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Les bénéfices des complémentaires maladie seraient au service de tous

Certaines fondations gérant des caisses maladie ont pour but de favoriser la santé et le bien-être. [Keystone - Steffen Schmidt]
Certaines fondations gérant des caisses maladie ont pour but de favoriser la santé et le bien-être. - [Keystone - Steffen Schmidt]
Seules autorisées à faire des bénéfices, les assurances complémentaires ont rapporté des centaines de millions aux caisses maladie en 2017. Mais ces bénéfices serviraient uniquement au bien commun, selon le vice-président de la CSS.

Dans le cadre de l'enquête ouverte "Rassurez-Moi", l'émission On en parle s'est plongée dans les comptes annuels des assureurs. Et ces derniers montrent que les dix plus grandes assurances maladie ont fait chacune, en moyenne, 120 millions de francs de bénéfice en 2017.

Structures à but non-lucratif

Or toutes ces compagnies d'assurance maladie - assurance de base et assurances complémentaires - sont détenues par des fondations ou des associations à but non lucratif.

Chez Assura, par exemple, l'objectif est "de favoriser la santé, la qualité de vie et le bien social de la population". La fondation d'Helsana, elle, "a un caractère charitable et ne recherche pas de profit." Il y a donc des bénéfices, mais qui seraient utilisés pour le bien commun uniquement.

Les critiques sont pourtant nombreuses et souvent violentes, tant dans le monde politique qu'au sein de la population, face à des assureurs qui s'enrichiraient sur le dos des assurés.

Nous devons mieux communiquer sur ces pseudo-bénéfices.

Jean-Marc Probst, CSS

Vice-président du conseil d'administration de CSS Association, actionnaire unique du Groupe CSS qui regroupe plusieurs assurances maladie de base et des complémentaires, Jean-Marc Probst se dit "sidéré" par ce type de propos dans l'émission On en parle. "Cela prouve en tout cas que nous, assureurs maladie, nous devons mieux communiquer sur les aspects financiers et ces pseudo-bénéfices."

Le Vaudois, également entrepreneur, estime par ailleurs qu'il faut relativiser ces bénéfices. "Quand on parle de 156 millions de bénéfice par exemple à la CSS l'année passée, il faut mettre cela en parallèle avec notre chiffre d'affaires de 6,2 milliards (…) Mis en relation, ces chiffres ne sont pas exorbitants."

L'entreprise et les bénéfices appartiennent aux assurés.

Jean-Marc Probst, CSS

Jean-Marc Probst souligne que ces bénéfices ont entre autres pour mission de sécuriser les assurés (1,7 million au total dans le groupe), qui - pour 580'000 d'entre eux - sont membres de l'association. "Ce sont les assurés qui ont des assurances complémentaires et qui ont émis le désir de faire partie de l'association. L'entreprise leur appartient, les bénéfices leur appartiennent et aucun franc n'est distribué sous forme de dividende", assure le vice-président de CSS Association. "Cet argent est gardé dans l'entreprise ou réinvesti, par exemple pour juguler l'augmentation des coûts de la santé."

On est les méchants parce qu'on envoie les factures et on les encaisse.

Jean-Marc Probst, CSS

"Nous, on est les méchants parce qu'on envoie les factures et on les encaisse", poursuit Jean-Marc Probst. "Mais il faut arrêter cette chasse aux sorcières. Chacun doit prendre ses responsabilités (…) L'argent des complémentaires génère chez nous des bénéfices, mais il est réinvesti immédiatement, par exemple dans la prévention. C'est là que nous essayons de faire le plus, aussi dans l'information au sujet de la santé." Jean-Marc Probst souligne que, si CSS a pour objectif de faire un minimum de bénéfices, c'est surtout pour ne pas être en situation de pertes.

>> Ecouter l'interview de Jean-Marc Probst dans l'émission On en parle :

A qui profitent les bénéfices des assurances maladie sans but lucratif? [DR]DR
Assurances maladie sans but lucratif: à qui profitent les bénéfices? / On en parle / 20 min. / le 28 mai 2018

Rémunération des dirigeants "en phase" avec la branche

Par ailleurs, l'enquête montre que la rémunération totale moyenne des instances dirigeantes des dix plus grandes caisses (conseil d'administration de l'association/fondation + comité directeur) est de 3,5 millions de francs pour chacune des caisses, dont 580'000 francs en moyenne pour leur directeur général.

"Les salaires des dirigeants de la CSS sont tout à fait en phase avec ce qui se fait dans cette branche mais très, très largement inférieurs à ce qui se fait par rapport à des assureurs privés" cotés en bourse, assure à ce propos le vice-président de CSS Association.

"Nous n'avons pas pour mission d'augmenter notre chiffre d'affaires et nos bénéfices", assure-t-il. "La société appartient aux assurés et pour nous, l'augmentation continuelle des coûts de la santé est un souci."

Jean-Marc Probst reconnaît toutefois qu'il "y a des gens dans la branche qui évoluent avec moins d'éthique que d'autres (…) Mais la FINMA (organe de surveillance) a fait un peu d'ordre dans le monde des caisses maladie et c'est une très bonne chose."

Yves-Alain Cornu/ Bastien Von Wyss/oang

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Les dix assurances étudiées lors de l'enquête

La structure des propriétaires de ces groupes est mentionnée entre parenthèses.

- Assura (fondation)
- CSS (association)
- Swica (association)
- Helsana (fondation et association)
- Concordia (association)
- Visana (fondation)
- KPT (société coopérative)
- Groupe Mutuel (fondations)
- Sanitas (fondation)

"On peut distribuer de l'argent autrement que par des dividendes"

Invité à réagir sur les statuts des complémentaires d'assurance maladie, le ministre vaudois de la Santé Pierre-Yves Maillard a réagi aux propos du vice-président de la CSS Jean-Marc Probst.

"Tout va bien, magnifique!", ironise le Vaudois. Avant d'appeler à davantage de nuance: "Malgré le fait qu'on ne peut pas distribuer de dividendes, il y a d'autres manières de distribuer de l'argent, également de manière frauduleuse", rappelle le ministre, citant de récents cas de membre de conseils d'administration épinglés par le gendarme financier FINMA.

Le ministre souligne également, dans le domaine de l'assurance, l'existence "discutable" de réserves prudentielles, qui font qu'on stocke les excédents. "La redistribution aux assurés est la dernière des mesures prises", note-t-il.