Le suicide du grand chef Benoît Violier, à Crissier, a jeté la stupeur auprès de ses pairs en Suisse romande. Ce drame a forcément un effet de miroir sur chacun d’eux. On ne connaîtra sans doute jamais les vraies raisons de cette tragédie, mais une chose est sûre : la vie d’un grand chef est soumise à une pression inouïe. Entre l’exigence que les guides gastronomiques et les clients imposent aux grandes tables, les contraintes économiques et un complexe général de perfectionnisme, il faut de solides épaules pour résister au stress en cuisine.
Cinq chefs ont ouvert leur cuisine et leur cœur pour ce reportage deTemps Présent. Il y a d’abord Didier de Courten, à Sierre, deux étoiles au Michelin, 19 au Gault et Millau, un chef réputé pour sa cuisine ciselée et complexe. La mort de son ami Benoît Violier l’a tellement bouleversé qu’il s’interroge aujourd’hui sur le sens de cette quête permanente de l’excellence et sur ce métier à la fois magnifique mais si exigeant.
S’il y en a un qui a payé cher cette quête de la perfection, c’est Gérard Rabaey, l’ancien chef du Pont de Brent, le seul trois étoiles en Suisse romande avec l’Hôtel de ville de Crissier. Les trois étoiles, c’était son obsession. A force de travail et de rigueur, il les a décrochées, mais à quel prix ! Un cancer, contre lequel il a dû se battre, et des cicatrices familiales qu’il est en train de panser.
Son jeune successeur, le talentueux Stéphane Décotterd, a lui aussi la pression. Cinq ans après la reprise du restaurant, l’ombre de son prédécesseur plane encore sur le célèbre établissement. Les clients sont moins nombreux qu’avant mais le jeune chef se bat avec conviction pour donner un nouveau souffle au Pont de Brent et imprimer sa signature.
Jérôme Manifacier a lui choisi une autre voie. Les guides l’encensaient au point de l’avoir nommé cuisinier de l’année en 2015. Mais, avec son épouse Karine, il a décidé de reprendre un restaurant de village et de renouer avec une cuisine plus familiale. Un choix assumé, même si le virus de la haute gastronomie ne l’a pas quitté …
Enfin, cerise sur le gâteau ou plutôt … sur le chapeau, nous retrouverons le bouillonnant Marc Veyrat, le chef français reconnaissable entre tous grâce à son couvre-chef de feutre noir. Un cuisinier de génie qui a autant connu la gloire et les honneurs que la déprime et la solitude.
Rediffusion le vendredi 20 mai 2016 à 10h25 et le lundi 23 mai 2016 à 15h55 sur RTS Deux
Générique
Un reportage de Laurence Gemperle
Image : Pierre-Alain Jaussi Son : Mathilda Angullo Montage : Catherine Kala