Il est difficile de reconstituer les gestes des chasseurs-cueilleurs ayant vécu il y a plusieurs centaines de milliers d’années, étant donné la rareté des traces et des vestiges de cette période, en ce qui concerne la découverte du feu notamment. Pour comprendre le passé, les archéologues se réfèrent souvent aux sociétés actuelles, mais pour la période si ancienne qui nous occupe ici il faut reconnaître les limites d’une démarche qui s’appuie sur des analogies avec des sociétés plus récentes.

Les premières tentatives de maîtrise du feu ont vraisemblablement lieu entre 700’000 et 500’000 ans. Comme l’avait précisé Alain Gallay dans ce forum, "l’utilisation du feu devient incontestable à la période où vit Homo erectus, mais elle reste très rare. Le feu n’est pas systématiquement utilisé et continue à n’être que collecté de façon épisodique." A cette période, les hommes exploitent exclusivement des ressources alimentaires sauvages (animaux et végétaux). Etant donné l’armement disponible à cette période, la chasse était dirigée vers les espèces de taille petite à moyenne, loin de constituer des amas de corps organiques susceptibles de fermenter. Les charognards devaient également limiter la présence des restes des carcasses. De plus, les hommes préhistoriques produisaient sans doute peu de déchets car outre des ressources alimentaires, ils tiraient des animaux plusieurs matières premières nécessaires à leur vie quotidienne: os, peau et tendons étaient vraisemblablement déjà prélevés par les Homo erectus.

Quant à la fermentation conduisant à l’inflammation de végétaux, elle est vraisemblable mais sans doute plus rare, dans un contexte de sociétés paléolithiques sans agriculture, que les incendies naturels dus à la foudre ou à du volcanisme pour certaines régions. Les grandes déchetteries actuelles ne répondent guère à la réalité des petits groupes d’hommes préhistoriques qui produisaient peu de déchets, qu’ils soient animaux ou végétaux.