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Cannes: 60 ans de stars et de scandales

Le président pressé Sarkozy et la reine des vaches d'Hérens Tina [REUTERS - © Stefan Wermuth / Reuters]
La fameuse palme, objet de toutes les convoitises à Cannes - [REUTERS - © Stefan Wermuth / Reuters]
De "La bataille du rail" à "Indigènes", de Michèle Morgan à Penelope Cruz, quelques unes des plus belles pages du cinéma ont été écrites au Festival de Cannes, qui célèbre cette semaine son 60e anniversaire.

C'est "Le Bossu de Notre-Dame" qui devait ouvrir en 1939 ce qui
devait être le premier "Festival international de Cannes" le 31
août. A l'origine de l'événement, avec le soutien du ministre à
l'Education et aux Beaux arts Jean Zay, le diplomate Philippe
Erlanger souhaitait concurrencer la Mostra de Venise, devenu un
outil de propagande. Mais l'Allemagne envahit le lendemain la
Pologne, la guerre est déclarée et le festival de Cannes
annulé.

Première «vraie» édition en 1946

Diplomatie oblige, le "vrai" premier festival de Cannes (20
septembre/5 octobre) a lieu en 1946 et couronne onze films, un par
pays représenté, dont déjà plusieurs chefs d'oeuvre, comme "Rome
ville ouverte" de Roberto Rossellini qui inaugure le style
néo-réaliste, ou "La bataille du rail" de René Clément.



Gina Lollobrigida, Sophia Loren, Rossana Podesta font tourner les
têtes en 1954 et ancrent le mythe de la beauté sensuelle italienne.
La même année, Robert Mitchum se fait piéger lors d'une séance
photo en serrant une starlette britannique aux seins nus, Simone
Silva. Le sulfureux acteur américain se remettra de la polémique
suscitée par les clichés, mais pas la pin-up, expulsée de Cannes,
harcelée par les ligues de vertu, et qui se suicidera trois ans
plus tard.

James Dean en 1955

Trois ans après avoir succombé à Marlon Brando dans "Viva
Zapata", Cannes découvre James Dean en 1955 dans "A l'est d'Eden"
le film d'Elia Kazan qui rate de peu la première "Palme d'or"
decernée par le Festival, à la place du "Grand Prix". Invitée
d'honneur du Festival, Grace Kelly fait la connaissance, lors d'une
visite de la Principauté voisine, du Prince Rainier, qu'elle
épousera un an plus tard.



Couvé par Jean Cocteau, flanqué d'un adolescent du nom de
Jean-Pierre Léaud, François Truffaut, 28 ans, fait l'événement à
Cannes en 1959 avec "les 400 coups", qui obtient le prix de la mise
en scène.

Scandales et mai 68

Cannes

L'Une des plus mémorables années à
scandale de l'histoire de Cannes a lieu en 1960. Des rixes opposent
les spectateurs conquis ou hostiles au récit déconstruit de
"L'avventura" d'Antonioni, et des sifflets accueille la Palme d'or
attribuée à "La dolce vita" de Fellini.



En 1968, les événements de mai "débordent" à Cannes. François
Truffaut et Jean-Luc Godard s'accrochent au rideau de la scène pour
empêcher la projection d'un film. Le réalisateur de "La Chinoise"
interpelle les festivaliers: "moi je vous parle solidarité avec les
ouvriers qui occupent les usines Renault et vous me répondez
travelling et gros plans".



Dans la cohue générale, le Festival est contraint de clore le 19
mai, cinq jours avant son terme. Milos Forman, venu à Cannes
présenté un film au titre de circonstance, "au feu les pompiers",
sera bloqué en France par la répression soviétique du Printemps de
Prague, et ira poursuivre sa carrière aux Etats-Unis.

Bombe

Nouveaux scandales en 1973 après les projections de "La grande
bouffe" de Marco Ferreri et de "La maman et la putain" de Jean
Eustache. Cannes reflète les soubresauts des années 70:
intervention violente des CRS lors d'une projection hors
compétition d'un film pro-avortement, "Histoire d'A", en 1974. Un
mystérieux poseur de bombe décède dans l'explosion de son engin
l'année suivante.



En 1976, le très cru "Empire des sens" de Nagisa Oshima, découvert
par la Quinzaine des réalisateurs, fait courir tous les
festivaliers. Deux ans plus tard, un culturiste, venu présenter
dans l'indifférence générale un documentaire sur sa pratique,
s'efforce d'attirer l'attention sur la plage en bombant les
pectoraux: Arnold Schwarzenegger.

Lady Diana sur la croisette

Lady Diana vole la vedette à toutes les actrices à Cannes en
1987. La dernière Palme d'Or décernée à ce jour à un film français
revient à Maurice Pialat pour "Sous le soleil de Satan". La salle
siffle copieusement sa récompense.



Roberto Benigni fait son show en 1998, même s'il n'obtient pour
"La vie est belle" que le Grand prix, et pas la Palme d'or qui lui
paraissait promise. Mais il transforme cette demi-déception en
triomphe, en parcourant les travées et en multipliant les
embrassades, y compris au malheureux président du jury Martin
Scorsese, au comble de l'embarras.

Souvenir du 11 septembre

Un an après le début de la guerre en Irak, le jury présidé par
Quentin Tarantino attribue en 2004 la Palme d'or à "Fahrenheit
9/11", charge anti-Bush signée Michael Moore. La Maison Blanche
encaisse ce "missile de Croisette" (dixit le quotidien Libération)
en y voyant une preuve de la vitalité de la liberté d'expression
aux Etats-Unis.



Enfin en 2006, c'est le triomphe public et le prix
d'interprétation collective masculine pour "Indigènes", de Rachid
Bouchareb, qui honore le rôle des soldats des colonies françaises
pendant la seconde guerre mondiale.



ap/tac

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Les vainqueurs depuis 1975

Voici la liste des vainqueurs de la Palme d'or depuis 1975, date à laquelle cette récompense, initialement créée en 1955, a été remise à l'ordre du jour.

1975 : "Chronique des années de braise" de Mohamed Lakhdar Hamina (Alg)

1976 : "Taxi driver" de Martin Scorsese (USA)

1977 : "Padre Padrone" de Paolo et Vittorio Taviani (I)

1978 : "L'arbre aux sabots" de Ermanno Olmi (I)

1979 : "Apocalypse now" de Francis Ford Coppola (USA) "Le tambour" de Volker Schloendorff (D)

1980 : "Kagemusha" de Akira Kurosawa (Jap) "All that jazz" de Bob Fosse (USA) 1

1981 : "L'homme de fer" d'Andrzej Wajda (Pol)

1982 : "Missing" de Costa Gavras (USA) "Yol" de Yilmaz Guney (Tur)

1983 : "La ballade de Narayama" de Shohei Imamura (Jap)

1984 : "Paris-Texas" de Wim Wenders (D)

1985 : "Papa est en voyage d'affaires" de Emir Kusturica (You)

1986 : "Mission" de Roland Joffe (GB)

1987 : "Sous le soleil de Satan" de Maurice Pialat (F)

1988 : "Pelle le conquérant" de Bille August (Dk)

1989 : "Sexe, mensonges et vidéo" de Steven Soderbergh (USA)

1990 : "Sailor et Lula" de David Lynch (USA)

1991 : "Barton Fink" de Joel et Ethan Coen (USA)

1992 : "Les meilleures intentions" de Bille August (Dk)

1993 : "La leçon de piano" de Jane Campion (Aus) "Adieu ma concubine" de Chen Kaige (Chi)

1994 : "Pulp fiction" de Quentin Tarentino (USA)

1995 : "Underground" de Emir Kusturica (You)

1996 : "Secrets et mensonges" de Mike Leigh (GB)

1997 : "L'anguille" de Shohei Imamura (Jap) "Le goût de la cerise" de Abbas Kiarostami (Iran)

1998 : "L'Eternité et un jour" de Théo Angelopoulos (Gre)

1999 : "Rosetta" de Luc et Jean-Pierre Dardenne (Bel)

2000 : "Dancer in the dark" de Lars von Trier (Dk)

2001 : "La chambre du fils" de Nanni Moretti (I)

2002 : "Le pianiste" de Roman Polanski (Pol)

2003 : "Elephant" de Gus van Sant (USA)

2004 : "Fahrenheit 9/11" de Michael Moore (USA)

2005 : "L'enfant" de Jean-Pierre et Luc Dardenne (Bel)

2006 : "Le Vent se lève" de Ken Loach (GB)