Frère et sœur sont des mots qui désignent une parenté, c’est à dire
le fait que deux personnes aient un ou plusieurs ancêtres communs.
Mais le sens de tels mots varie beaucoup selon les pays, selon les
cultures et selon les situations. Dans la plupart des lois
européennes, on est frères, sœurs ou frère et sœur (ou « germains »
si l’on ne veut pas préciser s’il s’agit de garçons ou de filles)
si l’on a un père, une mère ou les deux parents en commun. Mais,
dans de nombreuses autres civilisations, on ne fait pas de
différence entre frères-sœurs et beaucoup de cousins, comme les
cousins « issus de germains » et bien d’autres. On est alors dans
des systèmes de « parenté classificatoire » parce que beaucoup de
gens, avec lesquels nos ancêtres communs peuvent être très anciens
et oubliés, sont aussi considérés comme des frères et des sœurs. Et
puis il y a aussi l’usage, même en Europe, de considérer qu’un ou
une ami-e proche, ou une personne qui vous rend service, est un «
vrai frère » ou une « vraie sœur » (alors que, justement, ce n’en
est pas un-e au sens de la loi, puisque l’on ne connaît pas de lien
de généalogie entre les deux !). Frère-sœur deviennent alors des
appellations montrant la qualité d’une relation humaine, solidaire
et affective, comme celle qu’ont, en principe, les personnes
élevées ensemble par les mêmes parents ! En généralisant, on parle
aussi de population sœur, ou de pays frère, ou bien d’âme sœur dans
les relations amicales ou amoureuses. Le mot parent a, lui-même un
double sens. Selon l’usage que l’on en fait, il désigne soit
seulement le père ou la mère, soit tout individu avec lequel on a
un ancêtre commun, aussi lointain soit-il. Dans ce dernier cas, on
dit que l’on est « apparenté » avec cette personne, ou « parent »
de cette personne. Comme les fossiles humains et l’étude des gènes
ont montré que les sept milliards d’humains actuels ont pour
ancêtres communs quelques milliers de personnes qui vivait en
Afrique, il y a cent mille ans ou un peu plus, tous ces humains
actuels sont donc apparentés, ou parents. Si l’on parle en termes
de parenté classificatoire ou symbolique, nous sommes donc bien
tous frères et sœurs, comme l’a écrit Nawara! Si seulement nous
pouvions nous comporter en « bons » frères et sœurs, qui ne se
disputent pas trop et cherchent à être heureux ensemble… À la fin
de cette longue réponse, toutefois, le généticien que je suis est
obligé de prolonger la question. En effet, depuis que Buffon a
soupçonné, Lamarck démontré et Darwin répété que tous les êtres
vivants descendent les uns des autres, à partir des formes de vie
les plus anciennes et les plus simples, les études des patrimoines
génétiques des plantes et des animaux confirment que tous les êtres
vivants descendent de ces ancêtres très anciens et très simples.
Nous sommes donc parents, frères et sœurs si l'on veut, non
seulement des humains, mais aussi des lions, des dinosaures, des
fourmis, des sapins… et même de tous les microbes! Le monde vivant
est donc une immense famille, vertigineuse, dans laquelle nous, les
humains, ferions mieux de respecter plus les autres espèces, sous
peine de conduire toute la famille à la catastrophe…