Bataille rangée entre jeunes à Neuchâtel, maisons de quartier fermées à Genève pour cause d'actes graves de violence, contrôleurs de train roués de coups, le sentiment d'insécurité grandit face à la multiplication de ces faits divers violents. Cette peur est-elle justifiée ? Nos villes sont-elles en train de se transformer en autant de jungles hostiles et dangereuses ?
Face aux incivilités, au tapage, à la multiplication des graffiti et des déprédations, la peur s'installe chez nous. Une peur diffuse augmentée encore par l'anonymat qui règne dans notre société. Dans les villes, les cités, la jeunesse prend des libertés, nourrit l'inquiétude des générations plus âgées. Temps présent s'est rendu dans différentes villes de Suisse pour prendre la mesure de ce sentiment d'insécurité, et se livrer à un tour d'horizon des réponses qui lui sont apportées. A Lausanne, Genève, Neuchâtel, la police s'interroge sur son rôle et les actions à mener. Si la « peur du gendarme » a disparu, les îlotiers sont persuadés qu'il faut occuper le terrain, montrer aux jeunes qu'ils sont étroitement surveillés, tout en leur offrant dans la mesure du possible des espaces privilégiés dans lesquels il se sentent respectés dans leur culture, leur musique et leurs « délires ».
Dans les trains ou les transports publics, les gens, qu'ils soient passagers ou professionnels ne se sentent pas en sécurité. Les usagers craignent les agressions dans des convois dont les contrôleurs ont été supprimés. Les professionnels, quant à eux, sont en butte à toutes sortes de vexations, agressions verbales, menaces, et subissent aussi dans certains cas des agressions physiques qui laissent des séquelles psychologiques à long terme.
Alors que les situations de danger réel existent, même si statistiquement la violence grave (blessures par arme à feu ou arme blanche) a diminué en Suisse ces dix dernières années, le sentiment d'insécurité augmente. Certains montrent du doigt les médias, qui contribuent à alimenter les amalgames, notamment en matière de criminalité des étrangers
L'heure est à la prévention dans les quartiers et les écoles, mais aussi à la mise en place de systèmes de surveillance électronique, dans les bus, les trains ou dans la rue. Ce qui fait les beaux jours des entreprises de télésurveillance, également sollicitées par les particuliers. La vente de systèmes de protection et d'alarme devient un marché grand public, faisant de la sécurité le prochain luxe que l'on devrait pouvoir se payer.