C'est une question intéressante à laquelle différentes réponses se prêtent. Si j'interprète bien votre question, vous partez implicitement de l'idée qu'une mondialisation aura globalement comme résultat une homogénéisation culturelle ou une 'disparition' des cultures. Cette idée avait ses défenseurs dans le monde des sciences sociales: selon une approche classique la globalisation a pour conséquence la standardisation et la commercialisation. La vision est ici celle d’un monde complètement imprégné et homogénéisé par les idées de l’Occident. Ces auteurs sont d’avis que l’Ouest a un grand pouvoir pour diffuser des idées issues de cette partie du monde et ils projettent donc l’expansion d’une forme de modernité homogénisante. Ces auteurs parlent de « Westernisation » ou « Americanisation », mais ils utilisent aussi les mots clés de « McDonalisation et Coca-colisation » pour montrer le danger d’homogénéisation culturelle. La critique la plus forte est que les idées qui circulent globalement, par exemple par la télévision, viennent de l’Ouest et que leurs auteurs réfutent toute alternative.

D’autres auteurs rejettent l’hypothèse de cette homogénéisation culturelle et proposent deux idées alternatives importantes: ils insistent d’abord sur le fait que la mondialisation engendre la créativité et l'hétérogénéité culturelle. Ils expliquent ce fait par l’observation de processus de créolisation et d’hybridation. Cela signifie qu'ils sont face à un mélange d’éléments globaux et locaux ayant pour effet l’apparition de nouvelles formes culturelles (p.ex. l'ethno-musique). Dans cette façon de penser, on part de l’idée que des symboles globaux (montrés par exemple à la télévision) sont adaptés localement de manière très différente, selon ce qu’il y avait avant et selon le contexte. Des contenus similaires diffusés par la télévision sont donc perçus différemment par des personnes au Kenya, à Bangkok ou encore dans un petit village de Nouvelle-Zélande. La rencontre entre les idées diffusées et les idées locales engendrent de nouvelles formes culturelles - et dans ce contexte de mondialisation, la créativité culturelle serait donc augmentée.

Ces auteurs rejettent ensuite l'idée qu'il existerait quelque chose comme des "cultures" bien délimitées, stables et éternelles, qui imprégneraient la manière de penser et d’agir des personnes, comme un bagage dont on ne pourrait pas se débarrasser. Au contraire, ces auteurs proposent de comprendre qu'une 'culture' authentique et stable avec des frontières bien délimitées n'a jamais existé mais que la manière de voir et d’interpréter le monde (ce qui est la culture) est constamment en mouvement même au sein d'un groupe bien défini. La diversité culturelle n'est ainsi pas en danger, puisque toute culture est toujours le résultat temporaire des différentes influences et est en mouvement de manière permanente.