La laideur n'existe que dans le cerveau de celui qui la regarde et est insensible à la beauté de son vis-à-vis! La laideur, comme la beauté, est une construction culturelle, donc arbitraire par rapport à l'état matériel du monde. Un jugement esthétique s’élabore en fonction des traditions et de l'éducation d'une ethnie, de l'histoire personnelle, des conditionnements et des émotions de celui qui le porte, ainsi que du contexte où il s'exerce.

Les critères de laideur, comme de beauté, varient avec les civilisations, les classes sociales et les modes, ainsi qu'avec l’histoire de chacun. Il n'existe pas de gens laids, mais seulement des gens perçus comme laids. Parce qu'ils ne correspondent pas aux critères arbitraires d'une société et d'une époque, parce que certains de leurs traits évoquent des expériences négatives de ceux qui les regardent, ou parce qu'ils sont vus dans un contexte répulsif.

Les mannequins squelettiques qu'exhibent nos publicités sont perçues comme très laides par la plupart des africains, tandis que leurs femmes dites "considérables" ne nous séduisent pas toujours! Notre génération considérait comme très laid de rentrer sa chemise ou son T-shirt dans son pantalon, comme mon grand père, ou de porter des chaussettes avec des sandales. Mais il suffit d'un rappeur pour inverser le cours de la laideur et remettre socquettes-claquettes à la mode, en attendant celui qui remettra son T-shirt dans son pantalon! Et puis, en regardant bien des couples, on réalise que le désir et l'amour viennent, en général, à bout de toutes les laideurs présumées…