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Le Nobel de littérature attribué au Chinois Mo Yan

Mo Yan succède au Suédois Tomas Tranströmer.
Mo Yan succède au Suédois Tomas Tranströmer.
Le Prix Nobel de littérature a été attribué jeudi au Chinois Mo Yan, a annoncé le comité Nobel à Stockholm. Le romancier chinois succède au Suédois Tomas Tranströmer.

Le romancier chinois Mo Yan a obtenu jeudi le prix Nobel de Littérature 2012, récompensé pour une oeuvre qui dépeint avec réalisme l'histoire mouvementée de son pays et l'attachement à son terroir de Chine orientale où il a grandi.

Mo Yan, 57 ans, "avec un réalisme hallucinatoire, unit conte, histoire et le contemporain", a indiqué l'Académie suédoise pour expliquer son choix.

Réactions de fierté en Chine

La nouvelle a été accueillie par des réactions de fierté sur les réseaux sociaux chinois, saluée par l'Association des écrivains chinois et par le Quotidien du peuple, organe officiel du parti communiste.

Il est le deuxième écrivain de langue chinoise à être couronné par ce prix depuis sa création en 1901. Avant lui, un premier écrivain né en Chine, Gao Xingjian, dissident naturalisé français en 1997, avait obtenu ce prix en 2000. Mais l'information avait alors été censurée par la presse chinoise, et le gouvernement avait condamné un choix dicté selon lui par des motifs politiques.

Un lauréat qui compte s'investir encore plus

"En apprenant qu'on m'avait décerné cette récompense, j'ai été très heureux", a dit le lauréat. "Je vais me concentrer sur la création de nouvelles oeuvres. Je veux m'investir encore pour remercier tout le monde", a-t-il ajouté, cité par l'agence Nouvelles de Chine.

Dix-huit oeuvres de Mo Yan ont été traduites en français. Mo Yan succède au poète suédois Tomas Tranströmer, primé en 2011.

La Fondation Nobel a diminué cette année la récompense de 20%, à 8 millions de couronnes (929.000 euros) contre 10 millions depuis 2001. Il recevra ce prix lors d'une cérémonie officielle à Stockholm le 10 décembre, date anniversaire de la mort du fondateur du prix, l'industriel suédois Alfred Nobel.

afp/jzim

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Le parcours de Mo Yan

Le lauréat du Nobel 2012 de littérature porte un pseudonyme qui signifie "Ne parle pas". Son vrai nom est Guan Moye.

Il a choisi ce nom de plume à l'occasion de la publication de son premier roman, "Le Radis de cristal" (1986) où un enfant qui refuse de parler raconte la vie paysanne telle que l'auteur l'a vécue dans son enfance.

Depuis, il est l'un des écrivains les plus renommés de Chine. Réputé proche du régime de Pékin, il a été critiqué par d'autres écrivains chinois pour son manque de soutien à des auteurs dissidents.

Cependant, selon l'Académie suédoise, "La Mélopée de l'ail paradisiaque" (1988) et une satire intitulée "Le Pays de l'alcool (1992) "sont jugés subversifs en raison de leur critique acérée de la société chinoise contemporaine".

Mo Yan a accédé à la notoriété en Occident grâce au film "Le Sorgho rouge" (1987), tiré d'un roman du même titre, et qui a décroché l'Ours d'or à la Berlinale de 1988.

Son oeuvre est empreinte d'un réalisme qui va jusqu'à la violence, et qui a dépeint tous les brusques changements par lesquels est passée la Chine, aussi bien avant le communisme que pendant l'invasion japonaise, sous la Révolution culturelle et d'autres périodes tourmentées du communisme.

Dans "Beaux seins, belles fesses", il signe une fresque de l'histoire chinoise au XXe siècle, entre tragique de l'histoire et visions érotiques, en observant les personnages plus ou moins équilibrés d'un village, dont un garçon né d'une paysanne chinoise et d'un pasteur suédois.

Il "a créé un univers qui, par sa complexité, rappelle celui d'écrivains tels William Faulkner et Gabriel Garcia Marquez, tout en s'ancrant dans la littérature ancienne chinoise et la tradition populaire du conte", a expliqué l'Académie.