Tout d’abord il est important de distinguer l’humour et le rire qui sont des expressions différentes de la gaieté et de l’amusement. Alors que le rire existe chez certains animaux, l’humour semble être propre à l’homme, même si certains comportements chez les singes peuvent faire penser à de l’humour. Plus subtile que le rire, celui-ci est une forme d’esprit qui implique une aptitude à s’identifier à autrui ou à prendre du recul par rapport à sa condition humaine. Pour toute la période préhistorique, qui ne possède pas l’écriture, nous sommes malheureusement démunis puisqu’il n'existe pas de traces de ce qui pouvait faire rire.

Selon Steven Légaré qui a étudié les origines du rire et de l’humour à l’Université de Montréal, la fonction première de l’humour est la socialisation. Ce n'est qu'après "l'évolution du langage que l'humour verbal a pu commencer à participer au processus de socialisation. Impossible d'y recourir si l'on ne manie pas suffisamment le langage". Ceci excluerait les formes les plus anciennes des hominidés, comme les australopithèques, les homo habilis et les homo erectus pour parler des plus connues, auxquelles on n’associe pas un langage à proprement parlé.

Pour reprendre les données de cet auteur, "la manifestation de l'humour aurait ainsi pu fonctionner au cours de l'hominisation comme indicateur de valeur adaptative. Une fois développé, l'humour verbal aurait, peu à peu, gagné en sophistication et en complexité, ce qui illustre sa remarquable variabilité culturelle contemporaine". Selon Steven Légaré, "l'ethnologie nous informe que la moquerie, l'exagération et l'ironie constituent probablement les formes d'humour les plus anciennes, puisqu'elles sont universelles. En revanche, l'humour fondé sur des ambigüités phonologiques, lexicales et syntaxiques, pratiqué seulement dans les sociétés possédant l'écriture, est forcément plus récent".