Contre toute apparence, le bécher – qui désigne un récipient en forme de gobelet utilisé dans tous les laboratoires de chimie de la planète – n’a pas été inventé par Johann Joachim Becher, médecin et chimiste allemand ayant vécu de 1635 à 1682. Et pourtant, cela aurait pu faire sens, puisqu'en allemand, Becher signifie justement gobelet!

Il faudra en fait attendre bien plus tard, au milieu du XIXème siècle, pour que le bécher fasse son apparition officielle sur les rayonnages de verrerie de laboratoire et dans le langage courant des chimistes.

Ce sont deux chimistes qui, parallèlement et sans s’être concertés, ont développé la forme du gobelet de laboratoire qui s'est imposée jusqu'à aujourd'hui.

D'une part, le fameux savant suédois Jöns Jacob Berzelius (1779-1848), considéré comme l'un des pères fondateurs de la chimie moderne, a développé avec l’aide du souffleur de verre Frantisek Kavalier (1796-1853) un gobelet droit en verre, dont la hauteur est environ 2 fois le diamètre. Ce gobelet de forme haute a pris le nom de "bécher de Berzelius".

D'autre part et presque simultanément, le chimiste et éditeur scientifique anglais John Joseph Griffin (1802-1877) a proposé un gobelet droit en verre, mais dont la hauteur est environ 1.4 à 1.5 fois le diamètre. Ce gobelet de forme plus basse a pris le nom de "bécher de Griffin", ou plus simplement de "bécher" ; c’est celui que l'on rencontre le plus fréquemment dans les laboratoires.

Le bécher a toujours une forme droite (contrairement à l'erlenmeyer, de forme conique); la plupart du temps, son bord supérieur est légèrement évasé et il possède un bec pour faciliter le déversement de la solution qu'il contient ainsi que des graduations approximatives de volume.

Alors que les premiers béchers étaient en verre ordinaire, ils furent supplantés dès 1881 par des béchers en verre borosilicate présentant des qualités thermiques et mécaniques exemplaires, développés par quatre scientifiques allemands de renom, Otto Schott, Ernst Abbe, Carl Zeiss et son fils Roderick Zeiss.