Une bouture de tige permet de régénérer une plante entière à partir d’un morceau de tige. Pour ce faire, de nouvelles racines doivent se développer sur cette tige. Chez certaines espèces végétales, la formation de nouvelles racines sur la tige prélevée va se produire de manière naturelle, sans besoin d’aucun traitement (c’est le cas par exemple pour le saintpaulia). Chez d’autres espèces, l’ajout d’hormones de bouturage sera indispensable. La concentration en hormones de bouturage à apporter va dépendre en premier lieu de l’espèce concernée, donc du contexte génétique. Elle peut aussi dépendre de la localisation initiale du morceau de tige, ainsi que de l’âge et des conditions de culture de la plante mère.

Pour comprendre l’effet «dose dépendent» des hormones de bouturage, on peut d’abord essayer de comprendre ce qu’est une hormone végétale et ses fonctions. Il existe différentes classes d’hormones chez les végétaux (phytohormones), parmi elles les auxines. Le rôle des auxines ne s’arrête pas à leur effet sur la croissance de plante (le nom «auxine» vient du grec «auxein» = croître), elles sont également connues pour leur action sur la création de nouvelles racines. C’est donc pour cette raison que des auxines de synthèse (plus stables que les auxines naturelles) sont commercialisées sous le nom de «hormones de bouturage».

Chez les végétaux comme chez les animaux, une hormone est une molécule produite par l’organisme, qui peut avoir un effet physiologique même à des concentrations très faibles. Cependant, l’effet spécifique d’une hormone va dépendre en partie de sa concentration. A faible concentration, les auxines ont plutôt un effet sur la croissance, c’est à dire l’élongation des racines existantes. Il faut des concentrations plus fortes pour générer de nouvelles racines.  Mais des concentrations trop fortes vont avoir des effets néfastes sur la survie de la plante. D’ailleurs le 2.4D, un des herbicides les plus anciens et les plus répandus est une auxine de synthèse.

Toutes les espèces végétales n’ont pas la même quantité initiale d’auxine et la même sensibilité aux auxines. Et, pour une même espèce, l’âge de la plante, ainsi que la position des tissus peuvent avoir une influence. Pour avoir un effet stimulant sur la production de racines et réussir un bouturage, il faut donc adapter la concentration en apport d’auxines à l’espèce végétale, voire à la plante à bouturer, comme on adapterait la dose d’un médicament à l’âge et au poids d’un malade, sous peine de ne pas avoir d’effet ou au contraire provoquer des effets secondaires non souhaités.