Paju cette semaine se plonge à la fois dans des traditions, de celles qu'on se transmet de génération en génération, ainsi que dans la préservation d'une nature sans cesse mise en danger. A découvrir : l'or du Chasseral, un alcool qui sent bon la terre, la gentiane. Une rencontre, celle de Fritz Gehringer, taxidermiste et cinéaste animalier. Et un plongeon au cœur de la réserve naturelle du Bois de Finges, là où le Rhône coule encore librement.
Gentiane, l’or du Chasseral
Il existe une montagne où la culture de la gentiane est un véritable savoir-faire et une manière de vivre. Du creusage au croc à la distillation au feu de bois, les fermiers des métairies du Chasseral conservent une tradition et une excellence remarquables en matière d’eau-de-vie. L’or d’ici, c’est un alcool qui sent bon la terre!
Dès le mois d’août, le bruit des pioches à racines de gentiane tapant dans le calcaire résonnent sur les pentes du Chasseral. C’est la première étape d’un processus archaïque doublé d’un savoir-faire remarquable.
La gentiane jaune, plante protégée, pousse en quantité sur les crêtes du Jura. C’est la petite cousine de la gentiane bleue, celle des plaques de beurre. Elle intéresse les bouilleurs de crus grâce à ses racines qui, une fois extraites, sont broyées et mises en tonneau pour assurer la fermentation.
A l’automne, dès la désalpe, les métayers passent à la distillation de cette macération : de quoi réchauffer les longues soirées d’hiver et la digestion des nombreux promeneurs qui viennent goûter les excellents produits préparées dans les métairies. L’or d’ici, c’est un alcool qui sent bon la terre !
Un reportage de Pascal Rebetez
Fritz Gehringer, une vie pour la nature
Des générations d’enfants ont vibré devant les vitrines animalières du Musée d’Histoire naturelle de Neuchâtel. Fritz Gehringer est l’auteur de ces "dioramas" datant des années 60. Défenseur des animaux et cinéaste, il reste, à 80 ans, un apprenti face aux merveilles de la nature. "La vie d’un homme, c’est trop court pour tout comprendre …" Alors Fritz espère arriver jusqu’à 100 ans pour saisir ce que la nature essaie de lui dire.
Fritz Gehringer est arrivé à Neuchâtel en 1957, alors que le Musée d’Histoire naturel de la ville se mourait. Avec trois bouts de ficelles, deux seaux de plâtre, des animaux taxidermisés et la peintre Pierrette Bauer, le naturaliste allemand a créé les fameux dioramas, un petit trésor de nature à disposition des citadins.
Puis il s’est lancé dans le cinéma animalier. On lui doit des films sur le muscardin et le Grand-Tétras … avant que cette dernière espèce ne disparaisse des forêts du canton. Le taxidermiste est aussi un avocat de la nature. Il a participé à tout ce que le canton de Neuchâtel a relâché dans la nature : du lynx au castor, en passant par le bouquetin.
Aujourd’hui il continue à sa manière son combat pour la biodiversité, arque bouté sur son jardin grison aux 250 espèces alpines, essayant d’attirer autant d’espèces d’oiseaux que possible …
Un reportage de Raphaël Engel