une authencitié (re)trouvée?

On est en droit d'en douter, car quelques titres parviennent à eux seuls à anéantir la chétive cohérence que l'album peinait déjà à installer.

A pieds joints sur un soufflé retombé

On trouvera bien sûr des traces du Tricky "historique": les collaborations avec sa complice Francesca Belmonte ("Lonnie Listen","Nicotine Love") et les chanteuses Tirzah ("Sun Down", "Silly Games") et Oh Land ("Right Here") ne sont pas sans rappeler les débuts avec Martina Topley-Bird.

Mais alors que l'invitation était lancée de suivre la piste du blues avec "Keep Me On Your Shake", "Nicotine Love" et sa binarité sans créativité font retomber le soufflé.

Ce même soufflé sera ensuite piétiné par le stupide "Why don't you" et le beat old-school de "Gangster Love".

"Wallflower", par une Diana Krall en manque de souffle

Avec "Wallflower", la chanteuse et pianiste de jazz Diana Krall prend la machine à remonter le temps pour visiter des amis de longue date: Bob Dylan, Paul McCartney, Elton John, The Eagles.

Neuvième opus de la Canadienne, l'album annonce "des reprise pop qui ont inspiré la chanteuse à ses débuts". On retrouve ainsi, sans grande inspiration, "California Dreaming" de The Mamas and The Papas, "Desperado" de The Eagles ou une nouvelle chanson de l'ex-Beatles, "If I Take You Home Tonight".

"Wallflower" de Dylan résume assez bien un album insipide et redondant: "to be a wallflower", faire tapisserie.

Katharina Kubicek