Crise entre l'Ukraine et la Russie. [Fotolia - jd-photodesign]

Korine Amacher: les mémoires divisées dʹUkraine et de Russie

Dans les périodes de tensions politiques, lʹhistoire est un instrument largement utilisé et instrumentalisé pour justifier les revendications de chacun. Cʹest actuellement le cas en Ukraine comme en Russie. Décryptage avec lʹhistorienne Korina Amacher.

Depuis la chute du régime communiste et lʹexplosion de lʹURSS, les nouveaux pouvoirs ont entrepris une réécriture du passé et une réinterprétation de faits ou de personnages historiques leur permettant dʹassoir et de légitimer leurs nouvelles identités nationales. Si les dirigeants politiques jouent un rôle important dans ce processus, les intellectuels (universitaires, journalistes, écrivains, artistes, etc.) font, eux aussi, "usage" du passé à travers les discours, les médias, les phénomènes dʹopinion publique, lʹenseignement ou les productions littéraires et artistiques, etc.

La crise actuelle en Ukraine est un cas dʹécole de lʹusage politique de lʹhistoire nationale. De la période la plus ancienne à celle du XXe siècle, le passé est constamment sollicité en Ukraine comme en Russie. Des révoltes cosaques du XVIe siècle à la Seconde Guerre mondiale, en passant par les événements révolutionnaires de 1917-1921, les conflits sont lus dans une perspective binaire: libérateurs versus oppresseurs. Or la Russie et l'Ukraine ont une histoire commune et partagée qui permet de mieux comprendre cet espace aux mémoires divisées.

A lire:
"Histoire et mémoire dans lʹespace postsoviétique. Le passé qui encombre", Korine Amacher, Wladimir Berelowitch (dir.), Louvain-la-Neuve, Academia Bruylant, 2014

Une émission de Laurence Difélix
Korine Amacher: les mémoires divisées dʹUkraine et de Russie