Le système de santé suisse est l'un des meilleurs du monde, mais il repose tout entier sur une profession menacée : les médecins généralistes. Dans les dix ans qui viennent, 48% d'entre eux vont atteindre l'âge de la retraite. Et la relève n'est pas assurée. Dans certaines régions périphériques, la pénurie se fait déjà sentir. Temps Présent est allé dans le Jura découvrir une situation qui préfigure sans doute celle du pays tout entier. En Suisse, l'infertilité masculine reste un tabou. Et pourtant, un quart des jeunes hommes en Suisse est touché par cette maladie, comme le confirme une étude menée sur plus de 3'000 d'entre eux. Suspectés comme première cause de cette épidémie, les perturbateurs endocriniens. Quatre hommes Romands vivant au quotidien avec leur infertilité, une maladie qui touche souvent en profondeur leur masculinité, ont accepté de se confier.
La fin des bons docteurs
Le système de santé suisse est l’un des meilleurs du monde, mais il repose tout entier sur une profession menacée: les médecins généralistes. Dans les dix ans qui viennent, 48% d’entre eux vont atteindre l’âge de la retraite. Et la relève n’est pas assurée. Dans certaines régions périphériques, la pénurie se fait déjà sentir. Temps Présent est allé dans le Jura découvrir une situation qui préfigure sans doute celle du pays tout entier.
C’est histoire d’un généraliste de Courroux, dans le Jura. Il s’appelle Claude Gogniat. Il a 67 ans. A l’heure où commence notre reportage, il travaille toujours. Voilà pourtant trois ans qu’il cherche un successeur. Il a approché des étudiants en médecine de la région, mais ils ne sont pas intéressés. Car le salaire du généraliste est inférieur à celui de la plupart des spécialistes, il doit assurer de nombreuses gardes, et puis la situation du médecin de campagne semble particulièrement peu attirante pour la génération montante. Le docteur Gogniat n’est cependant pas au bout de ses surprises. Une solution inattendue pourrait se présenter…
C’est l’histoire aussi d’une généraliste de Courtelary, dans le Jura Bernois. Joëlle Michel est une exception dans la région: elle n’a que 45 ans. Mais sa consultation déborde et son cabinet a déjà connu un épisode difficile, lorsqu’un confrère est décédé dans un village voisin. Ce dernier suivait des milliers de patients. Du jour au lendemain, tous ces gens sont partis à la recherche d’un nouveau docteur. Secrétariat pris d’assaut. Urgences impossibles à différer. Joëlle Michel et ses collègues encore en exercice ont subi un déferlement auquel ils n’étaient guère préparés. Pourtant, dans le Jura Bernois, on sait depuis longtemps que la pénurie de généralistes représente une menace sérieuse. De nombreuses initiatives ont vu le jour. Dernière en date, la création d’un Réseau-Santé-Social, regroupant tous les professionnels du secteur. Avec l’objectif notamment de faciliter l’installation de jeunes médecins.
Les efforts du corps médical sauront-ils éveiller l’intérêt des étudiants en médecine? Là encore, on pourrait avoir quelques surprises…
Rediffusion le vendredi 27 mai 2016 à 10h25 et le lundi 30 mai 2016 à 15h55 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Steven Artels et Jacques De Charrière
Image : Sébastien Wohlschlag Son : Gilles Abravanel Montage : Corinne Dubuis
En plus...
Infertilité, le drame des hommes
L’infertilité masculine reste un tabou. Pourtant, un quart des jeunes hommes en Suisse est touché par cette maladie, comme le confirme une étude menée sur plus de 3'000 d'entre eux. Suspectés comme première cause de cette épidémie: les perturbateurs endocriniens. Quatre Romands vivant au quotidien avec leur infertilité, une maladie qui touche souvent en profondeur leur masculinité, ont accepté de se confier.
L’infertilité, c’est – selon la médecine - plus d’une année de rapports sexuels sans naissance d’enfants. Cette maladie touche pour un tiers les hommes, pour un autre tiers les femmes, pour 30% des cas est dûe à l’incompatibilité des deux partenaires. Les 10% restant demeurent - à ce jour - inexpliqués.
Selon une étude menée en Suisse depuis 2008, sur 3000 recrues, un conscrit sur quatre a une quantité de spermatozoïdes en-dessous des normes fixées par l’organisation mondiale de la santé. Cette étude suisse se voit corroborée par d’autres programmes de recherche du nord de l’Europe qui démontrent dans leur grande majorité une baisse très nette de la fertilité masculine. Ces études ciblent les perturbateurs endocriniens comme étant la cause majeure de cette infertilité croissante. Le lien de cause à effets est cependant très difficile à démontrer et les preuves scientifiques nécessiteront plusieurs dizaines d’années avant d’être validées.
Les scientifiques en appellent donc aujourd’hui à l’application d’un principe de précaution. Ils demandent aux pouvoirs politiques que soit limitée la production des produits contenant ces molécules chimiques nocives. Les enjeux économiques sont énormes car les perturbateurs endocriniens sont présents en masse dans de nombreux pesticides, plastiques et cosmétiques.
Un combat politique de longue haleine s’engage pour arrêter la chute constante de la fertilité. Un combat d’autant plus difficile à mener que l’infertilité reste encore aujourd’hui un tabou. Cette maladie est souvent associée à la virilité ou à l’impuissance dans l’inconscient collectif. Autant de non-dits qui pèsent sur les hommes infertiles. Temps Présent soulève le voile sur la vie de ces hommes et sur l'avenir problématique de la fertilité en Suisse.
Rediffusion le vendredi 27 mai 2016 à 10h25 et le lundi 30 mai 2016 à 15h55 sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Alexandre Stern
Image : Catherine Schwyzer Son : Christophe Jaquier Montage : Chantal Dall'Aglio