Quelle drôle de question!

Reprenons la fameuse maxime "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme", attribuée à tort au grand chimiste français Antoine Lavoisier (et qui trouve son origine chez le philosophe grec Anaxagore). Cette maxime nous indique qu’en chimie, la matière n’apparaît pas de nulle part, et elle ne disparaît pas non plus: elle se transforme.

Il en est de même pour l’eau et pour toutes les substances existantes: Si de l’eau peut sembler "disparaître", c’est qu’elle s’est transformée physiquement (par exemple en passant de l’état solide – la glace – à l’état liquide, ou l’inverse; ou en passant de l’état liquide à l’état gazeux – la vapeur –, ou l’inverse) ou chimiquement (par exemple lors de l’électrolyse, qui transforme les molécules d’eau H2O en molécules de dioxygène O2 et en molécules de dihydrogène H). Mais en aucun cas l’eau "disparaît" et encore moins dans de l’eau, qu’elle soit chaude ou froide!

Prenons une molécule d’eau dont on aurait remplacé les atomes d’hydrogène H par des atomes de deutérium D (le deutérium est le "frère jumeau" de l’hydrogène; il est constitué d’un noyau contenant un proton et un neutron, ainsi que d’un électron; l’hydrogène est constitué d’un noyau ne contenant qu’un proton, ainsi que d’un électron). La molécule ainsi obtenue a la formule D2O et elle est appelée "eau lourde" (car les atomes de deutérium sont, grosso modo, environ deux fois plus lourds que les atomes d’hydrogène).

Si cette molécule est introduite dans de l’eau (qu’elle soit chaude ou froide), elle ne disparaît pas; elle se "fond dans le paysage" tout simplement. Comme elle est légèrement différente (plus lourde), il est possible de la distinguer de toutes les autres molécules H2O. Elle ne sera pas directement "distinguable" des autres molécules et on aura donc l’impression qu’elle a "disparu", mais il n’en est rien: elle est bien là et elle ne s’est pas transformée pour autant.