C’est une question tout à fait pertinente et d’actualité. Il est vrai que certains médias ont véhiculé l’information selon laquelle la température moyenne globale annuelle aurait cessé d’augmenter depuis le milieu des années 1990 jusqu’à aujourd’hui. Cela semble signifier qu’une "pause" dans le réchauffement climatique a eu lieu sur cette même durée. Cette constatation fait certainement suite à la méconnaissance de la science appelée climatologie. Le but de cette dernière est de discerner des tendances dans un système qui change en permanence. Le climat planétaire connaît des fluctuations incessantes; seuls des traitements statistiques permettent d’en différencier les changements plus profonds. Or, sur de courtes périodes, la variabilité naturelle des températures globales domine la tendance au réchauffement. En raison de cette variabilité naturelle, les climatologues ne s’attendent donc pas à une hausse monotone des températures, année après année; ils prévoient cependant une augmentation tendancielle de la température au fil des décennies. Une tendance calculée sur une courte période, comme celle évoquée dans votre question, n’est donc pas une indication fiable à propos du changement climatique à long terme.

Rappelons aussi que dans le dernier rapport du GIEC (1) il est fait mention: "Il est extrêmement probable que l’influence de l’Homme a été la cause principale du réchauffement observé depuis la moitié du XXe siècle. Les preuves s’en sont multipliées grâce à l’amélioration et à la prolifération des observations, à une meilleure compréhension des réactions du système climatique et à l’amélioration des modèles numériques du climat. Le réchauffement planétaire est sans équivoque et, depuis 1950, on observe dans ce système de nombreux changements sans précédent à une échelle temporelle allant de quelques décennies à plusieurs millénaires.". Et de plus, toujours selon le GIEC, "Ces constats montrent que le système climatique absorbe davantage d’énergie: le forçage radiatif a augmenté. Les principaux responsables sont, sans conteste, les gaz à effet de serre (GES) émis massivement par les activités humaines.". Aucun changement de tendance significatif ne peut alors être déduit ces dernières années – d’autant que la dernière décennie a été la plus chaude des archives de température, et que 2010 est même considérée par l’Organisation Météorologique Mondiale comme l’année la plus chaude, devant 2005, elle-même devant 1998.

Par conséquent, la théorie actuelle du réchauffement climatique basée sur le renforcement de l’effet de serre causé par la hausse des GES est toujours valable.

(1) GIECC "Changement climatique 2013: les éléments scientifiques", Vol 1.