La réponse est oui.

Il faut distinguer ici deux cas de figure : imaginer notre corps en mouvement, ou imaginer un objet en mouvement.

Concernant l'imagerie mentale en lien avec des mouvements de notre propre corps, tous les mouvements que nous savons exécuter, nous pouvons les imaginer de façon visuelle ou les imaginer également de façon kinesthésique (les ressentir intérieurement). Ceci est aussi vrai pour des mouvements ‘anciens’. On peut par exemple admettre que si l’on a fait du tennis dans le passé, on peut très bien s'imaginer mentalement faire un service, même si nous n’en avons plus fait pendant des années. Ces réalisations imaginées s'accompagnent d'activations dans le cortex moteur primaire de notre cerveau, notamment dans les régions qui commandent les groupes musculaires concernés par le mouvement en question. De plus, les études modernes d’imagerie cérébrale ont mis en évidence des activations parfois très comparables à celles accompagnant une véritable exécution, également dans les aires de planification et de programmation des mouvements (l'aire motrice supplémentaire et le cortex prémoteur, surtout si l'imagerie est kinesthésique). Une vaste littérature scientifique existe maintenant qui illustre, entre autres avec des techniques d'imagerie cérébrale comme l’IRM fonctionnelle, que les activations cérébrales de l'action imagée et véritable ont beaucoup en commun.

Tournons-nous maintenant vers l'imagination d’un objet, non liée à notre corps, en mouvement ; par exemple, s'imaginer une banane qui vole dans le ciel. On peut le faire également sans difficulté mais, dans ce cas, ce type d’imagerie mentale est purement visuel et non lié à des actions motrices. Il est par exemple bien établi que le temps nécessaire pour identifier un objet dessiné ou en photo ayant subi une rotation par rapport à son orientation canonique (habituelle) est proportionnel à son degré de rotation. Nous effectuons donc une contre rotation mentale, imaginée, de l’objet pour le remettre ‘droit’. Dans ce cas, les activations cérébrales sont présentes principalement dans les aires visuelles associatives.

Il faut noter finalement que tous les individus n’ont pas tous la même facilité à générer de telles images mentales. En outre, en ce qui concerne en particulier les mouvements imaginés du corps ou d’une de ses parties, certains individus ont plus de facilité à générer une image mentale visuelle, d’autres à générer une image mentale kinesthésique.