C. Ribi:

L’asthme n’est pas une maladie héréditaire à proprement parler et n’est donc pas une fatalité pour l’enfant de parents asthmatiques. Comme dans beaucoup d’autres maladies, les causes de l’asthme sont multiples et complexes. Actuellement, on part de l’idée que, pour développer la maladie, il faut au moins deux choses : un terrain génétique propice au développement de l’asthme et des facteurs environnementaux qui déclenchent et entretiennent l’inflammation des voies aériennes.

En ce qui concerne le terrain génétique, il se compose de plusieurs gènes de susceptibilité au développement de l’asthme. Ces gènes de susceptibilité sont la plupart du temps des variantes de séquences génétiques qui codent pour des protéines impliquées dans la régulation du système immunitaire. Pour chaque individu, l’information génétique contenue dans les chromosomes lui est transmise à moitié par le père et à moitié par la mère. Si on part de l’idée que l’un ou les deux parents sont asthmatiques, des gènes de susceptibilité au développement d’un asthme peuvent être ou ne pas être transmis à l’enfant.

Il y a aussi des gènes de susceptibilité qui peuvent apparaître ou disparaître spontanément, indépendamment de ce qui a été transmis par les parents. Par ailleurs, si on veut se représenter l’information génétique d’un individu comme un livre, cette information peut être lue et interprétée de différente manière. On parle alors de modifications épi-génétiques. C’est un domaine de recherche relativement récent et ces mécanismes semblent jouer un rôle important dans l’asthme.

En dehors d’un terrain génétique propice, il faut d’autres facteurs pour développer de l’asthme. La plupart des ces facteurs actuellement identifiés sont environnementaux – agents infectieux, produits toxiques et allergènes. Certains types d’infection chez l’enfant en bas âge semblent impliqués dans le développement de l’asthme. Le risque d’infection durant les premiers mois de vie peut être diminué par l’allaitement maternel, car la maman transmet avec le lait des anticorps qui protègent l’enfant. Les enfants qui grandissent à la campagne, p.ex. ceux qui vivent à la ferme, sont moins susceptibles de développer un asthme. On pense que ceci est lié au fait que les enfants sont exposé à des nombreux germes inoffensifs qui «occupent» le système immunitaire. Les enfants qui vivent dans un environnement trop «propre» sont, par contre, à risque de développer des allergies respiratoires comme l’asthme, où le système immunitaire s’acharne contre des allergènes habituellement inoffensifs pour l’organisme.

Contrairement à ce que l’on croyait il y a peu de temps encore, l’exposition à des animaux (chat, chien) dès le plus bas âge semble être un facteur protecteur, mais il n’y a pas encore suffisamment de recul pour en faire une recommandation et, comme les parents sont souvent eux-mêmes allergiques à ces animaux, ce n’est pas quelque chose qui peut être mis facilement en pratique – comme par ailleurs de déménager à la campagne et de vivre à la ferme. Ce qui est sûr c’est qu’il ne faut pas exposer l’enfant à la fumée de tabac, ni pendant la grossesse, ni après.

Il existe également un lien entre obésité et asthme. Il faut également veiller à une alimentation équilibrée et permettre à l’enfant une activité physique régulière afin de prévenir l’asthme.

J. Pralong:

Le développement de l'asthme allergique dépend de nombreux facteurs. Il y a tout d'abord les facteurs liés à la personne comme les facteurs génétiques ou le sexe et ensuite les facteurs environnementaux, comme l'exposition à certaines substances pouvant causer de l'asthme, le tabagisme passif, la pollution atmosphérique, les infections des voies respiratoires et l'alimentation, entre autres. Ces différents facteurs peuvent, de surcroît, interagir entre eux, rendant encore plus complexe la compréhension de la maladie.

Par conséquent, il n'est pas du tout surprenant de voir que l'asthme allergique puisse sauter des générations.

Il n'existe pas à ma connaissance de recommandations pour éviter le développement de l'asthme allergique chez un enfant. Cependant, certains facteurs de risque sont modifiables, il faut donc éviter d'y être exposé: c'est le cas pour la fumée passive ou certaines moisissures présentes dans des maisons humides. Mais, pour les autres facteurs (comme l'exposition aux animaux, aux acariens ou à la pollution par exemple), ceci reste un sujet très controversé pour lequel il n'existe pas de réponse claire.