Pendant longtemps, au Moyen Âge et même après, l'existence de la licorne était communément admise, notamment parce qu'on connaissait de nombreuses "cornes" de ces animaux. Il s'agissait en fait de dents de narval, un cétacé qui vit dans l'océan Arctique et dont les mâles possèdent une sorte de "défense" torsadée qui correspond à leur incisive supérieure gauche (toujours celle-là).

Ces "cornes de licorne" étaient souvent conservées dans les églises et leur nature était rarement mise en doute (sauf par les marchands qui les ramenaient, mais qui se gardaient bien de révéler leur vraie origine...). D'autres animaux, encore peu connus jusqu'aux 17 et 18ème siècles, ont pu alimenter le mythe de la licorne, tels que les rhinocéros d'Inde et de Java qui ont, effectivement, une seule "corne" sur le museau (la corne du rhinocéros est constituée de poils en kératine agglomérés, les cornes des vaches sont constituées d'un étui de kératine recouvrant de l'os, tandis que la "corne" du narval est une dent, donc constituée d'émail et de dentine).

Un rhinocéros qui a disparu il y a peut-être 29'000 ans, l'Elasmotherium, possédait une énorme corne sur le museau, mais son existence est trop ancienne pour qu'elle ait influencé des mythes de l'homme moderne. Il est certain que la licorne de nos rêves et de nos dessins animés n'existe pas actuellement et n'a jamais existé; elle restera un animal qui peuple nos mondes imaginaires.

Un excellent livre, "Fossiles et croyances populaires", écrit par Eric Buffetaut vient de paraître aux éditions du Cavalier Bleu. Il y est question de licornes et de plein d'autres mythes en lien avec les fossiles.