Richard Strauss (1864-1949), compositeur allemand. [Roger-Viollet/AFP]

Richard Strauss, le chevalier énigmatique VIII (3/5)

Quinze opéras, plus de 200 lieder, une dizaine de poèmes symphoniques, des concertos et une musique de chambre non négligeable: avec un musicien de cette envergure, nous nous embarquons pour une traversée de longue durée. Bienvenue à bord!

Né il y a tout juste cent cinquante ans, le 11 juin 1864 à Munich, Richard Strauss meurt dans sa quatre-vingt-sixième année, le 9 septembre 1949, à Garmisch en Haute-Bavière, au terme d’une longue et très riche carrière de compositeur, mais aussi de chef d’orchestre.
Quatre ans avant lui, en 1860, Gustav Mahler naissait dans un petit village de Bohême. En 1862, Claude Debussy ouvrait les yeux sur le ciel d’Île-de-France, à Saint-Germain-en-Laye. Et quand Strauss aura dix ans, et qu’il aura déjà noirci bien des cahiers de musique de maintes compositions de prime jeunesse, Arnold Schoenberg naîtra à Vienne. Mahler-Debussy-Schoenberg: tous trois, et quelques autres, ont, comme l’on sait, sapé les fondements de la musique tonale et posé ceux de la modernité. Mais Strauss? Après des débuts aussi modernistes que fracassants, il se "range" dès 1911 avec "Le chevalier à la rose". Et que dire de l’homme et du musicien, tout à la fois dedans/dehors durant les tragiques années d’occupation nazie?

Son biographe Dominique Jameux le rappelle par ailleurs: Strauss naît moins de dix ans après la mort de Robert Schumann et meurt au moment où la musique concrète fait ses premiers pas. C’est un contemporain de Brahms et de Stockhausen, du Berlioz des Mémoires et du Boulez du "Soleil des eaux". Entre les deux, presque un siècle de musique occidentale, et celui qui vit les bouleversements les plus grands du langage. Strauss en fut-il un des acteurs? Un spectateur? Nous tenterons d’y répondre…
Son autre biographe, Michael Kennedy écrit: "Qu’on le veuille ou non, l’auteur de "Don Juan", de "Salomé", du "Chevalier à la rose" ou des "Quatre derniers lieder" apparaît bien comme l’un des géants musicaux de son temps. L’inspiration ne lui fit presque jamais défaut au cours des soixante-huit années qu’il consacra à la composition, une longévité créatrice jalonnée de chefs-d’œuvre à jamais inscrits au répertoire."

À lire:
- Michael Kennedy, "Richard Strauss", Fayard, 2001
- Dominique Jameux, "Richard Strauss", Seuil/Solfèges, 1971
- Antoine Goléa, "Richard Strauss", Flammarion, 1965
- André Tubeuf, "Richard Strauss", un voyageur et son ombre, Actes Sud, 2004
Richard Strauss, le chevalier énigmatique VIII (3/5)