Vous soulevez là deux problèmes reposant justement sur le fait que toutes nos activités sont enregistrées dans des "logs" tant sur votre ordinateur que sur les serveurs que vous accédez par l'intermédiaire de votre fournisseur d'accès Internet (FAI) qui lui aussi va enregistrer des informations.

Selon les législations des pays concernés, les FAI peuvent avoir obligation d'enregistrer et de conserver pour une durée déterminée certaines informations concernant l'activité de leurs clients, ainsi que celle de communiquer ces informations à la justice dans un cadre règlementé. A partir de ces données, il peut donc être possible de savoir à postériori ce que vous avez fait sur Internet, en tous les cas, une partie importante de ce que vous avez pu faire sur Internet. Mais ce type de surveillance n'est pas systématique ni continue.

Par ailleurs, indépendamment des obligations légales, les prestataires de services en ligne comme Google enregistrent aussi vos activités pour leurs propres besoins: amélioration de leurs services mais surtout utilisation de ces données pour définir des "profils utilisateurs" qui peuvent ensuite être utilisés à des fins commerciales et publicitaires.

Ceci étant dit, le premier problème que vous soulevez est celui de la "surveillance" par la police dont l'activité "d'écoute" est généralement strictement règlementée et sujette à obtention de mandats judiciaires. Ou dans des cas plus exceptionnels de sécurité nationale pour lesquels la "raison d'état" pourrait justifier de telles actions (que la raison d'état soit invoquée à tort ou à raison, il ne s'agit pas ici de porter un jugement moral).

Il est certain que des/les états, que ce soit pour des raisons de sécurité ou pour des raisons économiques dans un contexte d'espionnage technologique, peuvent vouloir développer ou essayer de développer des "environnements" automatisés de surveillance à priori. La question est donc de savoir dans quelle mesure ces environnements sont efficaces: quelle proportion de l'activité sur Internet peut être captée (dans quelle mesure l'organisme qui assure la surveillance peut avoir accès aux moyens et relais de transmission pour pouvoir écouter), et sur cette proportion, quelle quantité de communication peut être effectivement analysée. En général, l'idée consiste non pas à espionner tout le monde, mais à détecter des communications potentiellement suspectes ou intéressantes (par exemple en cherchant des mots ou des termes pré-définis). Là encore, il faut estimer dans quelle mesure ces technologies sont efficaces.

Vous pouvez lire le texte http://www.internetactu.net/2005/11/25/guerre-de-linformation-made-in-france/ qui évoque ces questions au niveau d'un pays comme la France.

Vous pouvez aussi lire un rapport du parlement français sur le réseau Echelon à http://www.assemblee-nationale.fr/11/rap-info/i2623.asp qui faisait le point sur le réseau Echelon en 2000. La section B de ce rapport évoque l'incertitude sur les capacités réelles du système entre la thèse dite maximaliste (oui, tout peut être surveillé) et la thèse dite du scepticisme qui ne remet pas en cause l'existence du système, mais ces capacités réelles.

Donc pas de paranoïa de ce côté là à moins que vous ne soyez adepte de théories de la conspiration auquel cas, je vous recommande vivement un petit ouvrage de Duncan Campbell (journaliste d'investigation) sur le projet Echelon : "Surveillance électronique planétaire" (aux éditions Allia) qui se lit comme une bon polar. Vous pouvez aussi voir un reportage très bien fait : "ÉCHELON, LE POUVOIR SECRET" de david korn brzoza, 2002 (en 2 parties sur Dailymotion :

- http://www.dailymotion.com/video/xfyi9_echelon-le-pouvoir-secret-12_news

- http://www.dailymotion.com/video/xfyaq_echelon-le-pouvoir-secret-22_news

Le deuxième problème soulevé relève quant à lui de la "sphère privée" et des aspects plus humains liés au respect de la vie privée. Bien entendu il existe une quantité de logiciels permettant de surveiller ce que fait quelqu'un sur un ordinateur ou un réseau. Plus simplement, la consultation les historiques de la machine (les logs mentionnés plus haut) contiennent toutes les informations voulues. Sachez toutefois, qu'en Suisse je crois que la violation d'un compte utilisateur ou d'email est assimilable à la violation de domicile. Si votre ami est en mesure d'avoir directement accès à votre ordinateur et d'y installer un "mouchard" qui l'informera de ce que vous faites; si vous recevez un courrier électronique contenant un virus que vous activerez sur votre ordinateur et qui y installera un mouchard... que vous serez peut-être en mesure d'éliminer si votre anti-virus ou pare-feu vous le signale et le bloque. Vous voyez que le maximum est possible, mais qu'il n'est pas systématique: vous ne pouvez pas d'une minute à l'autre vous mettre à surveiller les activités de vos amis sur Internet.

Il ne faut toutefois pas négliger la situation actuelle avec le développement des réseaux sociaux: en dehors des informations privées qui nécessitent une action délibérée et illégale pour pouvoir y avoir accès, les utilisateurs d'Internet rendent de plus en plus souvent publiques tout un ensemble d'informations sur Internet: adresse, téléphone, date de naissance, emploi, religion, opinions... qu'il est ensuite facile de retrouver pour connaitre les activités sur Internet, mais aussi les activités quotidiennes d'une personne. Les usagers n'ont pas toujours conscience de rendre ces informations personnelles largement accessibles, ni que la diffusion de ces informations peut être contrôlées par eux. Les plateformes sociales encouragent la divulgation des ces informations, puisqu'elles fonctionnement justement sur ce principe d'exposition personnelle.

Rappelez-vous encore, que si vous regroupez vos activités internet chez un même prestataire, vous augmentez ces capactités à vous "suivre". Si vous utilisez par exemple le courrier électronique Gmail, le moteur de recherche Google et que vous avez installé Google desktop, vous donnez à l'entreprise Google la possibilité de savoir ce que vous cherchez, ce que contient votre ordinateur et le contenu de vos courriers électronique, les adresses emails de vos connaissances...

A l'heure des réseaux sociaux et des moteurs de recherches, certains diront que la notion même de vie / sphère privée est un peu "bousculée". Mais il s'agit là de phases d'adaptation de la société et le droit à la vie privée a encore de beaux jours devant lui.