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Le pavillon français de la Biennale de Venise transformé en studio

Le studio d'enregistrement dans le pavillion français de la 57e Biennale de Venise. [DPA/AFP - Felix Hörnhager]
57e Biennale de Venise: le pavillon français transformé en studio dʹenregistrement international! / Nectar / 55 min. / le 25 mai 2017
Cette année, le pavillon français de la Biennale de Venise a été totalement métamorphosé par l'artiste Xavier Veilhan qui en a fait un véritable studio d'enregistrement. Décryptage.

Le pavillon français, dans les Jardins de la Biennale, est un pavillon néoclassique, dessiné par un ingénieur vénitien, Faust Fenzi en 1912. Avec de grosses colonnes à l'entrée, son péristyle en demi-lune, sa verrière centrale. Imposant. Presque autant que le pavillon anglais ou allemand qui lui tiennent compagnie.

Tout l'intérieur est réaménagé, les circulations sont modifiées. C'est très beau, tout en bois clair. Plus de verrière. Sols, murs et plafonds accueillent de gros blocs irréguliers qui réfléchissent le son et créent un écrin sonore et visuel pour toutes sortes d'instruments bizarres, des percussions, des orgues électriques déjà antiques.

Du sol, émergent même des instruments géants, instruments à cordes réalisés par l'artiste. On se croirait dans le ventre d’une contrebasse un peu folle, sortie d'un tableau cubiste.

Un studio d'enregistrement

Derrière une vitre, des ingénieurs travaillent en régie. C'est un "work in progress" pour parler français. Un lieu où tous les jours, des musiciens italiens, européens, français ou américains viendront travailler à tour de rôle. Enregistrer, essayer des choses ensemble. Le travail en commun, c'est ce qui plaît à Xavier Veilhan.

Né en 1963 à Lyon, sculpteur, Xavier Veilhan est l'auteur d'immenses installations. Il possède un très beau sens des volumes et des espaces. Il avait créé une installation incroyable, au MAMCO de Genève, en 1998. "La Forêt". Sol et murs recouverts de feutre gris-marron. Et de gros cylindres de feutre pour figurer les troncs d'arbre. Le son y était totalement amorti. On se sentait comme le petit chaperon rouge, à l'intérieur. On retrouve cette magie dans l'étrange architecture de son studio d'enregistrement.

À Venise, il a choisi de collaborer avec deux Suisses pour cette métamorphose du pavillon français: Lionel Bovier, qui dirige actuellement le MAMCO de Genève et Christian Marclay, musicien et performeur venu du monde des arts visuels, grand explorateur du son et de toutes les dimensions – sociales, financières, esthétiques – de la musique.

Dépasser les frontières de l'art

À eux trois, ils ont pensé le projet, imaginé les espaces, consulté des acousticiens, contacté des musiciens venus de toute l'Europe, d'Italie en particulier, de France, d'Angleterre et même des Etats-Unis. Tout cela pour casser un brin cette idée – un rien obsolète – des "représentations nationales". Et dépasser largement les frontières de l'art.

Brian Eno, Air, My Cat Is An Alien, rock, pop, expérimentale, classique, la musique sera de toutes les couleurs au cœur du pavillon.

Chaque musicien ou ensemble repartira avec son enregistrement, poursuivra l'aventure ailleurs ou parviendra à un résultat que les artistes espèrent novateur. Les séjours étant courts, de 2 à 3 jours, les 100 musiciens invités auront peut-être des choses à se dire, de nouvelles passerelles à créer.

Martine Béguin/aq

>>Biennale de Venise, à voir jusqu'au 26 novembre 2017

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