Avoir un grand club de football coûte cher, très cher si on en croit la tendance actuelle aux rachats de grands clubs européens pour des sommes astronomiques. Hommes d'affaires asiatiques, oligarques russes, émirs du Golfe ou businessmen américains, des investisseurs de taille ont prouvé leur capacité à injecter des sommes colossales pour acquérir une équipe de football.
Chelsea, Manchester City, Monaco ou le Paris Saint-Germain: chacun de ces clubs est, comme bien d'autres, la propriété d'un milliardaire. L'investissement dans le sport dépasse même le cadre des grands clubs européens. Récemment le groupe Wanda, appartenant à l'homme le plus riche de Chine, est devenu le principal sponsor de la FIFA. Le pays investit dans la formation de milliers de jeunes footballeurs.
Comment expliquer ces investissements colossaux dans le monde du football? Observe-t-on des résultats sur le plan sportif? Ou politique? Alors que va se disputer la compétition reine du football européen, Geopolitis examine ces affaires de gros sous dans le monde du ballon rond.
L'invité: Raffaele Poli, responsable de l'Observatoire du football, Centre international d'études du sport, Université de Neuchâtel.
Le contexte
Le reportage
L'invité
Raffaele Poli est docteur en sciences humaines des universités de Neuchâtel (Suisse) et de Franche-Comté (France). Il dirige, au sein du Centre international d'études du sport, l'Observatoire du football, un groupe de recherche spécialisé dans l’analyse du marché des transferts et l’étude des performances des joueurs.
Il est également chargé de cours à l’Institut de géographie de l’Université de Neuchâtel, où il dispense le cours "Enjeux contemporains du sport" avec Roger Besson.
Entre titres et faillite, les petits clubs de football suisses évoluent souvent sur la corde raide, à l’instar du Servette FC. Le club genevois, avec ses dix-sept victoires en championnat et ses sept titres en Coupe de suisse, détient le deuxième meilleur palmarès du pays mais confronté à des difficultés financières, il s’est vu acculé à la banqueroute en 2005 et cela malgré différentes tentatives pour redresser la barre. L’argent, le nerf du football?
L’empire Servette
Médiocrement classé à la fin du championnat suisse de football en 1980, le Servette FC se retrouve en tête de la compétition en ce mois d'octobre 1981. A l'origine de ce changement radical, de nouveaux joueurs mais aussi une conception révolutionnaire des rapports entre le football suisse et la publicité. Un comité de "jeunes cadres dynamiques" ont décidé de tout mettre en œuvre pour vendre le produit Servette. La structure du club passe du mécénat au sponsoring et devient une vraie entreprise. Extrait d’une émission Tell Quel.
Dans ce 2 extrait d’une émission Tell Quel consacrée à la nouvelle stratégie financière du club de football genevois, zoom sur le travail du concepteur publicitaire du Servette FC. Le budget du club est en effet composé à 50% par la publicité et à 50% par les recettes des spectateurs dans le stade des Charmilles. Avec son slogan "Une équipe, une ville", le club espère que le public continue à s'identifier à l'équipe.
En ce mois de janvier 1997, la chaîne Canal Plus rachète le club de football genevois et le sauve d'une faillite programmée depuis la démission, en octobre 1996, de son président et mécène Paul-Annik Weiller. A l'origine de ce coup audacieux, Daniel Roux, membre du comité du Servette FC et proche de Paul-Annik Weiller, a pris l'initiative de contacter la chaîne cryptée, après avoir constaté qu'il ne trouverait pas de solution au niveau genevois et national. L'affaire s'est conclue en moins d'un mois. Au 31 octobre 1996, les dettes du Servette se montaient à presque 17 millions de francs, mais avec ce rachat le club centenaire repart avec un capital initial de 8 millions. Ce rachat est-il un coup de foudre sportif ou une stratégie commerciale pour augmenter le nombre d'abonnés en Suisse ?
Depuis le désengagement définitif de Canal Plus en 2002, le club genevois était sur la corde raide. Le Servette FC devait trouver un candidat à la reprise du club. Au début 2003, le tout Genève accueille l'agent de joueurs français Marc Roger tel le sauveur. Pour assurer la pérennité du club grenat, Marc Roger compte réaliser des plus-values sur les transferts de jeunes joueurs de talent, achetés pour une modique somme, mais le système Roger s'écroule vite. Deux ans plus tard, accusé de gestion déloyale, abus de confiance et faillite frauduleuse, le président du club de football genevois est sous les verrous.
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