Il est peu probable que l’on puisse prédire à quoi notre espèce ressemblera dans le futur grâce à la biologie évolutive (ou toute autre connaissance). Des études ont été menées avec des insectes, comme les drosophiles, et avec des bactéries, comme Escherichia coli, au cours desquelles les chercheurs ont expérimentalement essayé de "rembobiner la bande", en utilisant un outil puissant appelé évolution expérimentale.

Les chercheurs ont pris des organismes, qu’ils ont laissé évoluer au cours de plusieurs générations dans un environnement particulier, et les ont ensuite remis dans leur environnement originel (ancestral). Ils ont donc pu tester si ces espèces retournaient à leur état originel. Jusqu’à présent, aucune étude n’a trouvé que ces espèces y parvenaient. Les espèces évoluent, mais dans une direction qui n’est pas la même que celle qui les renverrait à leur état originel.

Cela signifie que l’évolution est contingente à l’histoire, la chance et/ou les inévitables et incontrôlables conditions environnementales du moment, de telle sorte qu’aucune prédiction claire ne peut être faite. Il faut dire que cette conclusion a été tirée à partir de systèmes qui étaient hautement contrôlés par les expérimentateurs.

Si nous extrapolons donc aux êtres humains, vivants dans un monde complexe où plusieurs pressions de sélection agissent, cela devient totalement impossible de prédire dans quelle direction notre évolution nous entraînera.

Cette réponse a été fournie par la partie publique de  Lausanne, capitale de l’évolution  dans le cadre du congrès de ESEB (Société européene pour la biologie évolutive) et traduite de l’anglais par Jessica Delhaye, doctorante du département d’écologie et évolution, Université de Lausanne