Toutes les observations réalisées par des observateurs attentifs de la nature convergent vers une seule et même idée: la terre et les organismes vivants qui la peuplent n’ont pas toujours été ce qu’ils sont aujourd’hui. Ils se sont transformés au cours du temps. A partir du milieu du XVIIIe siècle, en Occident, on s’est peu à peu fait à l’idée que ce temps était de durée quasi infinie à l’échelle de la vie humaine. Aujourd’hui, nos connaissances en biologie moléculaire ne font "que confirmer" une ancienne intuition.

Alors oui, il y a parfois des contestations. Elles sont de deux ordres: 1) il y a ceux qui réfutent l’idée même d’évolution et 2) ceux qui en discutent les processus. Les premiers s’élèvent contre l’idée même d’évolution, parce qu’elle ne correspond pas à ce qui est dit dans des textes anciens. Ils se basent souvent sur des aspects non expliqués des processus évolutifs pour rejeter en bloc toute idée d’évolution. Cela dit, il faut le reconnaître, ce n’est pas parce que l’évolution s’impose comme une évidence, que tous les aspects du processus en sont résolus. On pourrait même dire que c’est à peu près l’inverse: si l’idée générale d’évolution s’impose, nous ne savons encore que très peu de choses sur les détails. Nous en sommes par exemple encore aux prémisses de la compréhension des phénomènes de spéciation (création de nouvelles espèces) et d’embryogenèse (formation des spécimens). Tant qu’on n’aura pas tout compris dans ces domaines, et d'autres, on ne pourra pas expliquer dans le détail comment d’infimes modifications génétiques peuvent être à l’origine de nouvelles espèces, voire de formes de vie très différentes de celles qui préexistaient. Par exemple, comment se fait-il que le soin parental se soit développé au cours de l’évolution? Et comment les phénomènes de l’attachement se sont-ils mis en place ? Nous n’en savons, pour l’heure, strictement rien. Tout ce que l’on peut dire pour l’instant de ces phénomènes, c’est qu’ils existent et qu’ils se sont mis en place progressivement…

Le plus important à retenir de cette question sur l’évolution est, me semble-t-il, qu’elle permet de (re)prendre conscience que les processus évolutifs - la vie, en somme -, est une affaire bien plus "merveilleuse" que ce que notre imagination limitée ne permet de penser. Le vivant n’est pas le produit d'une création spontanée, ou l’oeuvre d’un grand architecte, mais bien le produit d’un processus infiniment long et complexe de transformations successives, et cela depuis l’origine de l’univers jusqu'à aujourd’hui. Comme le disait Oscar Wilde : "Le vrai mystère ne réside pas dans l’invisible, mais dans le visible".