• Nedim Gürsel : "Le Fils du Capitaine"

    24 juillet 2016
    Durée: 55:59
    Dans un récit qui résonne parfois comme une harangue, un vieux journaliste revient sur une enfance auprès d’un père militaire. Au passage le romancier Nedim Gürsel égratigne son pays d’origine et n’épargne pas son président actuel. Certains choisissent la plume, d’autres l’ordinateur. Le narrateur créé par Nadim Gürsel préfère le magnétophone. Sans doute cela donne-t-il plus de chair et de colère à son récit. Rejeton d’un militaire et orphelin de mère, le fils du capitaine vit avec sa grand-mère dans les garnisons, au gré des assignations paternelles, avant d’intégrer un pensionnat à Istanboul où il découvrira la réclusion, mais aussi la camaraderie et le sexe. En filigrane, l’histoire de la Turquie. Pendant que le fils tombe éperdument –et malheureusement- amoureux, le père poursuit sa carrière et participe activement, entre deux verres d’alcool fort, au coup d’Etat militaire de 1960 ce qui lui vaudra le surnom de Hasan le Pendeur. A qui cet écrivain raté qui fut un journaliste médiocre fait-il ses confidences? S’agit-il du premier jet d’un livre rêvé, d’un long monologue ? Ou doit-on croire tout simplement, et comme le suggère le narrateur, à des radotages? Le récit, plutôt sombre malgré l’humour grinçant, est éclairé par le regard amoureux et inconditionnel que le fils du capitaine pose sur Istanbul, les rives du Bosphore et la littérature. Par Anik Schuin Lectures : Nicolas Rinuy A lire : Nedim Gürsel : Le Fils du capitaine, Editions du Seuil Une nouvelle diffusion de l’émission du 10 février 2016
  • Marie Gaulis : "Le Royaume des oiseaux"

    22 juillet 2016
    Durée: 55:56
    Les âmes de quatre ancêtres flottent quelque temps encore auprès du château dynastique. Avant de quitter définitivement le monde des vivants, chacune se confie et évoque son attachement à ce lieu peu à peu rattrapé par la modernité. En donnant voix à ses aïeux, Marie Gaulis livre un magnifique récit familial. Et une réflexion sensible sur la question de la tradition, de l’héritage et de la transmission. Doté du titre de comte, Maximilien a toujours vécu sous les tourelles de son château savoyard, lieu figé dans une étrange suspension du temps. En seconde noce, Max a épousé une jeune Américaine fraîchement sortie du couvent : Marie Read. Celle-ci a dépensé sa dote pour entretenir la bâtisse décatie, et son énergie à sortir son époux d’une torpeur toute aristocratique. Joson, fils de Max et Marie, a parcouru le Grand Nord américain avant d’honorer la tradition et prendre femme à son tour : Théodora, une jeune fille de la bourgeoisie parisienne, douée d’un joli talent d’artiste peintre. Du haut de leur poste d’observation, les quatre âmes se confient successivement, constatant avec résignation que les temps ont changé. Entre chaque confidence, l’une de leur descendante bien ancrée dans la vie d’aujourd’hui écoute le bruissement des morts et livre ses réflexions d’héritière. Elle se nomme Marie, elle porte son regard aimant et amusé sur une lignée qui a longtemps vécu hors du temps. Regard ethnologique aussi sur une tribu aristocratique contrainte à la déchéance, à l’image des tribus amérindiennes qui ont disparu dans les contingences de la modernité. Tout s’est évaporé, sauf la permanence ancienne et chaque jour rafraîchie des buis, des houx, des hêtres et des lierres. Par Jean-Marie Félix Lectures : Heidi Kipfer A lire : Marie Gaulis : "Le Royaume des oiseaux", Editions Zoé Une nouvelle diffusion de l’émission du 19 janvier 2016
  • Olivier Adam : "La Renverse"

    21 juillet 2016
    Durée: 55:47
    Dans une petite ville près de Paris, le sénateur maire et son adjointe ont été impliqués dans une grave affaire de mœurs. Dix ans après les faits, Antoine se souvient de cette histoire sordide qui a détruit sa famille lorsqu’il était adolescent. S’inspirant de faits réels largement commentés par la presse, Olivier Adam livre le sombre récit d’un jeune homme en fuite. Il s’appelle Antoine, il n’a pas trente ans et sa vie d’adulte n’a pas encore commencé. Comme de nombreux personnages d’Olivier Adam, le jeune homme a trouvé refuge aux confins des terres, sur la côte bretonne. Depuis son adolescence, il est resté absent à lui-même J’étais tout à fait imperméable à ce qui touchait à ma propre vie, écrit-il. En apprenant la mort du sénateur maire de la petite ville où il a grandi, Antoine se remémore l’affaire qui l’a plongé dans la torpeur. Sa mère, alors adjointe du maire, a été impliquée avec celui-ci dans une affaire mêlant sexe et politique. L’affaire s’est conclue par un non-lieu, mais l’une des victimes présumées s’est donné la mort et la famille d’Antoine a sombré dans le mutisme. Une fois encore, Olivier Adam tire le portrait saisissant d’une société moyenne déclassée, décentrée, désemparée. Portrait aussi d’une corporation politique sans scrupule, où l’impunité et les petits arrangements entre ennemis sont courants. Mais au delà du constat sociopolitique, l’auteur excelle à exprimer le vague à l’âme d’une jeunesse qui a cessé de rêver. La vie n’est pas passée. La vie n’est pas finie. Elle n’a même pas commencé. Par Jean-Marie Félix Lectures : Frank Semelet A lire : Olivier Adam: La Renverse, Editions Flammarion Une nouvelle diffusion de l’émission du 16 Février 2016
  • Gaëlle Josse : "L’Ombre de nos nuits"

    20 juillet 2016
    Durée: 55:46
    Par un jour de pluie, une femme pousse la porte d’un musée et découvre une toile d’après Georges de La Tour. Alors surgit en elle le douloureux souvenir d’une liaison passionnelle. Au récit de la femme, se mêlent les confessions du peintre lors de la création du tableau. Et les observations de son apprenti. Subtils jeux de miroirs et de regards. Du tableau peint par de La Tour, ne subsistent plus que quelques copies dont un exemplaire est exposé au musée des Beaux-Arts de Rouen. A la lueur de la lanterne, Irène extrait une flèche de la cuisse gauche de Sébastien. Par un jeu de clair-obscur, le regard est dirigé vers le visage irradiant de la sainte, entièrement dévouée à sa tâche. "Tu vois, c’est ainsi que je t’ai aimé. Comme cette jeune femme penchée sur ce corps martyrisé à tenter de retirer cette flèche qui l’a blessé." Ainsi commence le récit d’une femme anéantie par une relation passionnelle qu’elle a vécue avec un homme aujourd’hui disparu. Amant qu’elle a cru pouvoir guérir de ses blessures et démons intérieurs. Avant que celui-ci ne se perde dans sa nuit. En parallèle, se mêle la voix de Georges de La Tour évoquant jour après jour l’avancement de sa composition. On est en 1639, à Lunéville en Lorraine. C’est Claude, la fille du peintre, qui sert de modèle pour la figure d’Irène. Claude, une jeune femme qui secrètement se meurt d’amour pour un beau soldat. En coulisse, pétri d’admiration pour son maître, le jeune apprenti observe. Dans la pénombre, il regarde le peintre scruter son modèle. Dans son for intérieur, le jeune homme livre sa fascination pour le mystère de la création et son amour pour Claude… Regards enchâssés. L’Ombre de nos nuits, un roman pluriel aux multiples reflets de sens et de lumière. Par Jean-Marie Félix Lectures : Heidi Kipfer A lire : Gaëlle Josse : L’Ombre de nos nuits , Editions Noir sur Blanc Une nouvelle diffusion de l’émission du 2 février 2016
  • Alice Zeniter : "Juste avant l’Oubli"

    19 juillet 2016
    Durée: 56:08
    Une quinzaine de chercheurs se réunissent sur une île désertée des Hébrides pour un colloque international. Leur sujet d’études : l’œuvre d’un célèbre écrivain de romans noirs disparu trente ans auparavant. Dans ce huis clos venteux va se dénouer une liaison amoureuse, bouleversée par une intense passion littéraire. Il se nomme Galwin Donnell. Il est considéré comme le maître absolu du polar britannique. Son œuvre composée d’une dizaine de livres fait l’objet d’innombrables recherches universitaires. En ermite misanthrope, l’homme a passé les vingt dernières années de sa vie sur l’île abandonnée de Mirhalay avant de disparaître mystérieusement. Laissant un dernier roman inachevé. Elle s’appelle Emilie. Passionnée par l’œuvre de Donnell, elle prépare une thèse sur les figures féminines dans l’œuvre de l’écrivain. A ce titre, elle est chargée d’organiser les Journées d’études internationales sur Galwin qui se tiendront à Mirhalay. Ile sanctuaire. Le compagnon d’Emilie c’est Franck, un infirmier parisien qui n’a aucune ambition autre que de vivre paisiblement auprès de celle qu’il aime. Après trois mois de séparation forcée, il s’apprête à la rejoindre pour assister au colloque… en spectateur. Juste avant l’Oubli est construit sur la forme bien connue du triangle amoureux. Au fil des journées studieuses, la relation entre Emilie et Franck sera peu à peu phagocytée par l’ombre de l’écrivain disparu. S’imposera alors le combat entre la survie et l’Oubli. La jeune Alice Zeniter livre là un roman d’une grande habileté narrative. Avec malice, elle se joue des codes du roman noir en inventant de toutes pièces l’œuvre d’un auteur fictif. Selon elle, il s’agit d’un "métapolar amoureux". Au cœur de l’affaire réside la jouissance de l’écriture, résumée par cette déclaration solennelle : la littérature est un Kama Sûtra intellectuel. Par Jean-Marie Félix Lectures : Stéphanie Kohler A lire : Alice Zeniter : Juste avant l’Oubli, Editions Flammarion Une nouvelle diffusion de l’émission du 24 novembre 2015
  • Philippe Besson, Les passants de Lisbonne, Julliard

    18 juillet 2016
    Durée: 55:52
    Elle vient de perdre son mari dans un terrible séisme survenu à San Francisco. Lui s’est fait quitter abruptement par son jeune amant portugais. Elle et lui se rencontrent dans le bar d’un hôtel lisboète au charme suranné. En évoquant cette rencontre nimbée de "saudade", Philippe Besson ausculte le moindre mouvement des cœurs face à la perte de l’être aimé. Sensible et plein de tact. Y a-t-il une hiérarchie dans la souffrance des cœurs ? La mort accidentelle d’un mari est-elle plus dramatique qu’une rupture amoureuse ? A ces questions, l’auteur répond avec la subtilité qu’on lui connaît à travers le rapprochement fugace de deux êtres désemparés. Elle se nomme Hélène, elle est parisienne. Son mari architecte a disparu dans le Big One, tremblement de terre qui a décimé la côte ouest des Etats-Unis. A distance, en regardant les images de télévision, Hélène n’a pu qu’assister impuissante à la catastrophe. Elle a d’abord cherché des traces de vie de son mari, avant de se résoudre à n’obtenir que des preuves concrètes de mort. Il s’appelle Mathieu. Il vit entre Paris et Lisbonne où il enseigne la littérature. Il a été quitté par un jeune étudiant devenu son amant. Depuis, Mathieu erre dans les rues et le port de la ville côtière, en quête d’aventures et d’oubli. Au fil de leurs rencontres quotidiennes, Hélène et Mathieu vont se lier d’une estime réciproque. Chacun écoute, sans jugement, simplement disponible à la détresse de l’autre. Chacun se raconte avec la sincérité que procure le désespoir. L’estime mutuelle devient alors fraternité. En arrière-fond, les bruissements d’une ville intranquille, suintant de mélancolie, si bien évoquée par Pessoa. Un disparu est un disparu. Peu importent les circonstances de la disparition. A la fin, ce qui compte, c’est qu’on est seul, affreusement seul. Dépareillé. Démuni. Par Jean-Marie Félix Lectures : Frédéric Lugon A lire : Philippe Besson : Les Passants de Lisbonne, Editions Julliard Une nouvelle diffusion de l’émission du 5 janvier 2016
  • Philippe Claudel : "L’Arbre du pays Toraja"

    17 juillet 2016
    Durée: 56:02
    Le narrateur entre dans la cinquantaine avec le sentiment d’entrer sur un ring où le match a déjà commencé. Il ressemble singulièrement à Philippe Claudel. Comme lui, il navigue entre écriture et cinéma. Il doute, il rumine, il se prend la tête notre narrateur sans nom et sans prénom. Son dernier film n’a pas touché la cible. Le prochain peine sérieusement à s’esquisser. Même les mots ont tendance à se rebeller. Dans les premières pages, il rentre d’un voyage en Indonésie, troublé par sa rencontre avec les Toraja, un peuple qui fait de la mort son «point focal». Quand nous brûlons ou enterrons, les Toraja, eux, confient leurs morts à des arbres. "Qui donc est dans le vrai ?" A peine débarqué à Paris: coup de massue. Le narrateur apprend que son seul et meilleur ami souffre d’un « méchant cancer ». « Depuis quelques années la mort m’encercle ». Le temps est-il venu de changer de stratégie? "Qu’est-ce que c’est les vivants?". Un an plus tard l’ami meurt sans laisser le narrateur plus apaisé. "Le remords, le temps, la mort, le souvenir ne sont que les différents masques d’une expérience qui n’a pas de nom dans la langue, et qu’on pourrait au plus simple désigner par l’expression usage de la vie". La passion de l’alpinisme, la silhouette de Milan Kundera, le gros cigare de Godard, l’ombre de Michel Galabru, la classe de Michel Piccoli, des livres de chevet, des chansons et des citations cinématographiques… mais encore l’amitié, l’amour, la vie, la mort… Déguisée en roman, Philippe Claudel livre une quête philosophique sensible et personnelle. Par Marlène Métrailler Lectures : Georges Grbic A lire : Philippe Claudel : L’Arbre du pays Toraja, Editions Stock A lire également du même auteur : Les Confidents (nouvelles), Editions Flammarion, 2015 Rambétant, Editions Circa 1924, 2014 Jean-Bark, Editions Stock, 2013 Parfums, Editions Stock, 2012 Une nouvelle diffusion de l’émission du 28 janvier 2016
  • Cécile Ladjali : "Illétré"

    15 juillet 2016
    Durée: 55:51
    Parce qu’il ne sait ni lire ni écrire, le jeune Léo ne parvient pas à déchiffrer un monde qui va peu à peu se refermer sur lui. A travers un personnage fragile et attachant, Cécile Ladjali poursuit ses réflexions sur le langage, source essentielle de l’estime de soi et du bonheur. Léo est allé à l’école jusqu’à treize ans. Elevé par sa grand-mère analphabète, il a appris à lire et à écrire, un peu et avec peine. Mais depuis qu’il travaille en usine il a tout oublié. A vivre en dehors des signes, le jeune homme se sent peu à peu exclu voire menacé. La rencontre avec une jolie infirmière le remet sur la voie des mots et du lien. Mais la bonne volonté et l’amour suffiront-ils à réintégrer Léo ? Cécile Ladjali, après plusieurs essais autour de la littérature et du langage, choisit la fiction pour dire les béances et les angoisses que provoque un mal invisible et pourtant très présent dans nos sociétés. Par Anik Schuin Lectures : Yves Jenny A lire : Cécile Ladjali : Illétré, Editions Actes Sud A lire également du même auteur : Ma Bibliothèque, Lire, écrire, transmettre, Editions du Seuil, 2014 Shâb ou la nuit, 2013 Mauvaise langue, Editions du Seuil, 2007, prix Femina pour la défense de la langue française Eloge de la transmission : Le Maître et l’élève. Entretiens avec George Steiner, Editions Albin Michel, 2003 Une nouvelle diffusion de l’émission du 27 janvier 2016
  • Michel Rime : "Hugo Pratt : La rencontre de Buenos Aires"

    14 juillet 2016
    Durée: 55:55
    Octobre 1952 : le célèbre Corto Maltese, écumeur des mers, rencontre son jeune créateur Hugo Pratt dans un bar de Buenos Aires et se confie à lui. C’est le scénario malicieux qu’a imaginé Michel Rime, journaliste et grand connaisseur de la bande dessinée, dans une nouvelle très documentée. Où tout est vrai, même si tout y est faux. Cela fait vingt ans exactement que Hugo Pratt a définitivement mis les voiles après avoir trouvé en Suisse romande son dernier port d’attache. Une bonne raison de rendre hommage au dessinateur à travers la nouvelle qu’a publiée récemment Michel Rime. La rencontre se passe quelques années après la deuxième guerre mondiale dans la capitale argentine. Corto Maltese a 65 ans, sa fameuse tignasse noire de jais commence à blanchir, ses souvenirs à se griser. Dans un bordel du quartier portègne de La Boca, le marin découvre un jeune homme de 25 ans passablement éméché, chantant une ancienne berceuse. Il apprendra son nom : Hugo Pratt. C’est lui que Corto cherchera à rencontrer pour lui livrer ses souvenirs d’aventurier. Souvenirs que Pratt reproduira sur le papier par la suite. Cette aventure posthume trouve son origine dans un voyage que Michel Rime a fait à Buenos Aires, sur les traces du jeune dessinateur qui y a vécu au sortir de la guerre, alors que celui-ci imposait déjà son coup de crayon et son imaginaire. Michel Rime le sait : Pratt a parfois laissé entendre qu’il a rencontré Corto Maltese pour de vrai. Il suffisait de le croire et imaginer la rencontre entre le créateur et la créature. Pour de vrai ou pour de faux. Peu importe. Invité Michel Rime Lectures : Michel Voïta Musique : Daniel Perrin (bandonéon) Mise en ondes : Jean-Marie Félix Prise de son : Bastien Moeckli Une nouvelle diffusion de l’émission Entre les Lignes à la Cité Festival de la Cité du 11 juillet 2015
  • Alex Capus : "Le Roi d’Olten"

    13 juillet 2016
    Durée: 55:39
    C’est un ensemble de chroniques oltenoises parues dans la presse entre 2002 et 2009. Une époque où le nom d’Alex Capus était inconnu des lecteurs de langue française. Lors de leur publication en recueil en 2011, Anne Cuneo a aimé cette prose emplie d’humour et de tendresse au point de proposer ses services pour la traduction. Heureuse initiative : depuis, l’auteur franco-alémanique s’est imposé en terre francophone (dont la Suisse romande) avec deux romans à succès. On l ‘appelle Toulouse. C’est un chat noir et blanc "qui a ses entrées et ses sorties dans toutes les maisons de la Vieille-Ville, comme s’il était le roi d’Olten". Olten, cité soleuroise où Alex Capus vit depuis son plus jeune âge, port d’attache sur l’Aar vers lequel il revient toujours après ses pérégrinations au long cours. C’est dire que l’écrivain connaît son territoire aussi bien que le chat qui se faufile derrière chaque porte. A travers une vingtaine de brefs récits à l’écriture vagabonde, Capus dessine son itinéraire, à la fois topographique et intime. Au centre de la carte, la gare. Car Olten c’est bien connu est le nœud ferroviaire de la Suisse. Au 19e siècle, ce point nodal a fait de la ville un lieu de ralliement pour une population ouvrière venue des vallées voisines, parfois d’outre-frontière. "Pour devenir un Oltenois de souche, il y a quelque caractéristiques dont il ne faut pas faire preuve. Il faut éviter d’être hautain, de manifester un esprit de caste. Il faut être capable de comprendre la plaisanterie, et parfois la pratiquer". A cette aune-là, Alex Capus est un Oltenois pure souche, lui qui a appris mieux que tout autre concitoyen ce qu’est le mentir vrai. Entre quelques souvenirs liés à ses jeunes années - lorsque l’Aar était le témoin de "toutes les choses importantes de sa vie" - l’écrivain évoque avec humour son travail d’écriture, parfois de faussaire. "Je continue inévitablement à traverser la Vieille-Ville en jurant que tout ce que je raconte est pur mensonge et faux de bout en bout". Invité : Alex Capus Lectures : Frédéric Lugon Musique : Marc Berman (accordéon) Réalisation : Jean-Marie Félix Prise de son : Bastien Moeckli Une nouvelle diffusion de l’émission Entre les Lignes à la Cité Festival de la Cité du 10 juillet 2015
  • François Beuchat : "Les Heures bleues"

    12 juillet 2016
    Durée: 55:48
    François Beuchat, originaire du Jura, est né en 1945. Il a écrit quelque 19000 pages. La plupart dans son lit. Souvenirs, impressions, réflexions: des fragments du roman d'une vie dont la grande aventure est peut-être l'écriture. Dans "Les Heures bleues", publié aux éditions d’autre part, son dernier recueil, celle-ci touche au cœur dès les premières lignes. "Je ne pense pas à mes textes avant de les faire, ils doivent surgir et me surprendre, lorsque je les relis. Ils ont leur douceur, leur néant. Ils sont ce que je vois des choses". François Beuchat est un poète d'une grande élégance, d'une merveilleuse simplicité. Invités : François Beuchat et Pascal Rebetez, éditeur Lecteur : Roland Vouilloz Musique : Svetlana Makarova Réalisation : Jean-Michel Meyer prise de son : Bastien Moeckli Rediffusion de la deuxième émission du Festival de la cité du jeudi 7 juillet 2016
  • Entre les lignes à la Cité

    11 juillet 2016
    Durée: 55:54
    Dans « L'Homme qui avait deux yeux », paru aux Editions Zoé, Matthias Zschokke, écrivain et dramaturge suisse alémanique, décrit d'une plume grinçante et drôle, les déambulations d'un anti-héros que personne jamais ne reconnaît. "L'Homme qui avait deux yeux" n'a ni nom ni prénom. Il jette sur le monde alentour un regard ironique, doux amer. Ses bribes de vies sont parfois comme de petites scènes de théâtre. Matthias Zschokke a obtenu lors de la parution de ce roman en allemand, en 2012, le Prix fédéral de littérature. "Maurice et la poule", prix Femina étranger 2009, avait contribué à le faire connaître des lecteurs de langue française. Invité: Matthias Zschokke Lectures : Jean-Quentin Châtelain Musique : Michel Wintsch Réalisation : Jean-Michel Meyer Prise de son : Bastien Moeckli Rediffusion de la première émission du Festival de la cité du mercredi 6 juillet 2016
  • Tracy Chevalier : "A l’Orée du verger"

    10 juillet 2016
    Durée: 56:12
    Huitième roman de l’auteur de la "Jeune Fille à la perle" Dans "A l’Orée du verger", Tracy Chevalier traverse les Etats-Unis d’est en ouest dans le sillage des chercheurs d’or. Les faits se passent entre 1838 et 1856. Tout commence dans le Black Swamp, une région marécageuse de l’Ohio, où la famille Goodenough tente de s’installer. Cinquante arbres plantés: la terre donnée, tel est le défi. James le père aime les arbres. Les pommiers et les arbres qui donnent des pommes sucrées par-dessus tout. Sadie son épouse, ne jure que par les pommes acides, destinées à l’alambic. Sadie s’ennuie dans la vie et s’évade dans l’alcool… Un jour Robert Goodenough, le benjamin des dix enfants dont cinq survivants, décide d’aller tenter sa chance à l’ouest. Le destin le mènera en Californie, au pied des sequoias géants. La Californie brûlée par deux fièvres : celles de l’or et de la danse. Chevalier est un patronyme suisse. Le grand-père de Tracy quitte Moutier en 1924, son père avait alors 5 ans. Tracy grandit aux Etats-Unis entre Washington DC et l’Ohio. Partie à Londres pour étudier, elle y est restée. Son deuxième roman, "La jeune fille à la perle", traduit dans une quarantaine de langues, a été vendu à plus de quatre millions d’exemplaires, depuis sa parution, en 1999. Par : Marlène Métrailler Lectures : Mercedes Brawand A lire : Tracy Chevalier : "A l’Orée du verger", Editions de La table ronde Une nouvelle diffusion de l’émission du 23 juin 2016
  • Olivier Sillig : "Jiminy Cricket"

    08 juillet 2016
    Durée: 55:50
    Eté 1975. Une communauté installée dans un hameau abandonné de l’Aveyron vit selon les codes libertaires de l’après soixante-huit. Au cœur de cet assemblage humain, un jeune homme sans âge et sans histoire exerce son charme auprès des uns et des autres. On l’appelle Jiminy Cricket. C’est un gamin : tignasse rousse aux boucles légères, peau blanche, sourire enjôleur. Solaire comme un ange bienfaiteur, il s’insinue dans la conscience de chacun des membres de la communauté. Dans chaque lit aussi. Car au sein de cette microsociété des années hippies, la liberté sexuelle est de rigueur. Jiminy en est le ciment. Le drame annoncé dès la première page surviendra lorsqu’un autre ange nommé Gabriel tentera d’imposer au hameau la loi implacable de la spéculation immobilière. Jiminy deviendra alors démon, porteur de mort. Cette histoire est racontée quinze ans après les faits par un Anglais, John. Celui-ci a partagé le quotidien de la communauté jusqu’à sa dislocation, après le drame. Une histoire, comme une fable, qui commence par une panne automobile au bord d’une route estivale. Ce n’est pas pour rien que John évoque à plusieurs reprises Saint-Exupéry. Jiminy Cricket a quelque chose du Petit Prince. Après avoir exploré différents genres littéraires, tels que la science-fiction, le conte ou le roman noir, le Vaudois Olivier Sillig signe là son dixième roman. Un simple récit, autour d’une personnalité des plus complexes. Par Jean-Marie Félix Lectures : Frank Semelet A lire : Olivier Sillig : Jiminy Cricket, Editions de l’Age d’Homme Une nouvelle diffusion de l’émission du 8 décembre 2015
  • Shmuel T. Meyer: "La Bouche ouverte"

    07 juillet 2016
    Durée: 55:44
    Trois familles, l’une juive les deux autres protestantes, lient leur destin à travers un petit livre aux saveurs typiquement genevoises. Shmuel T. Meyer offre là un récit gourmand et sensuel, affirmant un goût prononcé pour la transgression. Certains sont des protestants issus de la Genève réformée, d’autres ont apporté leur tradition ashkénaze en trouvant refuge dans la cité de Calvin. En un siècle et trois générations, une vingtaine de personnages mêlent leur histoire, leurs affects et surtout leurs goûts. Au fil des pages, ils restent tous bouche ouverte : pour déguster, pour embrasser ou pour mieux respirer. Car il y a quelque chose d’étouffant dans cette Genève entravée par ses principes rigoristes. Pour les lecteurs qui connaissent bien la ville coincée entre Jura et Salève, cette suite de fragments constitue un délice aussi savoureux que la longeole, la tarte aux pruneaux ou le gratin de cardons. Tous décrits par le menu. D’autant plus que des saveurs plus lointaines viennent relever ces mets aux appellations très contrôlées. Shmuel T. Meyer est un homme cosmopolite. Israélien né à Paris, il a fait une partie de ses études en Suisse romande, a connu ses premières amours à Genève, a séjourné en Angleterre et en Italie avant de vivre dans un kibboutz. Grand amoureux de Genève, il pourrait faire sienne cette phrase qu’il prête à l’un de ses personnages : J’aime Israël, mais Genève c’est, comment dire… Genève est comme un ventre. Par Jean-Marie Félix Lectures : Viviana Aliberti et Guillaume Prin A lire : Shmuel T. Meyer: La Bouche ouverte, Editions Serge Safran Une nouvelle diffusion de l’émission du 11 novembre 2015
  • Marina Salzmann : "Safran"

    06 juillet 2016
    Durée: 55:50
    Trois ans après un premier recueil de nouvelles, Marina Salzmann confirme son goût pour la prose brève. "Safran", une douzaine de textes aux couleurs de l’étrangeté. C’est un livre qu’on remarque d’abord par sa couverture jaune orangé, comme irradiée. Dans un coin inférieur apparaissent le buste de deux personnages enlacés. Tout autour, comme un champ de blé au creux de l’été, agité par le vent. Fournaise. Cette toile est décrite dans l’une des nouvelles qui compose Safran. L’auteure conclut ainsi : Dans cette lumière d’or qui semble venir de très loin, les corps et les blés sauvages sont tellement confondus qu’ils semblent déjà avoir été dématérialisés. Dématérialisé. Un terme essentiel dans l’œuvre de Marina Salzmann. Au début, le lecteur croit être en terrain connu, celui de la réalité. Quelques lignes plus loin, sans comprendre comment, il entre dans un espace nouveau où les objets du quotidien sont tous réductibles à leur copie. Pâle copie en deux dimensions. Telle cette femme qui, angoissée par sa propre perte, se photocopie elle-même. Dans ce monde parallèle, une inquiétante conclusion s’impose : on ne peut que constater que les mots se sont terriblement éloignés des choses. Ils n’ont presque plus de contact avec la réalité. Les mots pour dire le factice, la disparition et le vide. Pour tenter de conjurer une absence… Il n’y avait plus d’hommes déjà dans le monde. Telle est la sentence qui clôt le recueil de Marina Salzmann. Par Jean-Marie Félix Lectures : Barbara Tobola A lire : Marina Salzmann : Safran, Bernard Campiche Editeur Une nouvelle diffusion de l’émission du 13 octobre 2015
  • Daniel Maggetti : "La Veuve à l’enfant"

    05 juillet 2016
    Durée: 55:58
    Au 19e siècle, dans la région des Centovalli, une petite communauté villageoise vit dans le secret d’une sombre histoire de meurtre et de brigandage survenue des décennies auparavant. Un prêtre piémontais tombé en disgrâce y est envoyé pour s’occuper de ses nouvelles ouailles. Peu à peu, il parviendra à élucider cette affaire grâce aux confidences de sa servante et aux révélations du registre paroissial. Daniel Maggetti est né et a passé son enfance au Tessin, région qu’il évoque régulièrement dans son œuvre littéraire. Ses livres portent la trace de la langue des origines, matinée de dialecte. C’était le cas des Créatures du Bon Dieu, roman de formation dans lequel l’auteur évoquait une enfance illuminée par un homme d’Eglise aux idées généreuses et libérales. C’est dans ce même Tessin aux cent vallées, à l’ombre de la montagne qui hurle, que l‘auteur situe son dernier récit. Mais à une époque plus reculée, le 19e siècle. Là aussi, on trouve la figure d’un prêtre compatissant et généreux. Don Tommaso est piémontais, il aime les arts et la beauté, celle qui se dégage de la sculpture baroque ou d’un visage adolescent… Disgracié, il est envoyé en pénitence dans un misérable village tessinois. Jour après jour, sa vieille servante Anna Maria se confiera à lui. Elle lui révélera les dessous d’une sombre histoire qui a secoué la région cinquante ans plus tôt. Histoire à laquelle était mêlé le seul homme qu’elle ait jamais aimé. Lorsqu’il était enfant, Daniel Maggetti a entendu l’histoire d’Anna Maria, figure historique. Aujourd’hui il en fait un personnage de fiction, énigmatique, d’une formidable dignité. A travers le récit de cette veuve à l’enfant, se dessine une société patriarcale marquée par la pauvreté et souvent contrainte à l’exil pour survivre. On se souvient alors que, en ce temps-là, la Suisse était un pays d’émigration… Par Jean-Marie Félix Lectures : Frédéric Lugon A lire : Daniel Maggetti : La Veuve à l’enfant, Editions Zoé Une nouvelle diffusion de l’émission du 29 septembre 2015
  • Nicolas Verdan : "Le Mur grec"

    04 juillet 2016
    Durée: 55:57
    En 2011, les autorités grecques engageaient plusieurs millions d’euros pour édifier un mur de barbelés destiné à interrompre les flux migratoires le long de la frontière turque. Quatre ans plus tard, Nicolas Verdan situe son dernier roman, très noir, dans ce théâtre du réel où se déroule chaque jour une tragédie humaine de grande ampleur. C’est une histoire sombre qui se passe dans la partie septentrionale de la Grèce. Là où s’écoule l’Evros, frontière naturelle séparant le pays de la Turquie voisine. Chaque jour, au creux d’un coude que forme le fleuve, des centaines de migrants tentent de pénétrer illégalement dans l’espace Schengen sous le regard impuissant des gardes-frontière grecs et européens. Après avoir enquêté sur le terrain, Nicolas Verdan a réalisé plusieurs reportages pour la presse puis a transformé ce matériau en fiction romanesque. Roman noir, à l’image de la crise que la Grèce traverse depuis la débâcle financière. Une tête coupée retrouvée près d’un bordel, un réseau de prostitution de grande ampleur, l’implication des gardes-frontière européens de Frontex, la corruption aux plus hauts degrés de l’Etat… l’agent Evangelos des services secrets aura du mal à élucider cette affaire qui n’a rien d’un fait divers. "Le Mur grec", un roman multiple au souffle tragique. S’y dessine une cartographie sociale et humaine de la Grèce d’aujourd’hui, porté par des personnages empêtrés dans leur crise intime. Par Jean-Marie Félix Lectures : Mauro Bellucci A lire : Nicolas Verdan : "Le Mur grec", Bernard Campiche Editeur Une nouvelle diffusion de l’émission du mardi 8 septembre 2015
  • Marie Darrieussecq: "Etre ici est une splendeur. Vie de Paula Modersohn-Becker"

    03 juillet 2016
    Durée: 56:18
    Paula Mordersohn-Becker, peintre expressionniste allemande, sort de l’oubli grâce à une exposition à Paris et à un texte à la fois littéraire et biographique. Marie Darrieussecq fait un portrait sensible de l’artiste et l’inscrit dans une Allemagne encore innocente. Paula Mordersohn-Becker est morte en 1907 à l’âge de 31 ans des suites d’une embolie pulmonaire, laissant derrière elle une enfant de dix-huit jours, des centaines de toiles et des milliers de dessins. Des lettres et un journal aussi, qui ont permis à Marie Darrieussecq d’approcher une femme qui fut l’amie de Rilke et l’épouse peu enthousiaste d’Otto Mordersohn. Paula M. Becker vécut à Worpswede, village du land de Basse-Saxe où s’était installée une colonie d’artistes dès la fin du XIXe siècle. Mais c’est Paris qui la fascinait et qui lui rend enfin hommage grâce à ce livre fulgurant et à une exposition au Musée d’art moderne. Par Anik Schuin Lectures : Barbara Tobola A lire : Marie Darrieussecq : "Etre ici est une splendeur. Vie de Paula Modersohn-Becker", Editions P.O.L. A voir: "Paula Mordersohn-Becker, l’Intensité d’un regard" : Paris, Musée d’art moderne, du 8 avril au 21 août 2016 Une nouvelle diffusion de l’émission du mercredi 16 mars 2016
  • Agnès Vannouvong: "Dans la jungle"

    30 juin 2016
    Durée: 55:46
    A 50 ans, larguer les amarres pour faire un deuil… … mettre le cap sur la jungle, où braver la mort et renouer avec son origine. La boucle est bouclée. Elle s’appelle May. Elle a passé sa vie, en France. Elle s’est mariée. Elle a mis au monde ses enfants, en France. Mais rien n’a jamais pu effacer le sentiment de solitude qui l’habite. "Elle s’était habituée à cette solitude intérieure, tenable et intolérable". Seule, absente et résignée. Jusqu’à ce début d’année funeste. Jusqu’à l’annonce de la mort accidentelle de Stéphane, le collègue, le voisin, l’ami, le seul ami de toujours. Chez lui, Stéphane - une solitude lui aussi - avait laissé un mot. May hérite de sa maison et d’un pactole imprévu. C’est décidé. May vend tout. Met le cap sur le "triangle d’or", niché aux confins de la Thaïlande, du Laos et de la Birmanie. Pour retrouver à la fois, la dernière trace de l’ami perdu et le premier souffle de sa vie. C’est un coup double. Et c’est aussi ce que May considèrera comme "une bonne décision". Agnès Vannouvong a une dizaine d’années de moins que May. Comme son personnage, elle a aussi des origines asiatiques. D’une plume sensuelle, elle fait de son texte une expédition sensible et privilégiée. Par Marlène Métrailler Lectures : Viviana Aliberti A lire : Agnès Vannouvong : "Dans la jungle", Editions Mercure de France Une nouvelle diffusion de l’émission du mercredi 13 avril 2016
  • Harry Koumrouyan: "Un si dangereux silence"

    29 juin 2016
    Durée: 55:41
    Harry Koumrouyan nous entraîne sur les traces d’une lignée arménienne, de l’empire ottoman à New-York en passant par Genève. Identité, mémoire, secrets de famille, le roman évoque le poids de l’histoire qui peut paralyser les êtres. Joseph a 18 ans et il porte le nom de son père, Landolt. De sa famille maternelle, il ignore presque tout. Les Simonian, réfugiés en Suisse, sont des rescapés du génocide arménien commis dans l’empire ottoman. Peut-on échapper à son histoire familiale et à ses racines ? Joseph veut se défaire de cette Arménie qui vient le hanter depuis la mort de son grand-père Aram et laisser la tragédie pour ne vivre que le présent dont il joue la partition sur son violoncelle. Jusqu’au jour où, sur scène et devant un public qui l’applaudit, il devient Joseph Simonian. Un premier roman riche en péripéties et en géographie intime. Par Anik Schuin Lectures : Guillaume Prin A lire : Harry Koumrouyan : "Un si dangereux silence", Editions de L’Aire Une nouvelle diffusion du mercredi 9 mars 2016
  • Lyonel Trouillot: "Kannjawou"

    28 juin 2016
    Durée: 55:54
    Le romancier et poète haïtien dénonce la situation de son pays. Le destin de cinq jeunes gens, partagés entre désillusion et colère. Ils se sont connus tout petits, et ils ont aujourd'hui vingt-cinq ans. Joëlle, Sophonie, Wodné, Popol et le narrateur vivent toujours dans la rue de l'Enterrement, dans un quartier pauvre. Ils ont milités, étudiés, ils voulaient un avenir pour eux et leur pays, mais quelle est la réalité aujourd'hui? Les deux filles sont serveuses au bar le Kannjawou, les garçons vont les rejoindre là-bas le soir à la fin de leur service. Là, dans une ambiance de fête factice, vient s'encanailler le personnel de ce que Lyonel Trouillot appelle l'Occupation, militaires de l'ONU et personnel des ONG. Le narrateur consigne le quotidien dans son journal, s'interroge, discute sans fin avec le "petit professeur", celui qui apporte des livres aux enfants de la rue de l'Enterrement. Comment continuer à espérer? Dans une phrase chargée d'émotion, Lyonel Trouillot a su donner voix à ces jeunes gens, amoureux éternels et victimes muettes d'une situation politique qui les broie. Par Sylvie Tanette Lectures : Erik Desfosses A lire : Lyonel Trouillot: "Kannjawou", Editions Actes Sud Une nouvelle diffusion du mardi 26 janvier 2015
  • Diane de Margerie: "Mon éventail japonais"

    27 juin 2016
    Durée: 55:39
    C’est dans un salon asiatique parisien que Diane de Margerie nous accueille pour évoquer deux livres qui disent son amour du Japon et de l’Asie en général. Raconter l’Asie de Diane de Margerie et de ses parents, c’est raconter une aventure de vie qui traverse le XXe siècle. Traductrice et écrivain, Diane de Margerie a vécu son adolescence en Chine mais elle tient son amour du Japon de ses lectures d’enfance, au fond de la Beauce, où elle dévora plus de soixante classiques japonais (dont Mishima et Kawabata, ses préférés). C’est aussi le Japon ancien et son esthétique qu’elle apprécie, de la sourde révolte qu’on devine chez les femmes de la cour dans "Le Dits du Genji de Sei Shonagon", à l’esthétique et à la symbolique des estampes, des haikus et des éventails. Par David Collin A lire : Diane de Margerie: "Mon éventail japonais", Editions Philippe Rey Diane de Margerie: "De la grenouille au papillon", Editions Arléa Une nouvelle diffusion de l’émission du lundi 16 mai 2016
  • Catherine Poulain: "Le Grand marin"

    26 juin 2016
    Durée: 56:12
    A peine son bac en poche, Catherine Poulain est partie visiter le vaste monde et s'est retrouvée en train de pêcher le flétan en Alaska. Aujourd'hui, bergère dans les Alpes de Hautes Provence, elle raconte. Son récit a enflammé critiques, libraires et lecteurs. Aujourd'hui, Catherine Poulain accumule les prix et les honneurs. On avait probablement besoin, dans la littérature française actuelle, d'un texte qui se passe ailleurs qu'à Paris. Catherine Poulain, qui nous fait partager les épouvantables conditions de vie des pêcheurs de l'Atlantique nord, a comblé un vide. Qu'on ne s'y trompe pourtant pas: elle n'a pas écrit un récit seulement remarquable pour sa valeur documentaire. Catherine Poulain est bien l'auteure d'un roman et la valeur littéraire de son texte tient en grande partie à ses personnages. Cette jeune Lili, qui fuit on ne sait pas quoi, et le Grand Marin dont elle tombe amoureuse. Par Sylvie Tanette Lectures : Heidi Kipfer A lire : Catherine Poulain: "Le Grand marin", Editions de l’Olivier Une nouvelle diffusion de l’émission du mardi 21 juin 2016
  • Tracy Chevalier : "A l’Orée du verger"

    23 juin 2016
    Durée: 55:45
    Huitième roman de l’auteur de la "Jeune Fille à la perle". Dans "A l’Orée du verger", Tracy Chevalier traverse les Etats-Unis d’est en ouest dans le sillage des chercheurs d’or. Les faits se passent entre 1838 et 1856. Tout commence dans le Black Swamp, une région marécageuse de l’Ohio, où la famille Goodenough tente de s’installer. Cinquante arbres plantés: la terre donnée, tel est le défi. James le père aime les arbres. Les pommiers et les arbres qui donnent des pommes sucrées par-dessus tout. Sadie son épouse, ne jure que par les pommes acides, destinées à l’alambic. Sadie s’ennuie dans la vie et s’évade dans l’alcool… Un jour Robert Goodenough, le benjamin des dix enfants dont cinq survivants, décide d’aller tenter sa chance à l’ouest. Le destin le mènera en Californie, au pied des sequoias géants. La Californie brûlée par deux fièvres : celles de l’or et de la danse. Chevalier est un patronyme suisse. Le grand-père de Tracy quitte Moutier en 1924, son père avait alors 5 ans. Tracy grandit aux Etats-Unis entre Washington DC et l’Ohio. Partie à Londres pour étudier, elle y est restée. Son deuxième roman, « La jeune fille à la perle », traduit dans une quarantaine de langues, a été vendu à plus de quatre millions d’exemplaires, depuis sa parution, en 1999. Par : Marlène Métrailler Lectures : Mercedes Brawand A lire : Tracy Chevalier : "A l’Orée du verger", Editions de La table ronde
  • Catherine Poulain: "Le Grand marin"

    21 juin 2016
    Durée: 55:49
    A peine son bac en poche, Catherine Poulain est partie visiter le vaste monde et s'est retrouvée en train de pêcher le flétan en Alaska. Aujourd'hui, bergère dans les Alpes de Hautes Provence, elle raconte. Son récit a enflammé critiques, libraires et lecteurs. Aujourd'hui, Catherine Poulain accumule les prix et les honneurs. On avait probablement besoin, dans la littérature française actuelle, d'un texte qui se passe ailleurs qu'à Paris. Catherine Poulain, qui nous fait partager les épouvantables conditions de vie des pêcheurs de l'Atlantique nord, a comblé un vide. Qu'on ne s'y trompe pourtant pas: elle n'a pas écrit un récit seulement remarquable pour sa valeur documentaire. Catherine Poulain est bien l'auteure d'un roman et la valeur littéraire de son texte tient en grande partie à ses personnages. Cette jeune Lili, qui fuit on ne sait pas quoi, et le Grand Marin dont elle tombe amoureuse. Par Sylvie Tanette Lectures : Heidi Kipfer A lire : Catherine Poulain : "Le Grand marin", Editions de l’Olivier
  • Jean-Philippe de Tonnac : "Azyme"

    20 juin 2016
    Durée: 55:51
    Romancier, journaliste, essayiste, éditeur, Jean-Philippe de Tonnac s’est intéressé à la magie du pain. Il en fait ici un roman. Aux origines. "Azyme", c’est le pain premier, celui qu’on partage, de la première cène, travaillé dans l’ombre par les femmes. Adaptant son écriture au fil des projets, des enquêtes, du livre d’entretien ou du roman, Jean-Philippe de Tonnac retrouve sur sa route des figures qui cherchent le sens, tels René Daumal, Henri Michaux, à la frontière entre littérature et recherche plus intériorisée. Poser la question de la mort, dans plusieurs ouvrages, c’était aussi poser la question du sens, des rituels qui répondent à nos questions, qui aident à donner sens. Dans "Azyme", on revient à la littérature, tout en restant dans un univers spirituel, en marge de la vie du Christ; la littérature, le lieu où Jean-Philippe de Tonnac a toujours voulu naître. Parmi ses modèles: Julien Gracq, Virginia Woolf, Kafka, Rilke. "Azyme" raconte le dernier repas de Jésus, vu dans le regard des femmes qui préparent le pain de la Cène. Par David Collin A lire : Jean-Philippe de Tonnac : "Azyme", Editions Actes Sud
  • "Allegra", Philippe Rahmy sort son premier roman

    19 juin 2016
    Durée: 56:23
    Abel est un homme encore jeune à qui tout devait sourire, mais les effondrements se succèdent. Il perd son job de trader, sa femme le largue et l’empêche de voir leur petite fille Allegra et son mentor et ami le fait chanter. Désormais seul dans la ville de Londres qui se prépare aux Jeux Olympiques, il erre en ruminant ses pensées, oscillant entre le découragement et l’envie de se redresser. Quelle tournure parviendra-t-il à donner à son destin ? Philippe Rahmy suit son personnage à travers les rues d’une ville accablée par la chaleur de cet été 2012 et les manifestations d’une société épuisée par la mondialisation, la crainte des attentats, l’arrivée massive des réfugiés... Par Anik Schuin : Lectures : Frank Semelet A lire : Philippe Rahmy : "Allegra", Editions de La Table Ronde Une nouvelle diffusion de l'émission du mardi 7 juin 2016
  • Anne Goscinny: "Le Sommeil le plus doux"

    16 juin 2016
    Durée: 55:41
    Après "Le bruit des clés", une lettre bouleversante adressée à son père René… … Anne Goscinny prend tendrement congé de Gilberte, sa mère, dans une fiction teintée de vécu. Elégant et émouvant… Tout commence comme un road book - un livre de voyage, ou mieux un voyage romanesque (?) - dans un avion. La journée d’un 24 décembre. Une fille et sa mère flanquées d’une grand-mère un peu absente mais « très Mary Poppins » débarquent à Nice. Retour aux sources pour la mère née à Nice. Humer l’air iodé et s’enivrer du parfum des palmiers une dernière fois. La mère souffre d’un cancer en phase terminale. Trois jours gagnés contre la mort. Une dernière virée entre filles pour la défier. Jeanne la fille a 25 ans. Elle est en guerre. Elle n’a jamais eu l’occasion de digérer la mort soudaine du père adulé. La maladie avait déjà ciblé sa mère avant. Le cancer mettra encore une quinzaine d’années pour l’emporter. La grand-mère ? Elle promène sa petite fille entre l’Ukraine des Pogroms et la France d’aujourd’hui. Elle est la source du sang juif qui coule dans les veines de Jeanne. Cela n’est jamais anodin. Il y aura encore Gabriel. Un deuxième narrateur pour revenir sur ce réveillon funeste, trente ans après les faits. Un mystérieux narrateur qui va faire de Jeanne une femme. Et surtout permettre à Anne Goscinny, "Fille d’un cancer et d’un infarctus" de bâtir un roman complexe, haletant et minutieux, où noyer le vécu dans la fiction. Simplement parce que "les mots choisis font reculer la réalité". Par Marlène Métrailler Lectures : Stéphanie Kohler A lire : Anne Goscinny : "Le Sommeil le plus doux", Editions Grasset
  • Thomas Sandoz : "Croix de bois, croix de fer"

    15 juin 2016
    Durée: 55:46
    Invité à un colloque évangélique en hommage à son frère disparu, un homme se remémore leurs années de jeunesse et des parents aveuglés par la foi. Thomas Sandoz décrit avec finesse la poussière d’un vieil hôtel, les contradictions de l’évangélisation et des relations fraternelles délétères. Tout se passe au Spa Hôtel, dans un huis clos qui sent le macramé et la galette macrobiotique. Une assemblée conquise d’avance, attend du narrateur un exposé, hymne à son frère prédicateur, emblème d’une foi qui se nourrit d’elle-même. Mais voilà, l’homme appelé à témoigner ne l’entend pas de cette oreille et se souvient que l’amour du prochain chez son frère avait peu à peu pris la forme d’une machine de guerre. Par Anik Schuin Lectures : Georges Grbic A lire : Thomas Sandoz : "Croix de bois, croix de fer", Editions Grasset