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Malaise autour de la rénovation du Capitole

Jean-Frédéric Jauslin et Silvia Zamora, deux visions pour le financement du Capitole. [Peter Klaunzer]
Jean-Frédéric Jauslin et Silvia Zamora, deux visions pour le financement du Capitole. - [Peter Klaunzer]
La Cinémathèque suisse dispose depuis peu du Capitole comme salle de projection. Mais ce vieux "paquebot", que la Ville a mis à disposition de l'institution après l'avoir racheté 2,6 millions de francs, doit faire l'objet d'importantes rénovations. Problème: la Ville et la Confédération hésitent à mettre la main au porte-monnaie. Réponse début 2011.

Depuis cet été, Lausanne a offert l’exploitation de la salle à la Cinémathèque suisse et à son directeur, Frédéric Maire. Charge à lui de trouver l’argent pour la rénovation future du Capitole, un bâtiment de 1928 et qui reste la plus grande salle de projection du pays. Une étude de faisabilité aurait dû être livrée en juin. Cette étude et son mandat de réalisation devraient être lancés bientôt, après six mois de retard.

Frédéric Maire imagine faire du Capitole une salle de prestige. A court terme, il s'agit de faire "survivre la salle" avec des événements ponctuels à côté de l'exploitation de la salle par Pathé (lire ci-contre). Et s'agissant de la rénovation? "Nous devons étudier le projet définitif du Capitole après restauration. Que faut-il faire dans le gros œuvre, le chauffage, l’aération, l’installation électrique, dans la décoration ou la redécouverte des fresques qui existent derrière les faux plafonds? Il faut aussi prévoir la meilleure technologie possible. A la fois pour diffuser des films contemporains et des films du patrimoine, y compris muets. Avec, qui sait, un orchestre", avance le directeur de la Cinémathèque.

Rénovation coûteuse

Reste à parler du coût de l’opération et de sa prise en charge. "Nous avons été très clairs avec nos partenaires, explique la municipale socialiste Silvia Zamora. Nous avons payé l’achat de cette salle, mais pour ce qui est de la rénovation, la Cinémathèque et en particulier son directeur doivent trouver un financement. Peut-être que nous participerons pour un bout, mais l’essentiel doit venir d’ailleurs".

Le cinéma Capitole n’est pas une salle comme les autres. Avec ses 867 fauteuils, le bâtiment est classé au patrimoine. Ce qui signifie d’importants coûts de rénovation. Des millions, voire une dizaine. "En 14 ans de Municipalité, je n’ai jamais connu un projet de rénovation qui respectait les coûts estimés à l’origine", sourit la cheffe de la Culture lausannoise.

L'OFC a d'autres priorités

A Berne, sur les documents de l’Office fédéral de la culture (OFC), le principal bailleur de fonds de la Cinémathèque, aucune trace d’un tel projet. Ni sur le budget 2011 de l’institution. ni dans les premières discussions sur un rapport sur l’avenir de la Cinémathèque que l’OFC livrera au Conseil fédéral au premier trimestre 2011. Directeur de l’OFC, Jean-Frédéric Jauslin confirme: "Je ne peux pas dire comment va évoluer le Capitole, c’est l’affaire de Lausanne (…) Si la Ville veut investir, nous le voyons d’un très bon œil, mais notre priorité au niveau des engagements financiers se situe à Penthaz (ndlr: le site d'archives de la Cinémathèque)".

Une position qui tranche avec l’optimisme de Frédéric Maire. "J’ai reçu des garanties, bien sûr (…) Peut-être qu’un jour la Cinémathèque dira 'on y arrive pas, tant pis'. Alors oui, ce sera un problème pour la ville et Lausanne doit assumer le projet. Mais pour l’instant ce n’est pas le cas, nous sommes loin de là". Et Frédéric Maire de se réjouir du versement d’un don de 20’000 francs d’un particulier, heureux de voir le Capitole se doter d’un avenir.

Menace lausannoise

Mais cela ne rassure pas Silvia Zamora, qui achève son mandat en juin. "Je comprends que Berne fixe ses priorités, mais Lausanne a aussi les siennes. En principe, nous ne devrions pas subventionner la Cinémathèque. Ce n’est pas du ressort d’une ville. Nous le faisons très largement pour qu’elle reste à Lausanne et qu’elle soit active. Mais nous pourrions nous aussi revoir notre priorité et utiliser ce subventionnement pour une autre activité" - Lausanne subventionne la Cinémathèque pour un montant inférieur à un demi-million de francs par an.

Cette menace à peine voilée étonne à Berne. D’autant que, dès cet automne, les autorités fédérales investissent dans le canton de Vaud près de 50 millions de francs pour la réalisation du dépôt d’archives filmiques de la Cinémathèque, à Penthaz.

ps avec Yves Steiner

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Un cinéma racheté 2,6 millions

Pas mois de 2,6 millions de francs, non compris les frais de mutation et de notaire: c’est le prix payé par la ville de Lausanne pour le rachat du Capitole. Un chiffre que la TSR a obtenu d'un procès-verbal de la Municipalité vaudoise du 7 juillet 2010.

Ce montant est resté secret jusqu’ici, selon le vœu de Silvia Zamora et de l’ancienne propriétaire des lieux, Lucienne Schnegg, figure connue des Lausannois et immortalisée dans un film de Jacqueline Veuve. Agée de 85 ans, cette dernière en réclamait à l’origine 3,5 millions de francs.

Une rénovation d'ici à 2015

Selon plusieurs voix, et si le financement de l’opération est ficelé, la fin des travaux de rénovation s’annonce pour 2015. Pas avant. D’ici-là, Frédéric Maire tente de trouver des solutions pour la survie du Capitole. Il y a peu, le directeur de la Cinémathèque a confié le gros de l’exploitation de la salle au géant commercial Pathé, acteur incontournable des cinémas de l’arc lémanique.

A cette annonce, Silvia Zamora a pris contact avec Frédéric Maire pour s’assurer que "cela allait dans le bon sens. Ce qui était le cas". Y compris au sujet de l’arrangement financier qui lie la Cinémathèque à l’opérateur commercial. Ce dernier encaisse, selon Frédéric Maire, "un modeste 5% sur les prix des billets".