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Un peu d'histoire

Nikita Khrouchtchev et Joseph Staline en janvier 1936
Nikita Khrouchtchev et Joseph Staline en janvier 1936
En 1954, dans l'indifférence générale, la République autonome de Crimée est "offerte" à l'Ukraine par Khrouchtchev, alors premier secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique. Soixante ans plus tard et au vu des événements de l'hiver 2014, il semble que les Russes aient changé d'attitude vis-à-vis de cette presqu'île de la Mer Noire qu'ils avaient jadis délaissée.

En 1998, la Crimée comptait 2,5 millions d'habitants dont 65% parlaient russe, 22% l'ukrainien et 10% les langues altaïques des Tatars, une des premières ethnies à avoir élu domicile en Crimée. Avant eux, la région avait successivement été colonisée par les Grecs (VIe siècle avant notre ère) puis les Goths, les Huns, les Khazars, les Russes et les Coumans.

Annexion et russification
En 1783, au terme de la première guerre russo-turque (1788-1774), la Crimée jusque là indépendante est annexée par la Russie de Catherine II. Dès 1921, la presqu'île devient une république autonome sous le nom de république du Tatarstan, un geste du pouvoir soviétique visant à réparer les mauvais traitements infligés aux Tatars pendant la période tsariste.

Dès 1928, cette bienveillance prend fin, cédant la place à de nouvelles campagnes de russification et de soviétisation. En un peu plus de dix ans, entre 35'000 et 40'000 Tatars sont emprisonnés ou déportés. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, ils sont collectivement accusés de collaboration avec les nazis et bannis de Crimée par un décret de Staline datant de 1944. Deux ans plus tard, en 1946, la République autonome de Crimée est abolie et entièrement repeuplée par des Russes.

Chute de l'URSS et premières tensions
Lorsque Nikita Khrouchtchev remplace Staline aux commandes de l'URSS en 1953, il dénonce la politique "injustifiée" de déportations voulue par son prédécesseur et rend quelques-uns de leurs droits aux Tatars. Ils ne sont pas pour autant autorisés à rentrer dans leur propre pays. Il faut attendre 1991 pour que le Soviet suprême déclare "illégales et criminelles" les lois encadrant ces déportations, réhabilitant (sans indemnisation) les exilés.

En août 1991, peu de temps après la chute du Bloc de l'Est, la possession de la Crimée attise les tensions entre la Russie et l'Ukraine, notamment en raison du stationnement de la flotte russe en mer Noire. Le Parlement de la fédération de Russie déclare nul et caduc le transfert de 1954 qui rattachait la Crimée à l'Ukraine et donne le statut de République autonome à cette région.

Situation complexe
Lors des premières élections à la présidence de la Crimée, organisées en janvier 1994, cinq des six candidats à la présidence soutiennent publiquement le rattachement de la Crimée à la Russie. Iouri Mechkov, vainqueur de ce suffrage, promet aux électeurs un référendum sur l'indépendance de la région. Il est finalement remplacé par un sondage au cours duquel plus de 70% des électeurs de Crimée votent en faveur d'une plus grande indépendance vis-à-vis de l'Ukraine.

Un an plus tard, en mars 1995, le Parlement ukrainien décide d'annuler l'autonomie accordée par la Russie à la République de Crimée. Aujourd'hui pourtant, elle est toujours une entité autonome dotée de sa propre constitution mais faisant partie "intégrante et inséparable" de l'Ukraine.

RTS Découverte

Sources: Université de Laval

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