Roland, ce sont bien sûr les célèbres boîtes à rythmes TR 808 et TR 909, dont on ne citera jamais assez l'importance dans les sons du hip-hop, de la house et de la techno. Ce sont aussi les gammes de synthétiseurs mythiques Jupiter et Juno - dont le son sillonne la synthpop des années 80.
Mais surtout, Roland et son fondateur Kakehashi sont les artisans, en collaboration avec l’ingénieur américain Dave Smith, de l'interface MIDI. Si cette technologie n’existait pas, il serait tout simplement impossible aujourd'hui de faire de la musique dans sa chambre.
Culturellement, nous devons donc beaucoup à Ikutaro Kakehashi, lui qui a renommé en 1972 sa société du nom d’un célèbre poème épique médiéval français, la Chanson de Roland. Une référence involontaire, malgré ce qu’on croira pendant longtemps. Pour l'anecdote, Kakehashi était tombé par hasard sur ce nom dans un annuaire téléphonique. Il cherchait un nom en deux syllabes qui puisse facilement être prononcé par ses partenaires autour du globe. Roland était particulièrement pratique, d’autant plus qu’aucun autre fournisseur ne commençait par la lettre R.
Dans un Japon qui se reconstruit, il est essentiel pour la marque de se fondre dans un marché occidental. Ikutaro Kakehashi en sait quelque chose, lui qui, né en 1930, a connu les grands conflits de son pays, perdu son père à la guerre, et frôlé la mort, atteint d’une tuberculose grave.
Cela fait beaucoup d’émotion pour les fans de machines à musiques, de transistors et de savoir-faire à la japonaise - si bien que déjà en 2013, le fondateur de Roland avait reçu, avec Dave Smith le technical Grammy pour contribution à la musique électronique … à 84 ans.