Le dernier coup d’assommoir d’une nouvelle hausse des primes de caisses-maladie a mis k.o. des dizaines de milliers de Suisses, qui sont venus grossir les rangs de ceux qui ne peuvent déjà plus payer. Alors que le système s’emballe et semble devenu fou, l’assurance-maladie est devenue la 2e cause d’endettement après les impôts. Désormais, certains Romands renoncent à se soigner, en raison de leur franchise élevée, tandis que plusieurs cantons ont introduit une liste noire des mauvais payeurs, qui n’ont désormais plus accès aux soins, sauf en urgence. Un état des lieux qui fait froid dans le dos.
Alors que les finances des cantons romands sont toujours plus serrées, les subsides sont devenus indispensables pour beaucoup de Suisses… Et ceux qui n’y ont pas droit s’appauvrissent lentement mais sûrement.
A Neuchâtel, les primes se sont encore envolées cette année, alors même que le canton fortement endetté doit faire face d’énormes coupes budgétaires dans le social.
Résultat, c’est toute une partie de la population qui devra amortir cette année la hausse des primes alors même que le budget des ménages se réduit comme peau de chagrin.
Aujourd’hui, ils sont près de 134'000 Suisses insolvables à ne plus pouvoir payer du tout leurs primes… Cela a coûté 284 millions de francs aux cantons en 2015. Car depuis quelques années, ce sont eux qui prennent en charge la presque totalité de ces dettes. Notre enquête révèle que les assurances maladies ne sont pas tout à fait perdantes dans ce système.
Alors pour faire des économies, certains cantons alémaniques ainsi que le Tessin ont mis en place un système de liste noire punitif. Les mauvais payeurs sont ainsi fichés dans toute la Suisse et les prestations ne leur sont plus remboursées, sauf en cas d’urgence.
Un système controversé qui peut aller très loin. Ainsi, dans certains cantons, les personnes séropositives ou diabétiques ne sont plus remboursées pour leurs médicaments s’ils figurent sur liste noire. Et c’est même parfois l’assurance qui conteste l’urgence des soins donnés.
Le Tessin lui se félicite de ce système après 4 ans de pratique. Mais dans les faits il semblerait que l’effet dissuasif escompté ne soit pas forcément au rendez-vous, comme le montre notre enquête sur place.
20 ans après la mise en place de la Lamal, Temps Présent est parti à la rencontre ces Suisses, jeunes ou retraités, de famille recomposée ou parents, qui ne peuvent plus payer. Tous ont le sentiment d’avoir joué les règles du jeu, mais d’être aujourd’hui les victimes d’un système LAMAL devenu fou.
Un état des lieux qui fait froid dans le dos.
Rediffusion le vendredi 3 mars 2017 à 10h20 et le lundi 6 mars 2017 à 16h sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Christian Fargues et Valérie Teuscher
Image : Alain Pentucci Son : Sébastien Fawer Montage : Catherine Kala