Signature [RTS]

Signature

Autant le dire tout de suite, rien, vraiment rien, ne nous pousse à concéder à Raoul Weil un solde de sympathie. A Fort Lauderdale en Floride, son procès nous rappelle à quel point, dans les belles années extravagantes d'UBS, notre première banque chassait les fortunes comme le braconnier l'éléphant. C'était interdit, et alors? Si les autres le font, pourquoi laisser passer devant nous cet ivoire si convoité? Pour les Suisses, c'est loin la Floride. Et c'est un nobody ce Raoul Weil. Personne n'a entendu le son de sa voix... Serré par des lunettes carrées et un costume gris, l'ex-big boss de la gestion de fortune d'UBS est bien encadré, mais sans charisme. Tant pis. Ce sera lui. Et il paiera la note pour les autres. Raoul Weil ne vous emballe pas, c'est son procès qui vous titille... Car il y a bien un parfum de vengeance qui rôde depuis deux semaines à Fort Lauderdale. Pas celle de l'Oncle Sam contre la petite Suisse. Non, non... c'est plus profond que cela, c'est enfoui en nous. Notre inconscient nous pousse à jubiler. Allez, dites-le: "merci les Etats-Unis pour ce règlement de compte en duplex". Le procès Weil, c'est la purge de nos frustrations face à tous les grands méchants que nous n'avons pu juger. A commencer par son ex-patron arrogant, Marcel Ospel et tous les dirigeants d'UBS dont l'incompétence était à la hauteur de leur disparition après la crise. Peter Wuffli, Peter Kurer, Marcel Rohner. Et puis il y avait aussi Swissair: Philippe Bruggisser, Mario Corti.... Ne les appelez pas trop fort, chuchotez s'il vous plait, ils sont sortis de la scène en chaussettes, sur la pointe des pieds pour refaire une carrière discrète. Mais me direz-vous, il s'agit là d'assouvir de bas instincts revanchards... Non, même incomplète, c'est une psychanalyse que nous sous-traitons en Floride. Alors merci, Fort Lauderdale. Frédéric Mamaïs
Frédéric Mamaïs: en Floride, la Suisse juge ses fantômes