Les sentiments, qu'on peut aussi appeler les émotions, sont des phenomènes assez complexes, qu'impliquent beaucoup de parties du cerveau.

Néanmoins, l'opinion la plus repandue en psychologie/neurosciences est que les sentiments/émotions prennent leur origine principalement dans des zones du cerveau qui sont anciennes d'un point de vue de l'évolution, et qu'on retrouve non seulement chez l'humain, mais aussi chez d'autres mammifères et d'autres animaux avec un cerveau moins developpé que le notre.

Ces zones du cerveau (le système limbique, qui comprend l'amygdale) se trouvent plutôt au centre et dans la partie basse du cerveau, alors que la partie externe du cerveau (le cortex) est apparue plus tard dans l'évolution, et est à l'origine des fonctions cognitives les plus complexes, souvent typiquement humaines.

Dernièrement on a commencé à s'intéresser au aires du cerveau impliquées dans le contrôle des sentiments. Plus précisement, on étudie les activations du cerveau qui soutendent la régulation des propres émotions, en utilisant des techniques d'imagerie cérébrale, comme l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf).

La régulation émotionnelle peut se faire de differentes manières. Par exemple, on peut se forcer de réinterpréter une situation émotionnelle, afin d'en diminuer ou augmenter son impact émotionnel (cette stratégie de régulation s'appelle le "reappraisal" en anglais). Un exemple serait de se dire que la terrible scène d'accident qu'on voit sur un écran n'est que jouée par des acteurs, et que ce qui semble être du sang n'est que de la sauce de tomate...

D'autres stratégies sont par exemple la suppression de l'expression de ses émotions (par exemple si on est très faché, mais on essaye de le cacher car ça ne serait pas une réaction appropriée à cet instant), ou le détachement (le fait de penser à quelque chose de relaxant).

Même si des stratégies differentes de contrôle et régulation des émotions amènent à des activations cérébrales légèrement différentes, on peut dire que c'est essentiellement l'activité du cortex préfrontal (CPF, la partie antérieure et externe du cerveau, celle qui est au-dessus des yeux) qui est importante dans les contrôle des sentiments. On pense que le CPF va inhiber et réguler l'activité des zones émotionnelles, comme l'amygdale, au centre du cerveau.

L'hypothèse que la régulation des émotions se fait grâce à l'inhibition des zones émotionnelle par le CPF ne vient pas seulement des études en imagérie cérébrale (comme l'IRMf), mais aussi par le fait que des lésions du CPF (suite à des accidents de voiture sans ceinture de sécurité, par exemple) ont des effets dévastateur sur la capacité de contrôler ses sentiments et de se comporter de manière socialement adaptée et acceptée.

Le cas le plus connu de ce genre de lésions préfrontales a eu lieu dans la première moitié du 19ème siècle, quand Phineas Gage, un ouvrier des chemins de fer aux Etats-unis à survecu à une explosion, pendant laquelle une barre de métal lui a transpercé la partie antérieure du crâne. De manière intéressante, M. Gage a conservé toutes les fonctions cognitives et motrices suite à cet accident, faisant au début penser que la perte d'une partie assez considérable de son CPF ne lui avait causé aucun déficit. Mais son entourage s'est vite aperçu des changements massifs de son charactère, de son incapacité de rester concentré et focussé sur une chose, de sa nouvelle tendance de trainer avec les mauvaises personnes, de parler de manière vulgaire en public, etc.

Donc, en résumé, il n'y a pas UNE partie du cerveau qui contrôle les sentiments, mais il y a plutôt toute une série d'aires corticales préfrontales (dans la partie dévant du cerveau, au dessus des yeux) qui sont impliquées dans le contrôle des sentiments et dans la régulation des émotions. Ces aires préfrontales accomplissent cette tâche en allant inhiber, c'est à dire freiner, les zones du cerveau qui par contre genèrent les émotions, et qui se trouvent plus au milieu et dans la partie basse du cerveau. Il est intéressant de retenir, que le cortex préfrontal est la partie la plus developpé chez l'humain en comparaison avec d'autres primates et mammifères, et que c'est aussi le dernier à terminer son développement dans l'ontogenèse (c'est-à-dire dans le développement de chaqu'un de nous de l'enfance jusqu'au stade adulte).