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NE: ex-médecin cantonal jugée pour euthanasie

La médecin avait actionné le dispositif du goutte-à-goutte à la place de la patiente. [Martin Ruetschi]
La médecin avait actionné le dispositif du goutte-à-goutte à la place de la patiente. - [Martin Ruetschi]
Le débat sur l'assistance au suicide va rebondir en Suisse, avec le procès de l'ancienne médecin cantonal de Neuchâtel, poursuivie pour "meurtre sur demande de la victime". Daphné Berner risque jusqu’à trois ans de prison pour avoir activement assisté le suicide d'une patiente paralysée. Le procès se tiendra à partir du mardi 2 novembre à Boudry.

Médecin cantonal de Neuchâtel entre 1987 et 2007, Daphné Berner a provoqué le décès d’une jeune femme paralysée qui avait exprimé sa volonté de mourir. Or la loi n’autorise pas l’assistance active au suicide.

La femme, aujourd’hui bénévole active d’Exit, devra donc être jugée pour son acte, a communiqué le tribunal. Le procès aura lieu mardi. Pour avoir accompli le geste que la malade prisonnière de son corps ne pouvait plus faire, l’ex-médecin cantonal risque jusqu’à 3 ans de prison.

Avec l’aide d’Exit

Daphné Berner risque jusqu'à trois ans de prison.
Daphné Berner risque jusqu'à trois ans de prison.

Les faits se sont déroulés en 2009. Au mois de septembre, Daphné Berner était au chevet de la jeune personne qui était atteinte d’une maladie dégénérative paralysante incurable la vouant à une mort par asphyxie.

Pour s’éviter cette souffrance, explique Daphé Berner à la TSR, la femme avait choisi de mettre fin à ses jours avec l’aide d’Exit. Mais le moment venu, complètement paralysée à l’exception d’un pied, la malade n’a pas pu actionner elle-même le goutte à goutte contenant la substance létale.

Daphné Berner a alors proposé à la jeune femme la chose suivante: "quand vous bougerez votre pied, c’est comme si vous ouvriez la molette et c’est moi qui l’ouvrirai". Et de préciser: "Elle avait l’air très soulagée de ma proposition et c’est ce que nous avons fait. Elle a réussi à dire: maintenant, elle a bougé son pied et j’ai ouvert la manette. Voilà."

Les bénévoles des associations d'aide au suicide sont tenus de laisser leurs patients accomplir eux-même le dernier geste.
Les bénévoles des associations d'aide au suicide sont tenus de laisser leurs patients accomplir eux-même le dernier geste.

Daphné Berner estime avoir fait ce que chacun aurait fait dans pareilles circonstances. "J’aurais dû lui dire pauvre personne, vous nous avez appelés trop tard. Nous ne pouvons plus rien pour vous?", s’interroge la femme médecin.

Nouveau débat en perspective

En Suisse, la loi tolère l’assistance indirecte au suicide, pas l’assistance active. Au tribunal de décider mardi prochain si cela doit changer ou non.

Ce procès devrait relancer le débat sur l’euthanasie active alors que le législateur fédéral cherche à réformer les normes pénales relatives à l’assistance au suicide.

bri avec Claudio Personeni

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Vingt ans au service de l'Etat

Daphné Berner a passé 20 années au service de l’Etat, dont 15 en qualité de médecin cantonal au Service de la santé publique.

La doctoresse est partie en retraite fin octobre 2007.

Après des études de médecine à Genève et quelques années de pratique à Neuchâtel et à Corcelles, la femme médecin a effectué des études de droit à l’Université de Neuchâtel, où elle a obtenu une licence en droit en mars 1987.

Elle était entrée à l’Etat de Neuchâtel en qualité de médecin cantonal adjoint à temps partiel quelques mois plus tard.