Il est particulièrement délicat de répondre à cette question, car la pratique n’est pas référencée dans les ouvrages qui font autorité en matière de désinfection des milieux naturels.

De manière générale, une eau naturelle qui contiendrait des cadavres humains doit impérativement être considérée comme absolument impropre à la consommation, puisque les produits de décomposition des cadavres se retrouveront dans l'eau. Dans ce cas, l'eau naturelle doit être condamnée et son accès par les populations proches doit être interdit.

Parmi ces produits de décomposition, on peut citer des substances qui sont toxiques à hautes doses pour l'homme et pour le biota, telles la cadavérine et la putrescine. Ces deux molécules simples sont constituées d'une chaîne carbonée (5 carbones pour la cadavérine, 4 carbones pour la putrescine) aux extrémités de laquelle se trouvent des groupements aminés, -NH2. Ces composés sont naturellement produits en faibles doses chez les mammifères vivants, qu'ils soient en bonne ou en mauvaise santé, et ils sont responsables de l'odeur nauséabonde qu'on rencontre chez certaines personnes dont le métabolisme est déréglé.

De plus, si le décès a une origine virale ou bactérienne (par exemple dans le cas d’une épidémie aigüe), les virus ou les bactéries pathogènes qui auront contaminé l'individu de son vivant seront dispersées dans le milieu aquatique naturel et contribueront à contaminer les populations exposées à ce milieu aquatique. Certains agents pathogènes étant particulièrement résistants, les risques de pandémie sont alors renforcés.

Bien qu'il existe de puissants agents de désinfection utilisables pour produire des eaux de boisson à partir d'eaux naturelles (par exemple, le dichlore Cl2, l'ozone O3, l'irradiation par rayonnements ultraviolets), les risques sanitaires inhérents à la présence de cadavres d'animaux ou d'humains sont suffisamment élevés, sans compter les problèmes éthiques reliés à la consommation d'une eau ainsi contaminée, pour qu'une quelconque désinfection soit purement et simplement déconseillée ou interdite.